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Le spectre d’une sécheresse prolongée plane sur l’Alberta

- Anne Levasseur

Les signes laissant présa‐ ger un nouvel épisode de sécheresse sévère en Al‐ berta sont difficiles à igno‐ rer. L’hiver est à peine ter‐ miné, mais les réserves d’eau dans le sud de la pro‐ vince sont à des niveaux anormaleme­nt bas. Des avis de conservati­on de la ressource ont déjà été dif‐ fusés par certaines munici‐ palités et le secteur de l’agricultur­e est en état d’alerte avant même d’avoir commencé à semer.

Dans le district municipal de Pincher Creek, à 200 km au sud de Calgary, la prise d’eau qui dessert les quelque 4000 habitants de la région a cessé de fonctionne­r depuis août dernier, faute d’eau dans la rivière Crowsnest.

C’est la première fois que l’eau descend aussi bas, au point où notre prise n’est plus submergée.

David Cox, préfet du dis‐ trict municipal de Pincher Creek

La rivière est un affluent du réservoir Oldman, un des plus grands du sud de l’Al‐ berta. Selon les données ré‐ centes du gouverneme­nt provincial, son niveau est deux fois plus bas que la nor‐ male à cette période-ci de l’année.

Un peu plus à l’est, le ré‐ servoir St. Mary, qui alimente de son côté le plus grand dis‐ trict d’irrigation du Canada, contient pour sa part moins du quart de ses réserves ha‐ bituelles.

L’eau a toujours été une denrée rare en Alberta. De‐ puis des siècles, les séche‐ resses vont et viennent dans le climat semi-aride du sud de la province. Cependant, avec les changement­s clima‐ tiques, la rareté de l’eau est un problème de plus en plus préoccupan­t.

C’est un signal d’alarme. Dépendre d’une seule source d’approvisio­nnement nous rend très vulnérable­s aux aléas de la météo, dit David Cox.

D'ici quelques mois, le préfet espère obtenir les fonds pour creuser deux puits artésiens, ce qui leur permettrai­t de ne plus dé‐ pendre entièremen­t du débit de la rivière Crowsnest. En at‐ tendant, le district municipal de Pincher Creek a dû instal‐ ler une pompe temporaire dans le mince filet d’eau qui coule au fond du lit de la ri‐ vière Crowsnest.

Comme cela ne suffit pas dans les périodes de fortes demandes, le district doit aussi acheter de l’eau à la Ville de Pincher Creek et la transporte­r par camion, soir et matin, jusqu’à son usine de traitement des eaux. Le coût de tout ça est énorme, reconnaît David Cox.

Des revenus menacés

Pour tout le sud de l’Al‐ berta, des milliards de dollars en revenus agricoles pour‐ raient aussi être mis en péril si les réserves d’eau ne s’améliorent pas dans les prochains mois. Sans irriga‐ tion, les terres les plus ren‐ tables de la province ne peuvent pas produire à leur plein potentiel.

Selon un rapport d’ex‐ perts commandé en 2021 par l’Associatio­n des districts d’irrigation, moins de 5 % des terres agricoles albertaine­s sont irriguées, mais leur ren‐ dement représente 27 % des recettes du secteur agroali‐ mentaire provincial.

Une grande partie de nos récoltes dépend de l’irriga‐ tion.

Ryan Selk, copropriét­aire d’une ferme laitière

À titre d’exemple, le pro‐ ducteur laitier explique qu'une terre irriguée peut donner trois ou quatre ré‐ coltes de foin par an, contre une seule pour les cultures non irriguées. Or, pour irri‐ guer, il faut de l’eau, beau‐ coup d’eau.

Néanmoins, dans les Ro‐ cheuses, les quantités de neige reçues cet hiver sont jusqu’ici bien en deçà des seuils nécessaire­s pour re‐ mettre les réservoirs à flot.

Selon John Pomeroy, spé‐

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