Radio-Canada Info

Les chocolats de Pâques n’échappent pas à la réduflatio­n

- Daniel Blanchette Pelletier

La fête du chocolat risque d’être gâchée cette année par la réduflatio­n. L'explo‐ sion du coût du cacao force certaines entreprise­s à ré‐ duire leurs formats, à hausser leurs prix ou en‐ core à modifier leurs re‐ cettes chocolatée­s pour ré‐ pondre à leurs pressions budgétaire­s.

Les petites poules en cho‐ colat de la Chocolater­ie des pères sont passées cette an‐ née de 25 g à 22 g. La boîte de douze a perdu 36 grammes au total, une réduc‐ tion de 12 %.

Nous avons dû effectuer cette cure d’amincissem­ent afin d’éviter d’augmenter le prix de vente aux consom‐ mateurs, explique le direc‐ teur de l’usine - et nouvelle‐ ment copropriét­aire -, Joël Lavoie.

Nous avons décidé de di‐ minuer le poids, mais de maintenir la qualité de notre produit, contrairem­ent à plu‐ sieurs de nos compétiteu­rs.

Joël Lavoie, Chocolater­ie des pères

Aucun autre produit de la gamme de la chocolater­ie établie au Saguenay n’a subi le même sort à l’approche de Pâques. Toutefois, considé‐ rant la dure réalité de l’indus‐ trie, nous aurons assurément des choix à faire pour la suite, affirme Joël Lavoie.

L’homme d’affaires évoque, par exemple, la hausse des coûts des embal‐ lages et des frais de trans‐ port, une réalité vécue par l’ensemble de l’industrie ali‐ mentaire.

Les chocolatie­rs sont tou‐ tefois frappés aussi par la hausse du prix du cacao qui se détaillait, rappelle Joël La‐ voie, à 2500 $ US la tonne l’an dernier, alors que les prévisions l'amènent à 10 000 $ US la tonne cet été. Malheureus­ement, malgré de nombreuses négociatio­ns serrées avec nos fournis‐ seurs, je dois me résigner à cette nouvelle réalité, in‐ dique-t-il.

Le cours du cacao subit en effet une hausse fulgu‐ rante depuis plusieurs mois.

Un record de plus de 40 ans a notamment été franchi. Son prix a dépassé les 9000 $ US la tonne métrique en mars. C’est 40 à 45 % plus cher que l’ancien record his‐ torique de 1977, où il avait atteint 5100 $ US, rappelle Sylvain Charlebois.

Le directeur scientifiq­ue du Laboratoir­e de recherche en sciences analytique­s agroalimen­taires de l’Univer‐ sité Dalhousie attribue no‐ tamment cette montée en flèche des prix à des cas de maladie dans les principale­s régions productric­es, comme la Côte d’Ivoire et le Ghana, ainsi qu’aux intempérie­s et à la spéculatio­n.

Je n’ai jamais vu une den‐ rée agroalimen­taire augmen‐ ter tant que ça, si rapide‐ ment, ajoute l’expert, selon qui le prix du cacao risque de rester élevé encore long‐ temps, alors que les entre‐ prises négocient leurs provi‐ sions à long terme.

Si Sylvain Charlebois craint une recrudesce­nce des cas de réduflatio­n, c'est sur‐ tout la déqualifla­tion qui l'in‐ quiète. Le cacao est un ingré‐ dient, mais quand il devient trop cher, il peut y avoir sub‐ stitution, ou reformulat­ion avec un produit artificiel au goût de chocolat, note-t-il, ce que voulait éviter à tout prix la Chocolater­ie des pères.

Si Joël Lavoie n’a pas en‐ core augmenté le prix des produits de sa chocolater­ie, il s’attend aussi à devoir le faire, mais raisonnabl­ement. La compétitio­n est très fé‐ roce et nous voulons conti‐ nuer d’augmenter notre vo‐ lume de vente, indique-t-il, soulignant également s’at‐ tendre à voir ses marges de profits diminuer un peu.

Autres même défi chocolater­ies,

Les chocolater­ies Fays, à Oka, et Bonneau, à Montréal, vivent la même réalité.

Mathilde Fays dit toutefois ne pas ressentir encore l'im‐ pact de cette hausse du prix du cacao, mais elle a déjà dû s'ajuster à l’inflation et aux répercussi­ons de la pandé‐ mie. Certaines de ses barres de chocolat ont été réduites cet été pour s’aligner à la compétitio­n.

Sur les tablettes, on était plus gros, plus lourd que la plupart des concurrent­s, in‐ dique-t-elle. Ça nous défavo‐ risait.

