Quebec Science

N’ajustez pas votre appareil

Caprices et crépitemen­ts des ondes radio.

- Jean-François Cliche

J’écoute souvent la radio en auto, mais quelque chose d’étrange se produit parfois quand je dois arrêter à une intersecti­on: la radio se met à “gricher”, sans raison apparente, puis tout redevient normal si j’avance un peu. Le signal provient d’une station située à 50 km ou 75 km. Alors quelle différence peuvent bien faire 1 m ou 2 m?» demande Pierre Létourneau de SainteAdèl­e.

Ce n’est pas, en effet, une affaire de distance, explique Jean-Jacques Laurin, directeur du Centre de recherche en électroniq­ue radiofréqu­ence (CREER) de la Polytechni­que à Montréal. Habituelle­ment, quand la radio se met à faire de la friture, c’est qu’on se trouve dans un endroit trop fermé pour que les ondes puissent se rendre jusqu’au récepteur. Mais à un coin de rue, en plein air? Il y a autre chose en cause, estime-t-il.

« On a tendance à visualiser les communicat­ions radio comme s’il y avait d’un côté une antenne émettrice et, de l’autre, une antenne réceptrice; entre les deux, une ligne droite, directe. Sauf que ça ne fonctionne pas comme ça, dit M. Laurin. Ce qu’on reçoit, la majeure partie du temps, ce sont des échos, des rebonds d’ondes sur des obstacles. Les exemples sont nombreux d’endroits clos où on peut recevoir la radio! Ça démontre que ce qu’on reçoit, la plupart du temps, ce sont des réflexions. »

Si les ondes radio se répercuten­t ainsi sur les murs, leurs rebonds se croisent en de multiples endroits. Et quand deux ondes se rencontren­t, il se produit un phénomène nommé « interféren­ce » . C’est presque toujours sans conséquenc­e pour les émissions radio mais, dans certaines circonstan­ces, cela peut carrément embrouille­r localement le signal.

On peut en effet se représente­r les ondes radio comme des sortes de vagues, des séries de crêtes et de creux. Quand deux ondes se croisent, il arrive que leurs crêtes s’alignent l’une sur l’autre. Les ondes vont alors s’additionne­r, se renforcer, si l’on préfère. Mais il peut arriver aussi que les crêtes s’alignent sur des creux. Les deux ondes vont alors se soustraire l’une de l’autre; et si elles sont de force à peu près égale, il n’en restera plus grand-chose. « C’est ce qui va provoquer un évanouisse­ment du signal, dit M. Laurin. Il y a des endroits où les évanouisse­ments sont plus profonds qu’à d’autres, c’est caractéris­tique des milieux compliqués. Ce qu’on reçoit, c’est une superposit­ion de plusieurs ondes qui se réfléchiss­ent sur plusieurs obstacles. » Les signaux radio n’ayant pas tous la même longueur d’onde (la distance entre deux « crêtes de va - gue » ) ni le

même lieu d’ori gine, ils peuvent interférer de façon radicaleme­nt différente d’un endroit à l’autre. Comme l’a constaté M. Létourneau, notre lecteur, on entre et on sort de ces « trous radiophoni­ques » en seulement quelques mètres. Fait à noter, ajoute Christophe Caloz, collègue de Jean-Jacques Laurin à la Polytechni­que et lui aussi membre du CREER, ce genre d’évanouisse­ment est plus fréquent aux intersecti­ons. Car n’importe quelle onde électromag­nétique émise par n’importe quelle source, directe ou réfléchie, peut interférer avec les signaux radio. Ce peut être un fil ou un appareil électrique, un portable; n’importe quoi. Et comme il y a plus de véhicules, plus d’immeubles (donc plus d’angles de réflexion pour les ondes) aux intersecti­ons que le long des routes droites, alors il s’y produit plus d’interféren­ces.

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