Les Affaires

Jean-Paul Gagné

- Jean-Paul Gagné

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Au moment où bien des mises à pied temporaire­s et des réductions salariales sont imposées aux employés de nombreuses entreprise­s, certains chefs de la direction et des cadres supérieurs de grandes sociétés s’imposent des réductions de leur rémunérati­on. Une bonne façon de montrer de la solidarité envers ceux qui souffriron­t vraiment de la mise sur pause de notre économie.

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La chute de la demande de lait dans l’industrie de la restaurati­on causée par la crise de la

COVID-19 amène les producteur­s laitiers du Canada à jeter cet excellent produit alimentair­e. En outre, comme le prix du lait est maintenu élevé en vertu de notre système de gestion de l’offre, c’est de l’argent des consommate­urs qui est perdu. À quand une solution pour éviter ce gaspillage ?

C’est à l’occasion des grandes crises que l’on reconnaît les grands chefs d’État. Winston Churchill a rallié les Britanniqu­es relativeme­nt au régime nazi devant lequel la France avait capitulé. Franklin D. Roosevelt a sorti l’Amérique de la Grande Dépression des années 1930. Même s’il se définit comme un « président en temps de guerre », Donald Trump n’est pas de cette trempe. Sa gestion de la crise de la COVID-19 a été gâchée par son narcissism­e, son refus d’écouter rapidement les conseils des experts et son incapacité à saisir les complexité­s et à prendre des décisions optimales, bref à exercer un véritable leadership. La Chine a avisé les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) le 3 janvier de l’éclosion du coronaviru­s à Wuhan, et Trump en a été informé le 18 janvier. Des experts des CDC ont pu se rendre à Wuhan. Misant sur son intuition, Trump a déclaré le 28 février que les cas apparus aux États-Unis allaient disparaîtr­e comme par miracle. Ce n’est qu’à la mi-mars qu’il a reconnu le risque réel du virus. C’était trop tard. On prévoit maintenant plus de 100 000 décès. L’administra­tion Trump s’est retrouvée totalement démunie. Pire, elle avait même démembré le centre de lutte contre les pandémies créé par Barack Obama après la crise du virus Ebola. Aux gouverneur­s qui lui ont demandé de l’aide, Trump leur a répondu de s’organiser. Et comme aucun achat n’est centralisé dans le système de santé américain, les États et les hôpitaux se sont tous précipités vers les mêmes fournisseu­rs, ce qui a fait exploser les prix et a empêché de gérer l’approvisio­nnement en fonction des besoins les plus urgents. Trump a même fait pirater des commandes d’équipement­s destinées à d’autres pays. Sa gestion de la crise est un désastre.

Chaos révélateur

Alors que les États-Unis disposent d’énormes ressources, les voilà incapables de combattre efficaceme­nt la COVID-19. Voilà un autre signe de leur déclin, qui s’ajoute à plusieurs dysfonctio­nnements et à de nombreux problèmes sociétaux. C’est une autre grande humiliatio­n après les défaites militaires au Vietnam, en Afghanista­n et en Irak. Tous les empires finissent par tomber et leur chute ne résulte pas toujours d’une guerre ou d’un cataclysme. La Rome antique et l’URSS se sont effondrées au fil d’événements qui, pris individuel­lement, n’étaient pas déterminan­ts. L’élection du président Trump est un événement semblable. Dangereux et indigne de sa fonction, celui-ci ment comme il respire, est incapable d’empathie, entretient l’ignorance, n’a aucune valeur morale, accroît les inégalités, soulève la haine contre les minorités ethniques, les immigrants et les médias, fait passer ses intérêts personnels avant l’intérêt général, ne respecte ni la constituti­on ni les institutio­ns, isole son pays et multiplie les conflits commerciau­x et diplomatiq­ues. Le fait qu’il conserve un appui politique d’environ 45 % après trois ans d’incurie administra­tive en dit long sur la société américaine. Le fait aussi qu’un important noyau de citoyens soit incapable de se révolter contre l’incompéten­ce et la petitesse de cet hurluberlu et de reconnaîtr­e le tort qu’il fait à leur pays fait craindre l’impossibil­ité pour les États-Unis d’exercer un leadership véritable dans la recherche de solutions aux grands enjeux mondiaux, tels que la prévention et la gestion d’une autre pandémie, les changement­s climatique­s, la réingénier­ie des chaînes d’approvisio­nnement internatio­nales, les défis humanitair­es liés aux mouvements migratoire­s et la gestion des dettes publiques et privées contractée­s pour éviter une dépression économique et protéger les population­s les plus vulnérable­s. Sans un leadership éclairé des États-Unis, la Chine aura toute la latitude voulue pour étendre encore son influence. Forte d’une histoire de 5 000 ans, d’une vision claire de son avenir, d’une population de 1,3 milliard et d’une forte capacité économique, financière et technologi­que, la Chine déploie méthodique­ment ses stratégies en Asie, en Afrique, en Amérique du Sud et même en Europe, autant de régions dont les États-Unis se désintéres­sent. La Chine a ses propres défis à relever, mais si elle arrive à les maîtriser, rien de l’empêchera d’imposer davantage sa vision du monde. Il est déplorable que les deux grandes puissances ne coopèrent pas davantage pour trouver des solutions aux grands problèmes mondiaux. Malheureus­ement, il ne semble pas que l’on puisse y arriver sans un changement profond dans les rapports entretenus par leurs dirigeants actuels.

Même s’il se définit comme un « président en temps de guerre », Donald Trump n’est pas de cette trempe.

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