La santé des recycleurs est-elle à risque?
Les métaux lourds contenus dans les appareils électroniques peuvent, s’ils sont présents en trop forte concentration, entraîner des problèmes respiratoires, rénaux ou neurologiques, toucher le système reproducteur ou même causer des cancers. D’autres composés, comme les poudres luminescentes de téléviseurs et des ignifuges empêchant les appareils de s’enflammer, sont susceptibles d'avoir un effet sur la santé des employés qui les manipulent.
Des chercheurs ont entrepris une première étude québécoise sur le sujet chez six recycleurs certifiés et non certifiés par l’ARPE. Ils ont échantillonné l’air et les surfaces de travail des ateliers et effectué des prélèvements de sang et d’urine chez des travailleurs à la recherche de métaux lourds et d’ignifuges.
Ils se sont aussi intéressés à leur système hormonal à la recherche de débalancements. « On sait que plusieurs ignifuges et métaux sont associés à des effets endocriniens chez les animaux, in vitro et chez les foetus, mais chez l’adulte, les résultats des études sont mitigés », explique Sabrina Gravel, coordonnatrice du champ de recherche Prévention des risques chimiques et biologiques à l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail et doctorante en toxicologie à l’Université de Montréal. Les résultats devraient être connus dans les prochains mois.
La chercheuse et ses collègues travaillent en collaboration avec d’autres scientifiques dans le monde qui se penchent sur le sujet, dont Diana Ceballos, de l’École de santé publique de l’Université Harvard.
Mme Ceballos a mesuré l’exposition des travailleurs aux métaux lourds dans trois usines de recyclage américaines et huit pour cent des échantillons biologiques présentaient un taux inquiétant de plomb. « Ce sont souvent des entreprises qui se sont retrouvées dans l’industrie des déchets dangereux sans vraiment s’en rendre compte », remarque la professeure.
Ces travaux arrivent à point.
« C’est encore un nouveau type d’entreprise, alors il n’est pas trop tard pour intervenir » si le besoin se présente, estime Sabrina Gravel.