L’IMAGERIE POUR DIAGNOSTIQUER LA MORT CÉRÉBRALE ?
Pourrait-on diagnostiquer le décès neurologique à l’aide de l’imagerie médicale, plutôt qu’avec l’examen physique, pour convaincre les familles que le cerveau de leur proche est bien éteint? On n’en est pas là, dit l’intensiviste et chercheur au Centre hospitalier de l’Université de Montréal Michaël Chassé: « L’examen clinique est 100 % fiable quand il est bien fait. » Mais plus les années passent et plus il y a de cas qui empêchent de compléter l’examen clinique ou le faussent carrément. Par exemple, « le fentanyl imite parfaitement la mort cérébrale », souligne le médecin.
Le docteur Chassé dirige justement un essai clinique national pour comparer l’efficacité d’un test d’imagerie (la tomodensitométrie perfusionnelle) et celle de l’examen clinique. Il faut dire que les médecins utilisent déjà des techniques d’imagerie quand ils ne peuvent pas compléter l’examen traditionnel (comment tester les réflexes du visage d’un patient défiguré ?), mais elles ne sont pas des plus efficaces. « Ces techniques (l’angiographie et la scintigraphie cérébrales), vérifient si le sang se rend à la tête en prenant une seule photo. Mais elles ne montrent pas si le sang se rend vraiment aux cellules. On garde donc peut-être des patients en vie, alors qu’ils sont en état de mort cérébrale. Notre test suit plutôt les globules rouges sur plusieurs minutes pour voir s’ils se rendent aux cellules. » Le mieux serait de faire des tests d’imagerie fonctionnelle, pour vérifier si les cellules sont actives, mais cela demanderait trop de ressources.
Le test à l’étude pourrait aussi être utilisé par les médecins qui ne sont pas suffisamment confiants pour poser un diagnostic de mort cérébrale à partir de l’examen clinique, faute d’expérience en la matière. « Dans les grands hôpitaux, on a environ 30 à 40 cas de mort cérébrale par année, mais, à Chibougamau par exemple, il peut n’y en avoir qu’un seul. »