« La pollution en montagne m’inquiète beaucoup »
Laurence de la Ferrière, alpiniste française, a gravi les sommets parmi les plus hauts de la planète.
Comment avez-vous découvert la haute montagne ?
Complètement par hasard ! J’avais 18 ans et pour fêter mon bac, nous sommes partis avec une ami sur le versant italien du mont Blanc. Là, j’ai eu une révélation, j’ai su que je voulais passer ma vie dans les montagnes ! Mais les premières ascensions étaient difficiles. Il fallait des guides et, à l’époque, c’était un milieu très masculin. Personne ne voulait de moi. Pourtant, j’avais toutes les compétences.
Qu’est-ce qui vous a plu dans l’alpinisme ?
C’était un mélange de fascination, d’émerveillement, mais aussi de frayeur. J’ai rencontré mon mari, passionné de montagne lui aussi. Il m’a beaucoup aidé et appris. Avec lui, j’ai su dépasser mes limites. Nous avons vécu des ascensions extraordinaires, comme celle du Broad Peak, un sommet de plus de 8 000 mètres à la frontière de la Chine et du Pakistan (Asie). Nous avons atteint 7 600 mètres et sommes redescendus à ski.
Avez-vous eu peur parfois ?
Oui. En 1984, j’ai atteint sans oxygène l’un des sommets du Kangchenjunga, à 8 505 mètres, au Népal (Asie). Au dernier camp, avec la montée d’une pente très raide, je ne trouvais plus mon piolet, j’ai fini avec un piquet de tente ! Il faut apprendre à connaître la montagne, faire connaissance avec le milieu, pour savoir éviter ses nombreux dangers, comme les avalanches et les crevasses.
Depuis le début de votre carrière, l’alpinisme a-t-il changé ?
Ce qui m’inquiète le plus aujourd’hui, c’est la pollution dans les montagnes. Depuis qu’on a autorisé les bouteilles à oxygène, on voit de véritables embouteillages sur l’everest (le plus haut sommet du monde). Les alpinistes y laissent beaucoup de déchets, notamment leurs bouteilles d’oxygène, abandonnées sur place dès qu’elles sont vides !