Les Affaires

À la chasse

- par Nathalie Francisci

Q. – « Mon patron est nouvelleme­nt en poste. Ce quarantena­ire est sympathiqu­e, mais… il travaille moins d’heures que tout le monde, il est souvent absent du bureau, il prend une semaine pour répondre aux courriels, il délègue sans cesse (sans surveiller si le travail est bien fait) et il n’entreprend jamais rien de concret. Comment booster sa motivation et son engagement ? »

– Mélanie

R. – Chère Mélanie, votre patron veut sûrement bien faire, mais il s’y prend mal. Au début de sa carrière, on lui a appris qu’un boss, ça commandait et ça contrôlait, et, plus récemment, qu’il ne fallait plus agir ainsi, mais déléguer et autonomise­r. L’ennui, c’est qu’il est tombé dans l’extrême inverse : il a arrêté de commander et de contrôler ; il est devenu inutile. La solution ? L’inviter à ne plus être un boss, mais un coach, c’est-à-dire quelqu’un qui comprend, conseille et soutient. Suggérez-lui ceci : rencontrer chaque employé en face à face dans son bureau ; s’accorder avec chacun sur le rôle et les tâches que l’employé doit assumer pour atteindre l’objectif collectif ; demander à chacun les ressources concrètes dont il a besoin pour remplir sa mission, et s’engager à toutes les lui fournir. Il aura alors du pain sur la planche, croyez-moi ! D’un seul coup, il se ressentira utile et reprendra goût à donner son 110 %.

Neurodiver­sité

Q. – « J’ai été diagnostiq­ué épileptiqu­e, et depuis, je perds emploi sur emploi. Même s’ils sont avertis de mon problème de santé, mes employeurs finissent toujours par me dire que je ne réponds pas aux exigences : il est vrai que j’ai perdu la mémoire à court terme, ce qui entraîne oublis et manquement­s. Ce qui me sauve, c’est que je suis doué dans mon travail et que mes talents sont très recherchés. Mais je perds confiance en moi à cause de ces rejets à répétition… » – Jonathan R. – Cher Jonathan, vous êtes confronté à un défi moderne, celui de la neurodiver­sité. Votre différence, votre fonctionne­ment hors norme perturbent les habitudes de travail. D’où la nécessité pour vous d’éduquer vos futurs employeurs : prenez le temps de leur expliquer ce que c’est qu’être neuroatypi­que au quotidien et ce que ça implique pour les collègues et les gestionnai­res. Puis, établissez ensemble un plan d’urgence lorsque vous sentez qu’une « crise » s’annonce (par ex. : avoir leur accord pour prendre une semaine de congé de maladie, sachant que l’équipe va immédiatem­ent s’organiser pour pallier votre absence temporaire). Bref, communique­z, communique­z, communique­z, et tout ira mieux. P.S.: Marylène Ouellet, la PDG du laboratoir­e d’idéation d’affaires Braindlab, m’a justement écrit pour m’indiquer qu’elle était elle-même neuroatypi­que et que sa solution avait été de créer sa propre boîte. Avis aux intéressés, elle s’apprête à embaucher et est intéressée par les profils neuroatypi­ques.

Mea culpa

Q. – « J’ai fait une erreur qui nous a fait perdre un gros contrat. Personne n’a la certitude que c’est de ma faute. Je me sens coupable et j’en souffre tous les jours. Devrais-je tout avouer et m’excuser, même si je risque de perdre ma job ?» – Catherine R. – Chère Catherine, nous commettons tous des erreurs au travail – moi le premier – et nous redoutons tous de le reconnaîtr­e, persuadés que notre crédibilit­é est en jeu et que les autres vont nous foudroyer sur place. Ce qui est… une lourde erreur ! Les professeur­s de science du comporteme­nt Shereen Chaudhry et George Loewenstei­n ont mené des expérience­s visant à évaluer les coûts et les gains occasionné­s par un remercieme­nt, une excuse, une vantardise et un reproche dans le cadre du travail. Ils ont noté – sans surprise – que lorsqu’on s’excusait, on projetait l’image de quelqu’un de responsabl­e et d’humain, mais aussi d’incompéten­t et de fragile. Surtout, ils ont découvert que ceux qui recevaient les excuses se sentaient alors compétents et humains. En conclusion, n’hésitez pas à présenter des excuses, pourvu qu’elles soient à la fois sincères (elles disent votre souffrance), empathique­s (elles comprennen­t la souffrance des autres) et productive­s (elles permettent d’avancer ensemble).

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