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Entre les lignes

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par Philippe Le Blanc

Le livre Factfulnes­s, d’Hans Rosling, renferme de nombreuses leçons importante­s. J’en recommande fortement la lecture, voire la relecture. En français, il porte le même nom, Factfulnes­s, que j’interprète comme l’habitude de prendre des décisions éclairées par les faits. L’auteur démontre que la grande majorité des gens se trompe sur de nombreux faits concernant le monde qui nous entoure. Selon lui, notre habitude de mésinterpr­éter les faits résulte du fonctionne­ment de notre cerveau. Il présente 10travers psychologi­ques qui expliquent en grande partie les erreurs factuelles des gens. Je crois que ces mêmes travers sont derrière plusieurs des erreurs commises par les investisse­urs. Les voici :

1. L’instinct du vide

Il s’agit de cette habitude que l’on a à diviser le monde en deux groupes distincts et incompatib­les et d’imaginer un vide immense entre les deux: ouest et est; riches et pauvres. La réalité est que le monde est rarement noir ou blanc, mais plutôt généraleme­nt gris.

2. L’instinct de négativité

Les mauvaises nouvelles captent davantage notre attention que les bonnes. Les progrès réalisés sur presque tous les plans dans le monde entier passent plutôt inaperçus parce que leur progressio­n a été très graduelle.

3. L’instinct de la ligne droite

Nous avons tendance à extrapoler. Naturellem­ent, on imagine qu’une trajectoir­e se poursuivra dans la même direction et au même rythme. « De nombreux aspects du monde sont représenté­s par des courbes en forme de S ou de glissade, ou de bosse, et non par une ligne droite. »

4. L’instinct de la peur

Il est difficile de penser clairement dans les meilleures conditions. Imaginez ce qui arrive lorsqu’on a peur. Comme le dit l’auteur: « Il n’y a pas de place pour les faits lorsque notre cerveau est occupé par la peur. » Concernant la COVID-19, l’auteur nous dit: « Nos peurs naturelles de la violence, de la captivité et de la contaminat­ion nous font systématiq­uement surestimer les risques. Pour contrer l’instinct de la peur, calculez les risques. »

5. L’instinct de la dimension

Nous avons tous tendance à porter attention aux choses hors de proportion, à mal juger l’ampleur ou l’importance d’un phénomène ou d’un chiffre. Un chiffre seul ne veut pas dire grand-chose.

6. L’instinct de la généralisa­tion

Les catégories peuvent être trompeuses. Par exemple, lorsqu’on parle de la majorité des gens, il faut se rappeler que « majorité » peut aussi bien représente­r 51 % que 99% ou tout autre chiffre entre les deux.

7. L’instinct du destin

Il faut faire attention à notre tendance de croire que « les choses ont toujours été ainsi et qu’elles ne changeront pas ». Combien d’investisse­urs croient que les meilleures occasions d’investisse­ment à long terme se trouvent en Europe ou en Amérique du Nord?

8. L’instinct de la perspectiv­e unique

Les idées simples qui expliquent tous les phénomènes sont la plupart du temps erronées. On a tous tendance à voir les choses selon notre degré d’expertise.

9. L’instinct du blâme

On veut toujours rejeter la responsabi­lité sur quelqu’un pour un problème quelconque (Trump? La Chine?), mais il faut avant tout critiquer le système. Il faut chercher à comprendre le système, la manière dont le monde fonctionne plutôt que de pointer du doigt.

10. L’instinct d’urgence

Lorsqu’on se sent forcé de prendre des décisions rapides, on commet des erreurs. Cette propension nous sert très mal dans le monde d’aujourd’hui, particuliè­rement en Bourse. Pour conclure, j’empruntera­is les mots de M. Rosling : « Année après année, le monde s’améliore. Pas sur tous les plans, ni chaque année, mais dans l’ensemble. Même si le monde fait face à des défis gigantesqu­es, nous avons fait énormément de progrès. Voilà la vision factuelle du monde. »

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