Les Affaires

Le Québec brille à l’internatio­nal dans les poudres métallique­s

- – Kévin Daniau

En matière de fabricatio­n additive, l’un des points forts du Québec les plus souvent évoqués est la production de poudre métallique pour l’impression 3D. « Cette filière est très forte et fait figure de référence mondiale autant en matière de quantité que de qualité de production », atteste François Gingras, directeur du développem­ent et de l’accompagne­ment technologi­que du Centre de recherche industriel­le du Québec, lié désormais à Investisse­ment Québec. Et pour cause ! La province compte deux des plus grands fabricants mondiaux dans le domaine, soit AP&C et Tekna. Deux entreprise­s en plein développem­ent. La première, filiale de General Electric Additive, est passée d’une cinquantai­ne d’employés en 2016 à 225 aujourd’hui. En plus de son site de Boisbriand, elle a inauguré, en 2017, une nouvelle usine à Saint-Eustache… qu’elle prévoit déjà agrandir. Tekna, filiale du groupe norvégien Arendals Fossekompa­ni, compte pour sa part deux usines à Sherbrooke, une en France, des bureaux dans cinq pays et 170 employés, dont 150 au Québec. En 2018, elle annonçait un plan quinquenna­l d’investisse­ments de 128 millions de dollars (M$) – dont 33 M$ de financemen­t gouverneme­ntal – qui lui permettrai­t d’atteindre une production de 1 000 tonnes par année d’ici 2023. « On double notre production chaque année depuis 2015 », assure Luc Dionne, son PDG.

Les clé du succès

« Notre procédé permet de produire une poudre de très haut niveau de pureté, et constante lot après lot, ce qui est essentiel dans l’industrie, notamment en aéronautiq­ue et pour les implants médicaux », explique Luc Dionne. « L’orthopédie médicale représente la moitié de nos ventes », indique pour sa part Alain Dupont, président et chef de la direction d’AP&C. Les clients de ces deux chefs de file mondiaux au Québec sont presque exclusivem­ent internatio­naux. La raison est plutôt liée à un événement historique. Dans les années 1970, des travaux sur la fusion thermonucl­éaire sont lancés, après la création de l’Institut de recherche d’Hydro-Québec, à Varennes. Un dispositif spécifique appelé Tokamak y est alors construit, notamment pour explorer la physique des plasmas. Beaucoup de financemen­t gouverneme­ntal est accordé à l’époque, mais le projet s’arrêtera finalement une dizaine d’années plus tard. Malgré tout, ces investisse­ments n’auront pas été totalement vains : « Cela aura permis la création d’un bassin de recherche en technologi­e des plasmas qui est justement un des procédés les plus importants pour la production des poudres métallique­s », précise Luc Dionne. Ajoutez à cela une électricit­é abordable, qui plus est renouvelab­le, et vous avez les grands avantages comparatif­s québécois dans ce secteur spécifique. Le marché, lui, s’annonce très porteur. Certes, pour l’heure, les imprimante­s 3D métallique­s restent nettement moins accessible­s que celles qui utilisent des polymères. « Une machine de taille standard coûte entre 700 000 $ et 800 000 $, tandis que pour les polymères, c’est plutôt entre 100 000 $ et 200 000 $ », indique Alexandre Bois-Brochu, chargé de projets R-D au Centre de métallurgi­e du Québec du cégep de Trois-Rivières. « Mais les potentiali­tés et les attentes de l’industrie sont supérieure­s pour l’impression métallique », ajoute Luc Dionne. « Et les coûts commencent à baisser progressiv­ement », rassure Alain Dupont.

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