« On détruit la forêt pour vendre du bois, pour l’agriculture »
Amandine Renaud est primatologue. Elle a créé l’association P-WAC pour protéger les grands singes.
Comment l’activité humaine contribue-t-elle à mettre les singes en danger ?
L’homme est responsable de la disparition de la vie sur la Terre par son mode de vie. On détruit la forêt pour l’exportation de bois destiné aux meubles, pour l’agriculture, notamment l’huile de palme ou de coco, le soja. On fragmente les forêts pour agrandir nos espaces de vies, nos villages, pour créer des routes. Celles-ci facilitent l’accès des chasseurs à des endroits de la forêt jusqu’alors isolés, où vivent des singes. Notre présence à proximité de la forêt favorise aussi les transmissions de maladies aux animaux qui y vivent.
Ces éléments sont les principales causes de disparition des primates.
La diminution du nombre de singes a-t-elle un impact sur la nature ?
Oui, puisque chaque espèce joue un rôle écologique dans un écosystème. Retirer une espèce a des conséquences sur toute une chaîne de vie. Cela change les rapports entre les espèces et perturbe cet équilibre naturel. Par exemple, le chimpanzé est un jardinier de la forêt : lors de ses déplacements, il sème les graines des fruits sauvages qu’il mange. Il va permettre ainsi la régénération de la forêt. Si on l’enlève, certaines espèces végétales se renouvellent moins vite. Le chimpanzé a autant besoin de la forêt qu’elle a besoin de lui.
Quelles actions permettent de préserver des espèces ?
La principale est d’appliquer les lois existantes. Il existe des conventions internationales protégeant les chimpanzés, les baleines, les loups… bref, la vie sur la Terre. Ces lois ne sont pas respectées. C’est inadmissible que des gouvernements acceptent de nuire à la biodiversité par leur inaction. En attendant, c’est à chacun de nous d’agir, en achetant, en consommant différemment… Ensuite des associations existent, comme celle que j’ai fondée, P-WAC. Son objectif est de préserver les chimpanzés et leur forêt en République démocratique du Congo (Afrique). Mais si le refuge pour chimpanzés orphelins que j’ai créé existe, c’est parce que les forêts et parcs nationaux ne sont pas protégés comme ils le devraient.
Interview par H. Lasbleis