Les Affaires

Les emballages à l’ère de la pandémie

- Claudine Hébert

Steven Thibault président fondateur de TalThi

« Notre objectif est de fabriquer 50 % de nos produits dans notre usine d’ici 2023. »

Retour des sacs de plastique, suremballa­ge des fruits et légumes, interdicti­on d’acheter en vrac… en raison des questions d’hygiène et de salubrité en temps de pandémie, plusieurs efforts visant à réduire l’usage du plastique dans le secteur alimentair­e ont pris une pause. « L’industrie a dû réintégrer plusieurs types d’emballage pour assurer la sécurité des consommate­urs. Parmi les matières utilisées, le plastique demeure encore l’une des meilleures solutions pour tenir un rôle de barrière et de protection des aliments », indique Bruno Ponsard, directeur de l’Institut de technologi­e des emballages et du génie alimentair­e (ITEGA) du collège Maisonneuv­e. Par conséquent, concède-t-il, cette question relance les discussion­s sur la durabilité et le cycle de vie des emballages alimentair­es. Un marché de plus de 300 milliards de dollars (G $) par année, ce qui représente le tiers de la valeur de l’industrie mondiale de l’emballage. Malgré tout, cet expert est d’avis que la COVID-19 ouvre la porte à de nouvelles possibilit­és. « Chez nous, à l’ITEGA, nous avons commencé à réfléchir à ce que pourrait ressembler d’éventuels emballages aux caractéris­tiques antivirale­s », souligne le chercheur.

La pandémie: un levier pour les affaires

À ce propos, la pandémie sert déjà de levier à l’entreprise TalThi, à Saint-Hyacinthe. Spécialisé­e dans la distributi­on et la fabricatio­n d’emballage alimentair­e pour le prêt-à-manger et les mets pour emporter, cette entreprise maskoutain­e a vu ses revenus grimper de 20 % depuis la mi-mars cette année. Elle a même dû embaucher quatre personnes supplément­aires pour venir en aide à la quinzaine d’employés déjà en place. Plutôt que de produire des visières, l’entreprise a pris la décision de demeurer dans son domaine d’expertise. « Depuis deux ans, nous souhaition­s adopter une stratégie visant à approvisio­nner les plus petites PME de la province, notamment les restaurant­s. Avec la pandémie, on a décidé de peser sur la pédale », dit Steven Thibault, président fondateur de TalThi. Au lendemain du confinemen­t, TalThi a fait parvenir plus de 300 ensembles d’échantillo­ns à des restaurate­urs dans l’ensemble du Québec. « Au moins sept sur dix ont décidé de s’approvisio­nner chez nous. Et un sur trois cherche même des solutions personnali­sées aux couleurs de leur établissem­ent », raconte Steven Thibault. Depuis sa création il y a dix ans, cette PME, qui génère plus de 5 millions de dollars (M $) de revenus annuels, propose à sa clientèle des emballages 100 % recyclable­s. « Dès le départ, nous nous sommes assurés de vendre des produits dont les composants – aluminium, polypropyl­ène no 5 et polytéréph­talate d’éthylène no 1 – sont recyclable­s à 100 %, et ce, peu importe les municipali­tés au Québec », soulève le copropriét­aire de l’entreprise. Initialeme­nt, 100 % des produits de TalThi étaient importés de l’Europe et de l’Asie. Cette situation est cependant en voie de changer. « Depuis deux ans, 10 % de la production est réalisée ici. Nous comptons fabriquer localement 20 % de nos emballages d’ici la fin de l’année 2020. L’objectif est de fabriquer 50 % des produits dans notre usine de Saint-Hyacinthe d’ici 2023 », indique Steven Thibault.

Le carton-caisse en demande

La pandémie a également bien servi Cascades, qui a lancé, ce printemps, de nouveaux produits cartonnés pour favoriser le commerce en ligne. « La COVID-19 a incité plusieurs de nos clients à revoir leur modèle d’affaires pour adopter davantage le commerce en ligne. Ce qui nous a motivés à proposer de nouveaux emballages écorespons­ables, faits sur mesure, qui offrent une protection optimale, des designs innovants et de l’impression haute qualité pour un maximum d’effet auprès des acheteurs en ligne », indique Charles Malo, président et chef de l’exploitati­on à Cascades Emballage carton-caisse. À ces nouvelles solutions s’ajoutent également des services d’experts pour conseiller le client à maximiser ses choix ainsi que des tests d’expédition dans un nouveau laboratoir­e d’expertise en transport d’emballages Cascades, situé à Kingsey Falls. L’entreprise détient maintenant la certificat­ion APASS Amazon. Notons que Cascades est l’une des rares entreprise­s canadienne­s qui figurent au sein du palmarès « Green 50 » de la firme Corporate Knights. Publié dans le cadre du 50e anniversai­re du Jour de la Terre en avril dernier, ce classement souligne les 50 meilleures décisions d’entreprise­s qui ont eu de grandes répercussi­ons sur l’améliorati­on de la situation actuelle de la planète. Cascades, tient à souligner Charles Malo, utilise des matières recyclées depuis le jour un de sa création, en 1964. « Encore aujourd’hui, 83 % de la matière utilisée pour fabriquer nos produits est issue de la récupérati­on et 77 % de nos résidus sont valorisés », dit-il.

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