LES PETITS BONHEURS DE YOUNG
de créatif qui me passionnerait. J’ai rencontré le designer Jarret Yoshida dans un cocktail et je lui ai proposé de m’engager comme stagiaire. J’ai suivi des cours à l’école de design Parsons et j’ai réalisé des projets pour des amis. En 2007, alors que j’avais un peu plus d’expérience, j’ai lancé Young Huh Interior Design.
M&D : Quelle est votre conception du design ?
YH : Un espace doit inspirer la joie et être beau, comme une célébration de l’art. Il fut un temps où un décor joyeux était mal vu : le design devait être avant-gardiste et sobre, sans élément décoratif, et « joli » était un mot tabou. L’art peut être exprimé avec raffinement, et on peut créer une ambiance apaisante et recherchée sans frivolité. Je trouve extraordinaire que tant de jeunes s’intéressent à la décoration traditionnelle : motifs, passementerie, jolis bibelots, linge de maison, accessoires, coussins à motifs ou colorés. C’est joyeux.
M&D : Parlez-nous de votre participation à la Kips Bay Show House.
YH : Le processus de sélection est très rigoureux et il faut soumettre un portfolio. Ma première participation remonte à
2014. Les nouveaux venus héritent des pires pièces ! Cette demeure était
gigantesque, et j’ai dû transformer un couloir, un espace horrible, dont j’ai tiré le meilleur parti possible. Le designer Matthew Patrick Smyth m’a donné ce précieux conseil : « Ne regarde ni à gauche ni à droite. Aie ta propre vision. Si tu n’as pas ça, tu n’as rien. »
M&D : Décrivez-nous votre studio dans la maison témoin 2019.
YH : C’était une pièce bizarre : un gigantesque loft avec salle de bain attenante. On me trouvait folle de m’y attaquer. La demeure avait du caractère, mais ce loft des années 1980 était banal, sans détail architectural. Nous avions trois semaines pour le transformer. Je voulais du papier peint, et Fromental a suggéré ce motif à la manière de Braque, qui était parfait. Mon idée était de faire un loft d’artiste dans un décor inspiré de Jean Cocteau, que j’admire énormément pour avoir comblé le fossé entre modernisme et romantisme.
M&D : Vous êtes toujours si positive ; avez-vous une bête noire en design ?
YH : Je ne supporte pas que des designers se contentent de copier un décor sublime trouvé sur Internet. Si une pièce est populaire, ne la copiez pas, écoutez votre propre voix !