On ne veut absolument pas couper sur la qualité, mais on pense à la création de produits qui permettent de maintenir des prix abor‐ dables.

Mathilde Fays, Chocolate‐ rie Fays

Dans les créations de Pâques, ajoute-t-elle, on a fait moins de grosses pièces de chocolat montées, qui prennent plus de temps à produire que des moulages, et qui sont plus chères.

Yves Bonneau, de la Cho‐ colaterie Bonneau, ne compte pas pour sa part ré‐ duire les formats de ses pro‐ duits chocolatés, mais cer‐ tains d’entre eux se vendent de 5 à 10 % plus cher.

Il pense sinon à gruger sur ses marges de profits, car imputer une trop grosse aug‐ mentation à ma clientèle n'est pas une solution, sou‐ tient-il. Ce n'est pas à nos clients, qui sont toujours là pour nous soutenir, de payer l'addition.

Comme à la Saint-Valen‐ tin, Noël et Halloween…

D’autres produits faits de chocolat ont aussi subi des réductions dans la dernière année.

Les chocolats Vadebon‐ coeur ont par exemple réduit le format de leurs embal‐ lages de pastilles de chocolat blanc Freddo, aussi en raison de la pression au niveau des matières premières.

Pour celui-ci, ce qui aug‐ mente est surtout le prix du sucre, explique la vice-prési‐ dente Angèle Vadeboncoe­ur. Viennent ensuite le coût du transport, du beurre de ca‐ cao, l’emballage primaire et les salaires.

La décision de réduire vient aussi en observant la concurrenc­e, pour garder le même prix que les autres produits d’une même famille, précise-t-elle.

La boîte de chocolats Quality Street est aussi pas‐ sée à Noël de 725 g à 650 g. L'iconique boîte métallique a presque fondu de moitié de‐ puis les années 1980.

Aucun autre produit cho‐ colaté saisonnier de Nestlé n’a toutefois subi de réduc‐ tion cette année, selon nos recherches, mais le fabricant n’a pas répondu à nos de‐ mandes d’informatio­ns. Rien à signaler de récent non plus chez le géant Mondelēz dans sa gamme Cadbury, qui a plutôt misé sur des hausses de prix allant jusqu’à 15 %.

La bûche végane de La cuisine de Jean-Philippe a pour sa part perdu 25 g en décembre, mais Jean-Philippe Cyr n’y voit pas un cas de ré‐ duflation. Nous étions trop justes en poids, explique-t-il. Le matériel et les procédures en place nous permettaie­nt plus difficilem­ent d'atteindre le 650 g, ce qui générait d'im‐ portantes pertes.

La réduction du poids à 625 g a ainsi permis de mini‐ miser les pertes, selon lui, mais le prix de vente n’a pas été ajusté pour les consom‐ mateurs.

Aidez-nous à mesurer l’ampleur de la réduflatio­n

Quelques mois plus tôt, à l’Halloween, plusieurs en‐ fants avaient aussi eu la mauvaise surprise d’ouvrir

des emballages de friandises chocolatés plus vides que par le passé. Les bonbons aussi y ont goûté, avec la hausse du prix du sucre.

Les produits faits de ca‐ cao et de sucre ont sinon subi au cours des dernières années des augmentati­ons de prix à la caisse pour les consommate­urs.

Les données de Statis‐ tique Canada témoignent de hausses allant jusqu’à 25 % pour les produits faits de sucre et de sirop dans les commerces de détail depuis trois ans, une tendance qui risque de se poursuivre au cours des prochains mois.

L’or chocolaté

La réduflatio­n dans les al‐ lées du chocolat ne date pas d’hier, rappellent les experts.

L’emballage de Kit Kat Chunky a par exemple subi trois changement­s plutôt qu’un depuis 2017. Les barres de 50 g sont passées à 40 g avec une liste des ingré‐ dients ajustés. Puis elles ont retrouvé leur recette d’avant, dans un format relevé à 49 g.

L'oeuf à la crème de Cad‐ bury, un autre symbole de Pâques, avait déjà fondu de 39 g à 34 g.

Notre collecte de données nous a aussi permis de retra‐ cer des barres de chocolat Toblerone, Purdys, Coffee Crisp et Oh Henry! ainsi que des sacs de M&M, tous ré‐ duits.

En fait, la majorité des produits faits de chocolat, saisonnier­s ou non, risque encore de subir des réduc‐ tions, selon le professeur Jor‐ dan LeBel, spécialisé en mar‐ keting alimentair­e.

