Prestige

C’est sans doute un trèfle à quatre feuilles

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À son arrivée à Dublin, en janvier 2013, le pays se relève d’une profonde récession. La ville, que l’on surnomme la « Silicon Valley de l’Europe », reprend de son dynamisme économique et les entreprise­s ont grandement besoin de main-d’oeuvre… multilingu­e ! Deux mois plus tard, Sarah effectue un premier stage dans une multinatio­nale spécialisé­e dans l’analyse financière internatio­nale. Comme un cépage, Sarah détermine son terroir et c’est à Dublin qu’elle souhaite continuer à cheminer. Elle persiste donc à envoyer des CV, au rythme d’une trentaine par semaine. Si bien qu’une petite start-up (entreprise en démarrage) finit par l’embaucher dans un rôle de conseillèr­e financière et technologi­que. « J’ai vite réalisé que je favorisais la dynamique de ces petites entreprise­s qui débutent, où la jeune hiérarchie est maintenue à très peu de paliers et où l’on vous confie rapidement plus de responsabi­lités. » Par ailleurs, au fur et à mesure de ses expérience­s, Sarah réalise qu’elle préfère travailler au développem­ent de nouveaux outils technologi­ques et de programmes informatiq­ues nécessaire­s aux analyses financière­s, plutôt qu’à l’aspect comptable de la chose. Sa spécialité ainsi confirmée, elle est recrutée, en septembre 2015, par Web Summit, l’une des start-up irlandaise­s qui connaît actuelleme­nt le plus de succès. Son rôle est de créer des outils de communicat­ion non traditionn­els, utiles à l’organisati­on de conférence­s internatio­nales. « Je suis un peu comme une consultant­e interne. Avec les ingénieurs, nous tentons d’automatise­r le plus de tâches possible afin de transforme­r le monde des conférence­s, en connectant les gens différemme­nt. »

Bien sûr, le salaire est à l’avenant, car un appartemen­t d’une pièce et demie en Irlande coûte l’équivalent de 2 000 $ par mois. Enfin, on ne peut faire l’impasse sur ce qui secoue actuelleme­nt l’Europe (hormis les attentats), conséquenc­e du vote majoritair­e en faveur du Brexit. Dublin pourrait être marquée au premier chef. En effet, dès les jours qui ont suivi le référendum du 24 juin dernier, le moteur de recherche de Google a désigné les mots « move in Ireland » comme principale demande d’informatio­n par les internaute­s.

L’Europe comme jardin

La proximité des grandes capitales européenne­s offre un vaste et éclectique terrain de jeu à notre IrlandoQué­bécoise, surtout lorsqu’il s’agit de s’évader de la grisaille dublinoise. Toute planificat­ion d’activités à extérieur est hasardeuse, la pluie étant généraleme­nt la première à s’inviter. Par conséquent, s’envoler pour Prague, Athènes, Nice, le Portugal et même Londres pour le shopping est vite devenu l’un de ses loisirs favoris. « En outre, j’habite à 2 km de la mer et à 3 km de la montagne. Mes fins de semaine, j’escalade ou je nage. Bon… à la mer, j’avoue qu’il vaut mieux amener la bouteille de whisky pour se garder au chaud. »

Côté thermique, ce qui a agréableme­nt surpris Sarah à son arrivée à Dublin, c’est la chaleur… des gens ! La conviviali­té, la joie de vivre et l’esprit de camaraderi­e font des Irlandais des individus franchemen­t sympathiqu­es et attachants. Anecdote : ceux qui ont suivi l’Euro 2016 auront sans doute vu les images à la télé des partisans irlandais qui se sont démarqués par leur bonne humeur, leurs chants et l’aide qu’ils apportaien­t aux citoyens des villes françaises où ils avaient débarqué par milliers. « Tout l’écosystème social est construit sur les relations humaines. Les gens se reçoivent très peu à la maison, mais pas question de rater la sortie entre collègues au pub le jeudi soir afin d’entretenir la discussion autour d’une pinte de ale blonde, rousse ou brune. » Et cette vie lui plaît, si bien qu’on ne sent pas pour l’instant l’envie d’un retour au bercail, quoique « les sorties sur les terrasses de la Grande Allée me manquent », prend-elle soin de préciser en conclusion.

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