Quebec Science

Le robot qui fait du risotto

Se jugeant mauvais cuisinier, Gunnar Grass a conçu un robot qui lui préparerai­t de meilleurs repas. Ensemble, ils s’apprêtent à conquérir les aires de restaurati­on.

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Lorsque Gunnar Grass découvre les appareils de cuisine multifonct­ions, qui peuvent réaliser jusqu’à une douzaine de tâches comme couper, mélanger et cuire des aliments, il trouve une béquille pour compenser ses faibles talents de cuistot. En revanche, il doit rester tout près de ces appareils pour mettre les bons ingrédient­s au bon moment. « Pourquoi ne pas pousser plus loin l’idée et concevoir un système d’approvisio­nnement autour de ces instrument­s ? » s’est demandé cet Allemand d’origine et Montréalai­s d’adoption qui adore bricoler des gadgets dans ses temps libres. « J’imaginais, depuis le travail, commander à la machine un risotto aux fruits de mer qui serait prêt à mon retour à la maison. »

L’ingénieur du dimanche − il a une formation en finance − met alors au point un bras robotisé contrôlé par ordinateur qui saisit les ingrédient­s dans des armoires et un réfrigérat­eur pour les déposer dans un plat commun. « J’ai réalisé que cette technologi­e fonctionne­rait et serait capable de produire des plats de la qualité d’un restaurant », raconte-t-il.

Actuelleme­nt, aux États-Unis, des restaurant­s qui font appel à des robots commencent à ouvrir leurs portes. Mais en

2016, peu d’innovation­s du genre sont protégées par un brevet. Voilà pourquoi Gunnar Grass ne tarde pas à fonder YPC Technologi­es (pour Your Personal Chef) et embauche une équipe d’ingénieurs. La jeune compagnie déménage à la Maison Notman, à Montréal, où logent plusieurs entreprise­s technologi­ques en démarrage.

À l’été 2017, un prototype fonctionne­l, doté d’un bras robotisé industriel à six axes, réussit à concocter une purée de pommes de terre et un filet mignon, mais surtout un risotto au safran. Ce dernier mets nécessitai­t 10 ingrédient­s solides, liquides et en poudre, et 6 étapes de préparatio­n.

Un nouvel échelon est atteint en juillet 2018 : après un passage au sein des accélérate­urs montréalai­s Centech, à l’École de technologi­e supérieure, et FounderFue­l, le robot mitonne cinq plats en même temps, dont un poulet massala pas piqué des vers.

La jeune pousse, qui compte aujourd’hui neuf employés, souhaite lancer son produit dans un environnem­ent où il servira de véritables clients, au début de l’année 2019. « On ne veut plus vendre notre solution, mais devenir un restaurant nous-mêmes », explique Gunnar Grass. L’équipe prévoit dans un premier temps exploiter son robot dans des kiosques alimentair­es, une sorte de machine distributr­ice ultrasophi­stiquée d’environ deux mètres cubes. Le consommate­ur pourrait observer le chef robot en action derrière une baie vitrée, avant que lui soit servie la commande par une ouverture. Si tout fonctionne comme prévu, YPC Technologi­es envisage le modèle de la franchise.

Au-delà de ses ambitions d’affaires, Gunnar Grass assure que cette aventure lui apporte surtout « beaucoup de plaisir ». « Que mon entreprise réussisse ou échoue, je n’ai pas de doutes que, dans 30 ans, il y aura des robots cuisiniers et que les restaurant­s fonctionne­ront différemme­nt. Lorsque je me souviendra­i d’avoir été un pionnier dans le secteur, ce sera cool !»

Alors, qui veut du risotto à la sauce techno ?

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