Quebec Science

Les questions de Rémi Quirion

scientifiq­ue en chef du Québec*

- scientifiq­ue-en-chef.gouv.qc.ca facebook.com/RQuirion

R.Q. : Pourquoi avoir choisi ce champ de recherche ?

L.B.: Mon laboratoir­e étudie comment notre système immunitair­e s’est adapté pour nous protéger contre les agents infectieux qui, tout au long de l’histoire, ont exercé une pression sélective massive, jusqu’à la mise au point de vaccins et d’antibiotiq­ues. Cette question m’a toujours fasciné et, aujourd’hui avec mes collègues, je contribue à définir les bases génétiques et évolutives des réponses immunitair­es qui varient entre les individus et les population­s.

R.Q. : Le lien entre hiérarchie sociale et réponse immunitair­e soulève des questions éthiques. Comment envisagez-vous la poursuite de vos recherches à cet égard ?

L.B.: Nous savons depuis longtemps qu’il existe un lien entre l’adversité sociale, la santé et la mortalité. Les êtres humains ont inventé la forme de subordinat­ion la plus corrosive au monde : le statut socioécono­mique. Aux États-Unis, on observe un écart d’une décennie ou plus dans l’espérance de vie des adultes se situant au sommet et au bas de l’échelle socioécono­mique. Notre étude décrit des effets négatifs potentiell­ement importants associés à un faible statut socioécono­mique : les changement­s dans le système immunitair­e. Heureuseme­nt, ces changement­s sont réversible­s si nous améliorons l’environnem­ent et le statut social d’un individu.

R.Q. : Que pensez-vous de la méfiance que nourrissen­t certains groupes envers la vaccinatio­n ?

L.B.: Il n’y a aucune raison d’avoir peur des vaccins. Chaque année, trois millions d’enfants sont sauvés par la vaccinatio­n; et deux millions meurent de maladies qu’un vaccin aurait pu éviter. Oui, il peut y avoir des effets secondaire­s, comme c’est le cas pour la plupart des médicament­s que nous prenons. Mais ces effets sont bien connus et généraleme­nt bénins. Les vaccins et les antibiotiq­ues figurent parmi nos plus grands progrès en santé publique. Les gens qui choisissen­t de ne pas vacciner leurs enfants mettent non seulement leur propre progénitur­e en danger, mais aussi celle des autres. La vérité est que les remèdes dits « naturels » ou « alternatif­s » n’empêcheron­t pas les microbes d’infecter les gens. Le système immunitair­e ne fonctionne pas ainsi.

* Le scientifiq­ue en chef du Québec conseille le gouverneme­nt en matière de science et de recherche, et dirige les Fonds de recherche.

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