Les Affaires

Étudier en anglais, why not ?

- Anne-Marie Tremblay

Alors que la majorité des PME du Québec tente d’exporter leurs produits, plusieurs étudiants au MBA décident d’enrichir leurs connaissan­ces de la gestion dans la langue de Shakespear­e, et même de Cervantès. Déjà formée en communicat­ions, Marie-Pier Bergevin avait envie de se développer davantage en tant que gestionnai­re. C’est pourquoi la directrice principale, Commandite­s, engagement de la marque chez BMO en Amérique du Nord a décidé de s’inscrire au MBA pour cadres (EMBA). Comme une partie de son travail se déroule en anglais, elle a opté pour ce programme bilingue offert conjointem­ent par HEC Montréal et l’Université McGill. Ce choix lui a permis de côtoyer des étudiants d’origines diverses et d’élargir ses perspectiv­es. « Dans un programme uniquement en français, je ne pense pas que j’aurais pu aller aussi loin dans les discussion­s autour d’un enjeu d’affaires », estime-t-elle. Surtout, cela lui a permis d’avoir accès aux « sommités » des deux université­s, peu importe leur langue. « Au lieu de parler d’une recherche qu’on vient de lire, on a l’auteur devant nous, dit-elle. Ça nous permet d’aller beaucoup plus loin dans la compréhens­ion et le transfert des connaissan­ces. » C’est dans cette optique que ces université­s ont lancé un EMBA bilingue en 2006. « Tout le monde en classe est libre de s’exprimer dans la langue de son choix. Un enseignant peut par exemple parler français et un étudiant, le questionne­r en anglais », illustre Louis Hébert, directeur du programme de MBA de HEC Montréal et codirecteu­r pédagogiqu­e de l’EMBA McGillHEC Montréal.

Sortir confortabl­ement de sa zone de confort

Pendant sa formation, Mme Bergevin s’est donné pour mission d’effectuer toutes ses présentati­ons en anglais. « J’ai utilisé ma classe comme une safe zone, c’est-à-dire un endroit où je pourrais faire des erreurs et apprendre. Maintenant, pendant une présentati­on avec mes collègues de Toronto, je suis outillée, constate-t-elle. J’ai gagné en confiance et suis plus performant­e. » Alors que plusieurs université­s ont lancé des MBA en anglais pour attirer une clientèle internatio­nale, elles donnent aussi l’occasion aux francophon­es d’améliorer leurs habiletés linguistiq­ues. Ceux de l’Université Laval peuvent ainsi suivre certains cours de base en anglais. « L’étudiant peut choisir de faire tous ses examens en français. Ça lui enlève du stress », note Mélany Tremblay Analfio, directrice adjointe du Service du développem­ent et des relations internatio­nales de l’institutio­n.

Une troisième langue ?

Maîtriser une autre langue constitue un atout pour les diplômés d’ici, confirme le directeur des programmes de MBA à l’Université Laval, André Gascon. « Il y a une vingtaine d’années, c’est à la demande des entreprise­s du milieu que nous avons commencé à offrir des cours en anglais », se souvient-il. Suivant les accords commerciau­x en vigueur, l’ajout d’une troisième langue peut aussi ouvrir bien des portes. C’est pourquoi l’établissem­ent de Québec propose depuis une quinzaine d’années un programme trilingue en gestion internatio­nale. L’étudiant peut opter pour l’une des huit troisièmes langues offertes, dont le mandarin et l’espagnol. C’est cette dernière qu’a choisi Alexis Corradi, qui a terminé son MBA en 2015, en partie à l’Université Laval, mais aussi aux États-Unis et au Mexique. « C’est une réelle richesse pour un entreprene­ur de mettre la main sur une personne trilingue, parce qu’il y a tout un contexte culturel lié à chaque langue. » Depuis l’obtention de son diplôme, M. Corradi travaille chez Systèmes PRAN, une PME de Québec qui produit des systèmes électroniq­ues pour l’industrie des transports. Il dirige actuelleme­nt le départemen­t des ventes tout en s’occupant du développem­ent des activités commercial­es mondiales de l’entreprise, aujourd’hui présente dans une vingtaine de pays. M. Corradi estime que les programmes multiplian­t les langues d’enseigneme­nt facilitent le contact avec diverses cultures. Et que des gestionnai­res ainsi formés peuvent devenir des atouts pour l’internatio­nalisation de leurs employeurs.

Newspapers in French

Newspapers from Canada