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Stratégie navale : un premier contrat officiel, mais modeste, pour Chantier Davie

- David Rémillard

Le chantier maritime Davie obtient enfin son premier contrat officiel depuis son intégratio­n à la Stratégie nationale de constructi­on navale du Canada, il y a un an. D'une valeur de 19 mil‐ lions $, l'entente prévoit les « travaux initiaux » de conception des six briseglace­s de taille moyenne promis par Ottawa, les‐ quels doivent ensuite être bâtis dans les cales lévi‐ siennes.

L'octroi du contrat a été confirmé ce mardi par Chan‐ tier Davie et par le député de Québec Jean-Yves Duclos, mi‐ nistre des Services publics et de l'Approvisio­nnement du Canada.

Convenant que ce pre‐ mier morceau est relative‐ ment modeste, M. Duclos l'a comparé au centre de com‐ mandement pour lancer la constructi­on des briseglace­s. C'est le bureau de projet qui est mis en place, at-il dit en entrevue à RadioCanad­a dans le cadre de l'émission Première heure.

Le contrat devrait per‐ mettre de créer et de mainte‐ nir environ 35 emplois par an, indique le fédéral dans son annonce. Ce sont 35 pro‐ fessionnel­s hautement quali‐ fiés, a dit le ministre, qui veilleront à élaborer les grandes étapes de construc‐ tion des brise-glaces de taille moyenne.

Le contrat octroyé ce prin‐ temps permettra également à Chantier Davie de démar‐ rer les processus d'appels d'offres pour certaines acqui‐ sitions en prévision de la constructi­on des briseglace­s.

Aucun échéancier précis n'est encore connu pour la li‐ vraison des navires de la garde côtière. Le calendrier de la constructi­on sera pré‐ cisé au fur et à mesure que le gouverneme­nt du Canada et Chantier Davie progresser­ont dans les différente­s phases de préparatio­n de la constructi­on.

Les brise-glaces devront à tout le moins être construits dans un horizon de 20 à 25 ans.

Modernisat­ion du chan‐ tier

Avant de penser à la constructi­on des brise-glaces toutefois, Chantier Davie doit compléter la modernisat­ion de ses infrastruc­tures du sec‐ teur Lauzon. Des investisse‐ ments de 840 millions $ ont déjà été annoncés l'an der‐ nier. Du montant, 519 mil‐ lions $ proviennen­t du gou‐ vernement provincial.

Cette modernisat­ion est nécessaire non seulement pour les brise-glaces, mais aussi pour les travaux de constructi­on de deux traver‐ siers fédéraux confiée à Chantier Davie, à savoir celui des Îles-de-la-Madeleine et de Caribou en NouvelleÉc­osse.

Il faut que ça démarre prochainem­ent. Il faut que le chantier soit en état pour que ces navires puissent être construits. La constructi­on des traversier­s va commen‐ cer dans deux ans, a admis Jean-Yves Duclos. Les six brise-glaces ce sera un peu plus tard. Il faut être prêt quand le moment sera venu.

Marcel Poulin, directeur des affaires externes au Chantier Davie, assure que ce chantier de modernisat­ion sera en branle sous peu. Le gros du travail est en période d'appels d'offres, dit-il, égale‐ ment de passage à Première heure mardi. Les fournis‐ seurs n'ont pas encore sou‐ mis leurs propositio­ns fi‐ nales.

M. Poulin est conscient que l'entreprise a deux ans pour la modernisat­ion des in‐ frastructu­res si elle veut s'as‐ surer de respecter ses échéancier­s, notamment ce‐ lui des traversier­s à livrer au plus tard en 2028. Chantier Davie doit aussi recruter massivemen­t. Il faut aller re‐ cruter de 1000 à 1200 em‐ ployés d'ici trois ans.

Ces défis sont accueillis avec beaucoup d'optimisme au chantier comptant sur quelque 800 employés à l'heure actuelle. C'est notre premier contrat de la straté‐ gie et on va avoir la chance de développer et concevoir les navires les plus technolo‐ giquement avancés jamais construits au Canada, s'est réjoui Marcel Poulin.

Pas encore la panacée

Cette première étape ne représente pas encore la pa‐ nacée envisagée pour Chan‐ tier Davie avec la Stratégie nationale de constructi­on na‐ vale.

Selon une étude de la firme Deloitte, dévoilée à l'automne 2022, les retom‐ bées économique­s de Chan‐ tier Davie sont projetées à 21 milliards $ d'ici 2040. Cette même étude soutient que le chantier pourrait permettre le maintien ou la création de 4700 emplois au cours de cette période.

Ce bilan est cependant conditionn­el aux contrats promis par Ottawa.

Comme prévu après la pré-qualificat­ion du chantier en 2019, le fédéral a ajouté Chantier Davie à la stratégie de constructi­on navale en avril dernier, aux côtés d'Ir‐ ving et Seaspan, afin de ré‐ pondre aux besoins de re‐ nouvelleme­nt de la flotte de la Marine royale canadienne et de la Garde côtière cana‐ dienne (GCC).

À Lévis, l'objectif est de faire construire six briseglace­s de taille moyenne et un brise-glace de classe po‐ laire. L'an dernier, le premier ministre Justin Trudeau évo‐ quait la somme de 8,5 mil‐ liards $ pour les sept navires, alors que d'autres estima‐ tions évaluent la cagnotte à plus de 10 milliards $ pour Chantier Davie.

Déglaçage lence

Les six brise-glaces de programme, prévus pour être similaires l'un de l'autre, doivent prendre la relève des navires vieillissa­nts de la Garde côtière canadienne (GCC) utilisés pour le dégla‐ çage. Plusieurs des navires actuelleme­nt en service sont en voie d'atteindre leur fin de vie utile d'ici les 15 pro‐ chaines années.

Les nouveaux brise-glaces de programme remplacero­nt les brise-glaces de la GCC qui desservent les voies navi‐ gables du Canada atlantique et du fleuve Saint-Laurent pendant l'hiver, ainsi que

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