Les questions de Rémi Quirion SCIENTIFIQUE EN CHEF DU QUÉBEC*
R.Q.: Vous affirmez que, en nutrition, il serait difficile de trouver des études rigoureuses. Comment expliquez-vous cela ? Et comment peut-on le changer ?
M.P. : En fait, il y a plusieurs études rigoureuses en nutrition. Cependant, la nutrition n’est qu’une des nombreuses composantes de nos habitudes de vie qui, elles-mêmes, varient d’un pays à l’autre. Cela complique la reproductibilité dans la façon de mener ces recherches. Les solutions ? Faire en sorte que les études nutritionnelles adoptent un processus standardisé. Je codirige un groupe de recherche international sur ce sujet et nous espérons que nos futures recommandations seront mises en pratique partout dans le monde.
R.Q.: Qu’est-ce qui vous a menée à la recherche en nutrition?
M.P. : Je veux contribuer à faire évoluer la science de la nutrition différemment. Nous sous-estimons grandement le pouvoir de la nutrition dans la prévention; et la recherche se préoccupe trop de l’aspect curatif. Si on injectait plus d’argent pour établir et mettre en place de véritables stratégies de prévention, on créerait un changement de paradigme dans notre société. Malheureusement, les Instituts de recherche en santé du Canada ne semblent pas adopter cette tendance, car ils octroient très peu de subventions aux chercheurs en nutrition; et je ne fais plus partie du lot.
R.Q.: Quelle sera la prochaine étape de votre carrière scientifique?
M.P. : La prochaine étape se déroulera en trois temps. Je dois trouver du financement pour soutenir le développement de mon laboratoire. Puis, il me faut établir un lien clair entre la consommation des oméga-3 et la santé du cerveau lors du vieillissement. Enfin, je dois rédiger des recommandations nutritionnelles, fondées sur des profils alimentaires et des suppléments, qui pourraient mieux soutenir le cerveau pendant le vieillissement.