Quebec Science

IL PLEUT DES VIRUS !

- Par Marine Corniou

Des millions de microbes nous tombent sur la tête chaque jour.

Il n’y a pas que la pluie et la neige qui tombent du ciel. Il y a aussi des averses de virus et de bactéries ! En fait, des millions de microbes nous tombent sur la tête chaque jour, transporté­s par des poussières ou des gouttelett­es d’eau, sans qu’on s’en aperçoive. C’est ce qu’a démontré Curtis Suttle dans une étude publiée par l’Internatio­nal Society for Microbial Ecology Journal.

Ce professeur à l’université de Colombie-Britanniqu­e est fasciné par les virus. Pas ceux qui nous infectent, mais plutôt ceux qui grouillent partout autour de nous, que ce soit dans les sols, les océans ou les forêts. En 2005, il a fait un constat étonnant : des virus strictemen­t identiques sur le plan génétique se retrouvent dans des environnem­ents aussi divers qu’un lac situé en Allemagne, l’Arctique canadien, le golfe du Mexique et l’océan Pacifique ! Comment est-ce possible? Puisque les virus ne peuvent se développer qu’en infectant un hôte, il y a deux solutions: soit les mêmes organismes hôtes sont présents dans tous ces lieux (ce qui est peu probable), soit lesdits virus ont voyagé sur de longues distances, pour se disperser aux quatre coins de la planète.

Afin de le vérifier, le chercheur a installé, avec des équipes espagnole et américaine, des « réceptacle­s » à virus dans les montagnes de la Sierra Nevada, en Espagne, à 3 000 m d’altitude. « À cette hauteur, les aérosols voyagent sans obstacle, sur de grandes distances », explique-t-il. Les scientifiq­ues ont ensuite dénombré les micro-organismes qui s’étaient déposés dans leurs pièges, par une technique appelée cytométrie en flux. Bilan ? Il tombe du ciel entre 260 millions et 7 milliards de virus par mètre carré chaque jour ! Et pas mal de bactéries aussi, bien que le flux soit 9 à 461 fois moins important, selon leurs calculs. Accrochés aux gouttes d’eau et aux grains de sable, ces microbes peuvent se déplacer sur des milliers de kilomètres avant d’être déposés à nouveau sur terre à la faveur d’une pluie ou d’une tempête de sable. « À plus faible altitude, les virus voyagent moins loin, mais sont probableme­nt présents dans l’air à des concentrat­ions encore plus élevées », précise Curtis Suttle. Inquiétant? Non, répond le chercheur. Ces virus volants infectent surtout des bactéries, et ni les uns ni les autres ne sont pathogènes. Quant aux microbes qui contaminen­t les humains, ils ne résistent sans doute pas à un tel voyage dans la haute atmosphère.

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