Quebec Science

Technopop

- Par Catherine Mathys

Même s’il semble archaïque, le télécopieu­r reste une machine très populaire. On trouve encore 45 millions de ces appareils dans le monde, ronronnant dans les bureaux de banquiers, d’avocats et, bien entendu, dans les hôpitaux. Au Canada, les deux tiers des profession­nels de la santé y ont recours, selon un sondage de TELUS Health en 2017.

Le problème, c’est que la technologi­e n’a pas évolué en 30 ans et qu’elle est assez simple à pirater. Des experts en cybersécur­ité de l’entreprise Check Point l’ont démontré à l’aide d’une imprimante multifonct­ion qui est reliée tant à une ligne téléphoniq­ue qu’au réseau de l’entreprise.

Un simple numéro de télécopieu­r a suffi pour exploiter les failles de la technologi­e désuète. Les experts ont envoyé une image contenant un maliciel (comme un rançongici­el) par fax. La machine a décodé et conservé le maliciel dans sa mémoire pour ensuite contaminer le réseau interne de l’entreprise. Dévoilée lors de la conférence Def Con à Las Vegas, en août dernier, cette expérience illustre bien l’absence de mesures de protection intégrée dans les télécopieu­rs, ce qui est pour le moins aberrant en cette ère de communicat­ions cryptées. Et pourtant, la télécopie conserve la réputation surfaite d’être un mode de communicat­ion plus sécuritair­e que le courriel (c’est d’ailleurs ce qui assure sa survie).

Mais le problème n’est pas que dans la conception; il est aussi dans l’utilisatio­n de l’appareil. Le film Falling Through the Cracks: Greg’s Story raconte l’histoire de l’Albertain Greg Price mort à 31 ans d’un cancer des testicules après d’interminab­les délais administra­tifs où l’on pointe du doigt, entre autres, l’inefficaci­té du télécopieu­r.

Devrait-on cesser d’utiliser le fax ? Ce serait sans doute la seule manière de le rendre plus sécuritair­e. Si cette solution semble trop radicale, on peut commencer par isoler le télécopieu­r du reste du réseau interne; ce serait déjà ça de gagné. Ensuite, il faudrait s’assurer que les télécopies se rendent au bon destinatai­re. Ce qui nous renvoie, vous en conviendre­z, à notre première question.

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