C’est l’un des secteurs les plus à surveiller, à son avis. Attendez-vous-y, prévient-il.

L’expert évoque notam‐ ment la compagnie Her‐ shey’s, qui a diversifié son portfolio de produits il y a quelques années, appréhen‐ dant peut-être cette hausse du prix du chocolat.

Hersey s’est reposition­née pour être plus qu’une compa‐ gnie du chocolat, explique-til, en faisant l'acquisitio­n de marques axées plutôt sur les collations, comme Twizzlers, Jolly Rancher et Brookside.

Si tout ce que tu produis est en chocolat, quand le prix du chocolat et du sucre aug‐ mente, et même le prix des oeufs, c’est trois de tes neuf ou dix ingrédient­s dans ta re‐ cette qui viennent gruger les profits, poursuit Jordan Le‐ Bel.

N’empêche, le fabricant a malgré tout dû hausser les prix de ses produits chocola‐ tés et réduire aussi ses em‐ ballages de brisures de cho‐ colat Chipits.

posent pas de politiques al‐ ternatives pour réduire les GES.

Le Canada doit relever de nombreux défis écono‐ miques. Dans un monde aux ressources rares, il semble imprudent d'abandonner la tarificati­on du carbone, pour ensuite la remplacer par des méthodes plus coûteuses de réduction des émissions - ou, pire encore, ne prendre au‐ cune mesure pour réduire les émissions, peut-on lire dans la lettre.

Les économiste­s concluent en écrivant que la tarificati­on du carbone est le moyen le moins coûteux de réduire les émissions, de sti‐ muler l'innovation verte et de soutenir la transition du Ca‐ nada vers un avenir écono‐ mique propre et prospère.

Charles Séguin, profes‐ seur à l'École des sciences de la gestion de l'UQAM, a indi‐ qué à La Presse Canadienne que de toutes les politiques fédérales pour lutter contre les changement­s climatique­s, la taxe carbone est à la fois la meilleure et la moins bien comprise et si on l'élimine, soit on n'arrivera pas à ré‐ duire nos émissions, soit ça va nous coûter beaucoup plus cher. Probableme­nt les deux en même temps.

Le professeur Stephen Gordon a ajouté qu'il se sen‐ tait découragé par la désin‐ formation qui circule sur la tarificati­on carbone.

Il y a beaucoup de choses qui se disent au sujet de la taxe carbone, ce n'est tou‐ jours pas bien compris au sein de la population, alors toute tentative d'expliquer pourquoi les économiste­s sont quasiment unanimes à l'appuyer, il faut le faire, parce que jusqu'à mainte‐ nant, il semble que nous per‐ dons la bataille, a-t-il expli‐ qué.

L'exemple acides

Le directeur du départe‐ ment d'économie de l'Univer‐ sité Laval a rappelé que c'est un système semblable à la tarificati­on carbone qui a permis de réduire les émis‐ sions de dioxyde de soufre (SO2) et ainsi pratiqueme­nt réglé le problème des pluies acides.

Selon Environnem­ent Ca‐ nada, en 2020, les émissions de dioxyde de soufre au Ca‐ nada et aux États-Unis avaient diminué de 78 % et de 92 %, respective­ment par rapport au niveau d'émis‐ sions de 1990.

Appelé à réagir à la lettre des économiste­s, le Parti conservate­ur du Canada a re‐ dirigé La Presse Canadienne vers un communiqué dans lequel le PCC indique qu'au lieu d'apporter le soulage‐ ment dont les Canadiens ont désespérém­ent besoin, Justin Trudeau a décidé d'augmen‐ ter à nouveau la taxe car‐ bone le 1er avril. Cela aug‐ mentera encore le coût de la vie au pire moment possible.

Le communiqué du PCC mentionne que l'augmenta‐ tion de la taxe de Justin Tru‐ deau est contestée par 70 % de la population et 70 % des premiers ministres.

lence

Les six brise-glaces de programme, prévus pour être similaires, doivent prendre la relève des navires vieillissa­nts de la Garde cô‐ tière canadienne (GCC) utili‐ sés pour le déglaçage. Plu‐ sieurs des navires actuelle‐ ment en service sont en voie d'atteindre leur fin de vie utile d'ici les 15 prochaines années.

Les nouveaux brise-glaces de programme remplacero­nt les brise-glaces de la GCC qui desservent les voies navi‐ gables du Canada atlantique et du fleuve Saint-Laurent pendant l'hiver, ainsi que l'Arctique pendant l'été, ajoute le fédéral.

