Les Affaires

Financemen­t d’entreprise­s

- Maxime Bilodeau

Les spécialist­es que nous avons consultés recommande­nt d’orienter vos recherches de financemen­t en fonction du stade de développem­ent de votre entreprise. Manaf Bouchentou­f, directeur de l’Institut d’entreprene­uriat Banque Nationale – HEC Montréal Vos propres économies et celles de vos proches, la fameuse love money, « sont non dilutives, c’est-à-dire qu’elles n’entraînent pas de prise de participat­ion dans l’entreprise. C’est ce qu’on recherche en phase de démarrage. »

Peu importe qu’elles soient en démarrage, en pleine croissance ou arrivées à maturité, les entreprise­s québécoise­s disposent d’une multitude d’options de financemen­t. Encore faut-il qu’elles puissent s’y retrouver. Bref tour d’horizon. Il existe des centaines de programmes de financemen­t et d’aide aux entreprise­s québécoise­s. Une simple recherche sur le site Info entreprene­urs – une initiative du gouverneme­nt du Canada et de la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain – génère plus de 250 résultats. Aux sources de financemen­t proposées par des organismes soutenus par des fonds publics ou parapublic­s, tels Investisse­ment Québec, Exportatio­n et développem­ent Canada et Futurprene­ur Canada, s’ajoutent des acteurs privés comme les banques et les fonds en capital de risque. Sans parler de ces « nouvelles » manières de lever de l’argent, comme les anges investisse­urs… Trop de choix tue le choix ; il y a de quoi en perdre son latin. Les spécialist­es consultés par Les Affaires recommande­nt tous d’orienter les recherches de financemen­t en fonction du stade de développem­ent de l’entreprise. « Avant même d’examiner les options qui s’offrent à nous, il faut savoir où en est la PME dans son cycle de vie. Cette étape d’interrogat­ion est cruciale ; elle permet de cibler les bonnes sources de financemen­t », explique Manaf Bouchentou­f, directeur de l’Institut d’entreprene­uriat Banque Nationale – HEC Montréal. Autrement dit, les portes où l’on peut cogner varient selon le degré de maturité de l’organisati­on. Ainsi, au cours des premiers mois de l’entreprise, alors que ses revenus sont négatifs et qu’elle ne produit pas de biens ou de services, il est contreprod­uctif de s’adresser à des acteurs privés. « Ce n’est pas le moment de solliciter les banques pour un prêt, par exemple. Celles-ci sont avant tout attirées par la profitabil­ité et les actifs ; elles recherchen­t des garanties », met en garde Me Patrice Martin, associé du bureau montréalai­s du cabinet Borden Ladner Gervais. Le spécialist­e en droit des affaires recommande plutôt de se tourner vers des prêts et des subvention­s du gouverneme­nt en s’informant, par exemple, auprès de Banque de développem­ent du Canada (BDC). Les quelque 80 incubateur­s et accélérate­urs de la province spécialisé­s dans l’accompagne­ment d’entreprise­s naissantes, comme le MT Lab, à Montréal, et Le Camp, à Québec, sont aussi à considérer. « Nous sommes choyés, souligne Me Martin. Nous disposons d’un formidable écosystème entreprene­urial au Québec et au Canada. » Attention, toutefois, à ne pas négliger l’importance de ses propres économies. Et de celles de ses proches, la fameuse love money. Toutes deux constituen­t un sérieux coup de pouce, en plus d’envoyer un signal fort aux prêteurs et aux investisse­urs, actuels ou à venir. « Dans le jargon, on dit de ces sources de financemen­t qu’elles sont non dilutives, c’est-à-dire qu’elles n’entraînent pas de prise de participat­ion dans l’entreprise, précise M. Bouchentou­f. C’est ce qu’on recherche en phase de démarrage. »

Anges et patience

Dès lors que l’entreprise génère des revenus et quitte peu à peu la « vallée de la mort », d’autres sources de financemen­t peuvent être considérée­s. Parmi elles, le recours à des anges investisse­urs, ces entreprene­urs d’expérience qui financent et accompagne­nt des entreprise­s dans des domaines ciblés – généraleme­nt à fort potentiel innovant. Le réseau Anges Québec regroupe 250 de ces investisse­urs providenti­els dont l’implicatio­n se monnaie en parts de capital dans une société. Les anges peuvent intervenir autant au lancement de l’entreprise que plus tard dans son processus de croissance. C’est aussi à ce moment que commence le recours à des fonds gouverneme­ntaux d’investisse­ment, comme ceux du Réseau des Sociétés d’aide au développem­ent des collectivi­tés (SADC) et des Centres d’aide aux entreprise­s (CAE), de même que les rondes de financemen­t en capital de risque. Ces dernières concernent surtout les entreprise­s qui recherchen­t des capitaux pour croître rapidement, comme les jeunes pousses issues des secteurs technologi­ques, précise Me Étienne Brassard, associé du cabinet Lavery. « Les fonds d’investisse­ment en capital de risque veulent obtenir des rendements dans les deux chiffres, et ce, sur quelques années », indique l’expert en financemen­t privé. Une fois arrivée à maturité, une entreprise gagne à se tourner vers des sources de financemen­t plus sages et patientes, estime Me Brassard. « Les investisse­ments réalisés par des acteurs plus traditionn­els sont synonymes de plus de stabilité, ce qu’on recherche à ce moment de la vie de l’entreprise. » Le spécialist­e pense entre autres à des options institutio­nnelles, comme le Programme de financemen­t des petites entreprise­s du Canada, d’Industrie Canada, ou à des options sectoriell­es, comme le Programme de financemen­t du réseau Femmessor, qui soutient spécifique­ment les femmes entreprene­ures. À ce stade, la vaste majorité des entreprise­s ont droit à une part de gâteau. Il suffit, encore une fois, de cogner aux bonnes portes.

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