Radio-Canada Info

Troisième audience en immigratio­n pour un ex-professeur de guerre informatiq­ue en Chine

- Catherine Moreau

Un ancien professeur, qui habite maintenant à Winni‐ peg et qui enseignait des techniques de guerre infor‐ matique dans une univer‐ sité militaire chinoise, doit se soumettre à une troi‐ sième audience d’immigra‐ tion au Canada.

Huajie Xu doit compa‐ raître devant la Section d’ap‐ pel de l’immigratio­n du Ca‐ nada, qui déterminer­a s'il fai‐ sait partie d'unités militaires chinoises chargées du cybe‐ respionnag­e contre le Ca‐ nada.

Le cas échéant, le ressor‐ tissant chinois serait interdit de territoire pour des raisons de sécurité, selon une déci‐ sion du juge Peter Pamel, de la Cour fédérale du Canada, publiée le 19 février dernier.

Le juge y souligne des problèmes concernant son admission au Canada en 2021, avec un visa de ré‐ sident permanent délivré dans le cadre de la demande de parrainage de son épouse, Ying Ruan, avec qui il vit à l’heure actuelle à Winni‐ peg.

Avant d’immigrer au Ca‐ nada, Huajie Xu a servi pen‐ dant 20 ans au sein de l'Ar‐ mée populaire de libération (APL), en Chine, et y a atteint le grade de lieutenant-colo‐ nel, selon les documents de cour.

Parallèlem­ent à cela, l’homme de 43 ans a aussi enseigné pendant 20 ans à la seule académie militaire pour la guerre électroniq­ue et cybernétiq­ue en Chine, l’Université d'ingénierie de l'informatio­n de l'APL (PLAIEU).

Cette dernière est réputée pour être un centre de re‐ cherche sur la guerre de l'in‐ formation pour l'armée chi‐ noise. En outre, les membres du départemen­t de l’APL qui contrôle l’université sont in‐ terdits de territoire au Ca‐ nada.

Considéré comme un danger pour la sécurité

L’Agence des services frontalier­s du Canada (ASFC) a détenu et questionné Hua‐ jie Xu dès son arrivée au pays, le 10 juillet 2021, soup‐ çonnant qu’il puisse être membre d’une organisati­on qui se livre à l’espionnage.

Une semaine plus tard, l’ASFC a publié un rapport se‐ lon lequel l’homme était in‐ terdit de territoire et a dé‐ claré qu'il était détenu en rai‐ son d'un danger pour la sé‐ curité du Canada.

En septembre 2021, la Section de l'immigratio­n a af‐ firmé qu'elle n'avait trouvé aucun motif pour interdire M. Xu de territoire. Le gou‐ vernement fédéral a ensuite porté la décision en appel.

En février 2023, la Section d’appel de l’immigratio­n du

Canada a confirmé la déci‐ sion d’admettre Huajie Xu au pays.

Or, dans sa décision du 19 février, le juge Peter Pamel reproche à la Section d’appel d’avoir fondé sa décision en grande partie sur le témoi‐ gnage d'un professeur de so‐ ciologie et de droit de l'Uni‐ versité de Toronto.

Ce professeur avait es‐ timé qu'il était peu probable que M. Xu ait été impliqué dans des objectifs militaires ou dans le cyberespio­nnage. Toutefois, il a ensuite admis ne pas avoir une connais‐ sance approfondi­e des uni‐ versités militaires en Chine.

Dans sa décision, le juge attire aussi l'attention sur une disjonctio­n apparente entre le rang élevé de M. Xu au sein de l'APL et les décla‐ rations qu'il a faites au sujet de son travail lors de son ar‐ rivée au Canada.

Huajie Xu avait déclaré à l'ASFC qu'il était un simple conférenci­er à la PLAIEU en‐ seignant des cours d'intro‐ duction au commandeme­nt militaire, comparant son sta‐ tut à celui d'un concierge ou d'un cuisinier.

Le juge Pamel qualifie la décision de la Section d'appel d’inintellig­ible et ordonne la tenue d'une nouvelle au‐ dience devant un comité dif‐ férent.

Ni l'ASFC ni les avocats de M. Xu n’ont été en mesure de faire des commentair­es lundi.

Avec les informatio­ns de Caroline Barghout, Karen Pauls et Bartley Kives

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