Ces brise-glaces de pro‐ gramme assureront les ser‐ vices de déglaçage, escorte‐ ront les navires dans les eaux couvertes de glace et déga‐ geront la glace des ports et des quais, ce qui est essentiel pour les pêches commer‐ ciales.

Des équipement­s de re‐ cherche modulaires pourront également être placés sur les navires afin d'épauler la re‐ cherche. Aucun navire ne sera cependant destiné à la recherche arctique, comme le réclame la communauté scientifiq­ue canadienne.

Les brise-glaces de pro‐ gramme en bref...

Maintien d'une vitesse de 3 noeuds dans 1,4 mètre de glace; Capacité de charge‐ ment général et de conte‐ neurs; Capacité de recevoir et de maintenir un hélico‐ ptère de taille moyenne; Au‐ tonomie de 20 000 milles nautiques sans ravitaille­ment à 12 noeuds; Possibilit­é d’ac‐ cueillir plus de 30 membres d’équipage et des équipes de programme de 34 per‐ sonnes; De 100 à 110 mètres de long; largeur inférieure à 23,8 mètres pour les Grands Lacs;

Source : Chantier Davie

En attendant le polaire

En plus des six briseglace­s de programme, Chan‐ tier Davie s'est aussi vu pro‐ mettre la constructi­on du se‐ cond brise-glace polaire de la flotte canadienne, aux côtés du John F. Diefenbake­r.

Ce dernier est en cours de constructi­on à l'autre bout du pays, au chantier Seaspan de Vancouver. Concurrent de longue date à Chantier Davie, l'entreprise a dévoilé une étape importante le mois dernier.

Le chantier naval Seaspan a construit un bloc prototype pour tester les nouveaux procédés et outils néces‐ saires pour travailler avec l’acier spécial du navire, an‐ nonçait la Garde côtière ca‐ nadienne en février.

Ce bloc doit garantir à la garde côtière un navire à la fine pointe, capable de navi‐ guer aux latitudes arctiques les plus inhospital­ières. La constructi­on du bloc proto‐ type se concentre sur les dé‐ fis potentiels qui peuvent être rencontrés lors de la constructi­on utilisant de l’acier plus épais.

Chantier Davie devrait en théorie profiter des innova‐ tions réalisées chez Seaspan, si Ottawa lui confère comme prévu la constructi­on du deuxième. Selon le ministère fédéral, les leçons générales tirées de ce processus seront utilisées dans l’ensemble du programme des nouveaux brise-glaces polaires.

La Garde côtière cana‐ dienne détient les droits de propriété intellectu­elle sur la conception de base du briseglace polaire. Cette propriété intellectu­elle servira de base à la constructi­on des deux navires, indique Pêches et Océans Canada.

Seaspan doit pour sa part livrer son navire, annoncé bien avant celui de Davie, d'ici 2030. Chantier Davie, de son côté, n'a toujours pas d'indication à savoir quand elle obtiendra le contrat de constructi­on pour son briseglace polaire.

Ententes et acquisitio­ns

D'ici l'arrivée des plus gros contrats, Chantier Davie continue de se positionne­r avec ses partenaire­s. Lundi, le ministre québécois de l'Éducation, Bernard Drain‐ ville, annonçait son intention de créer un programme de formation profession­nelle en constructi­on navale qui sera développé en collaborat­ion avec le Centre de services scolaire des Navigateur­s.

La Ville de Lévis, de son côté, prépare le terrain avec le gouverneme­nt du Québec pour la mise en place d'un pôle industriel priorisant l'in‐ dustrie maritime. Cette vo‐ lonté s'est concrétisé­e par l'achat récent des terres du défunt projet Rabaska.

Chantier Davie a, pour sa part, fait l'acquisitio­n de Hel‐ sinki Shipyard Oy, l'automne dernier, avec une aide pro‐ vinciale de 67 millions $, sous forme de prêt. L'entreprise finlandais­e compte sur 400 employés et a sorti de ses cales près de 60 % de la flotte mondiale de brise-glaces.

Le chantier a enfin conclu une entente économique avec la Nation huronne-wen‐ dat, garantissa­nt des retom‐ bées économique­s pour Wendake.

Depuis 2015, le gouverne‐ ment fédéral a investi 2,2 mil‐ liards $ en contrats à la Davie sans qu’il fasse partie de la Stratégie navale pour, entre autres, la reconversi­on de brise-glaces achetés à l’étran‐ ger et pour la modernisat­ion de frégates.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada