Des « cacadeaux » tombés du ciel
Les fientes des volatiles sont aussi des outils précieux, notamment pour suivre la taille des populations de certains oiseaux. Par exemple, plusieurs espèces de manchots laissent des traces sur le couvert blanc de l’Antarctique. Quand vient le temps de la ponte, la tache foncée que laissent les déjections des colonies accélère la fonte de la neige, ce qui offre aux manchots un terrain de boue idéal pour couver leurs oeufs. Ce phénomène est aussi très pratique pour les scientifiques, car ces couches de guano foncé sont si vastes qu’on peut les voir de l’espace ! À l’aide d’images satellites, on peut ainsi évaluer la taille d’une colonie… par le biais de ses déjections. C’est entre autres grâce à cette méthode que la biologiste Michelle Larue a publié, dans la revue de la Société américaine d’ornithologie en 2014, le premier recensement global de la population de manchots Adélie.
Parfois, le guano s’accumule plu- tôt à la verticale. C’est le cas dans certaines grottes habitées par les chauves-souris, où les déjections peuvent s’entasser durant plusieurs centaines d’années, voire plus de un millénaire. En forant ces montagnes de guano afin d’effectuer une analyse chimique de « carottes de crottes », on peut remonter dans le temps. Ainsi, on obtient un registre qui permet, par exemple, de déduire l’évolution du climat sur une longue période. Dans les forêts, le cycle de l’azote varie annuellement en fonction des volumes de précipitations, ce qui a un impact sur la signature chimique de la nourriture consommée par les animaux. Un phénomène qu’une équipe de l’université de Floride du sud a récemment mis à profit pour reconstituer les régimes de précipitations hivernales du sud-est de l’Europe jusqu’en 1650, grâce aux offrandes de chauves-souris retrouvées dans une grotte, en Roumanie. lQS