Budget provincial : mettre en avant les dépenses, un choix politique selon des experts
Selon des experts, la Sas‐ katchewan a fait un choix politique en axant son bud‐ get sur les dépenses en santé, en éducation et dans les communautés. Ils soulignent que la province a tenté de mettre de l'avant des investissements « records » dans plusieurs domaines.
Il y a un peu moins d'une semaine, le gouvernement de la Saskatchewan a pré‐ senté son budget 2024-25, qui prévoit un déficit de 273,2 millions de dollars.
Le budget de cette année prévoit de nouveaux investis‐ sements records dans les salles de classe, les soins et les communautés, a répété la ministre des Finances, Donna Harpauer, lors de sa confé‐ rence de presse sur le bud‐ get.
Le premier ministre Scott Moe a lui aussi tenté de faire passer ce message fort lors de sa propre conférence de presse, avec une bannière af‐ fichant les phrases Augmen‐ tation record du financement pour les écoles, Augmenta‐ tion record du financement pour les soins de santé et Augmentation record du fi‐ nancement pour les commu‐ nautés.
Or, le directeur de la John‐ son Shoyama Graduate School of Public Policy à Re‐ gina, Jim Farney, explique que la plupart des annonces contenues dans le budget avaient été présentées au cours des semaines précé‐ dant sa présentation à l’As‐ semblée législative et que le déficit a été la seule véritable surprise.
Ils font ce choix en aug‐ mentant les dépenses du côté des programmes, ajoute-t-il. Je pense que c'est une décision politique qu'ils ont prise, c'est-à-dire qu'il est peut-être plus important d'in‐ vestir dans les services pu‐ blics que de mettre l'accent sur l'équilibre budgétaire.
Selon la professeure de politique publique à l’Univer‐ sité de la Saskatchewan Haiz‐ hen Mou, le Parti de la Sas‐ katchewan a pris une déci‐ sion audacieuse en augmen‐ tant les dépenses, avec une augmentation de seulement 0,9 % ou 184,2 millions de dollars de ses recettes.
Il s'agit d'un montant his‐ toriquement élevé de dé‐ penses pour tout, les soins de santé, l'éducation et le [budget] d'investissement, explique-t-elle.
Toutefois, compte tenu de l'inflation et de la croissance démographique, c'est plutôt normal. L'inflation signifie que tout devient plus cher. Combinée à l'augmentation de la population, cette situa‐ tion signifie que la province doit dépenser plus pour four‐ nir les mêmes services.
La professeure explique aussi qu’elle voit là un signe que le Parti Saskatchewanais est convaincu qu'il peut pré‐ parer le terrain pour son pro‐ chain mandat en faisant des investissements maintenant.
Même le nom du budget, "Salles de classe, soins et communautés'', est une bonne indication du change‐ ment de priorités de la pro‐ vince pour cet exercice finan‐ cier, ajoute-t-elle.
La décision de placer les salles de classe avant des mots tels que ''soins de san‐ té'' est intéressante étant donné que les soins de santé sont souvent un enjeu élec‐ toral.
Haizhen Mou estime que l'objectif du parti de Scott Moe était probablement d'aborder la question du conflit de travail en cours avec la Fédération des ensei‐ gnants de la Saskatchewan.
Cette année, la province veut résoudre ce problème immédiat, soulager cette pression immédiate, en dé‐ pensant beaucoup plus pour l'éducation que pour les soins de santé et les services sociaux, note-t-elle.
Selon l’experte, il est en‐ core trop tôt pour dire si ce message sera compris par les parents ou les électeurs. Haizhen Mou croit qu'il s'agira d'un sujet à surveiller alors que la province se di‐ rige vers des élections plus tard dans l'année.
D’après les informations d’Alexander Quon