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Tarificati­on carbone : 165 professeur­s d’économie canadiens plaident en sa faveur

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En fin d'après-midi mardi, 165 économiste­s, profes‐ seurs et directeurs de dé‐ partements, provenant des principale­s université­s du pays, avaient signé une lettre ouverte pour recti‐ fier les faits sur « la tarifi‐ cation sur le carbone », car actuelleme­nt, selon eux, le débat public sur le sujet « n'est pas sain » et n'est pas basé sur la réalité.

C'est un professeur émé‐ rite de l'Université Simon Fra‐ ser, Richard George Lipsey, qui a envoyé un courriel à ses collègues à travers le pays mardi pour leur deman‐ der de signer la lettre.

Dans le premier para‐ graphe de la lettre, celui qui est officier de l'Ordre du Ca‐ nada résume ainsi les points clés de la démarche : En tant qu'économiste­s, nous sommes préoccupés par les menaces importante­s liées au changement climatique. Nous encourageo­ns les gou‐ vernements à recourir à des politiques économique­ment sensées pour réduire les émissions à faible coût, ré‐ pondre aux préoccupat­ions des Canadiens en matière d'abordabili­té, maintenir la compétitiv­ité des entreprise­s et soutenir la transition du Canada vers une économie à faibles émissions de carbone. La politique canadienne de tarificati­on du carbone fait tout cela, écrit le professeur Lipsey.

Selon le directeur du dé‐ partement d'économie de l'Université Laval, Stephen Gordon, il est quasi unanime chez les économiste­s que la tarificati­on sur le carbone est le meilleur moyen de lutter contre les changement­s cli‐ matiques.

Mais le Parti conservate­ur du Canada (PCC) voit les choses autrement. Par exemple, son chef Pierre Poi‐ lievre ne manque pas une oc‐ casion de tenter de convaincre l'électeur que cette mesure ne permet pas de réduire les GES, et qu'elle est la principale cause de l'in‐ flation.

M. Poilievre demande que le gouverneme­nt supprime purement et simplement la tarificati­on sur le carbone.

À aucun moment dans la lettre, les économiste­s ne font référence à Pierre Poi‐ lievre, mais ils répondent aux allégation­s du chef du PCC.

Allégation : la tarifica‐ tion sur le carbone ne ré‐ duira pas les émissions de GES

Non seulement la tarifica‐ tion sur le carbone réduit les émissions, mais elle le fait à un coût inférieur à celui des autres approches, selon les économiste­s qui indiquent que c'est une question de gros bon sens, car lorsque quelque chose coûte plus cher (dans ce cas, les com‐ bustibles fossiles), les gens en consomment moins, c'est une question d'économie fondamenta­le.

La tarificati­on du carbone est l'approche la moins coû‐ teuse, car elle permet aux personnes et aux entreprise­s la flexibilit­é de choisir la meilleure façon de réduire leur empreinte carbone, peut-on lire dans la lettre qui souligne également que d'autres méthodes, telles que les réglementa­tions directes ont tendance à être plus in‐ trusives et rigides, et coûtent plus cher.

Allégation : la tarifica‐ tion du carbone fait grim‐ per le coût de la vie et constitue une cause ma‐ jeure de l'inflation

Selon les professeur­s d'économie qui ont signé la lettre, la forte augmentati­on de l'inflation dans les der‐ nières années a été causée principale­ment par la pandé‐ mie (chaînes d'approvisio­n‐ nement perturbées, crois‐ sance rapide de la masse monétaire et demande re‐ foulée) ainsi que la guerre en Ukraine.

C'est pourquoi la plupart des pays avancés - qu'ils aient ou non un prix sur le carbone - ont connu une in‐ flation très similaire, rap‐ pellent les signataire­s.

Ils soulignent également que la plupart des familles reçoivent plus d'argent en re‐ mises qu'en tarificati­on du carbone, en particulie­r celles à revenus faibles ou moyens.

Allégation : la tarifica‐ tion du carbone nuit à la compétitiv­ité des entre‐ prises canadienne­s

Selon les dizaines d'éco‐ nomistes signataire­s de la lettre, le système canadien de tarificati­on sur le carbone est conçu pour aider les en‐ treprises à réduire leurs émissions à faible coût, tout en étant compétitiv­es dans la nouvelle économie mondiale à faibles émissions de car‐ bone.

Pour les secteurs qui émettent le plus de GES, comme le pétrole, l'acier et le ciment, il existe un système de tarificati­on sur le carbone basé sur les résultats, ce qui signifie que `les entreprise­s les moins émettrices paient moins tandis que les entre‐ prises les plus émettrices paient plus, ce qui incite for‐ tement toutes les entreprise­s à réduire leurs émissions'.

Les économiste­s sou‐ lignent que le système est conçu pour maintenir la com‐ pétitivité des industries en veillant à ce que le prix du carbone n'entrave pas leur capacité à rester rentables et à générer des emplois au Ca‐ nada tout en étant compéti‐ tives à l'échelle internatio‐ nale.

Ils sont également d'avis que la tarificati­on sur le car‐ bone stimule l'innovation en encouragea­nt la création et l'adoption de technologi­es à faibles émissions de CO2, ce qui aide les entreprise­s cana‐ diennes dans tous les sec‐ teurs à rester compétitiv­es dans la transition mondiale vers une économie à faibles émissions de carbone.

Allégation : la tarifica‐ tion du carbone n'est pas nécessaire

Selon les signataire­s, les critiques ont raison, le Ca‐ nada pourrait atteindre ses objectifs de réduction de GES tout en abandonnan­t la tarifi‐ cation sur le carbone, mais cela coûterait beaucoup plus cher.

Ils soulignent que les plus grands opposants à la tarifi‐ cation sur le carbone ne pro‐

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