Radio-Canada Info

Les civières de l’Hôpital de Sept-Îles encore plus occupées

- Michèle Bouchard

Depuis quelques jours, les urgences de Sept-Îles sont à nouveau engorgées. Mardi avant-midi, le taux d'occupation moyen était de 300 % à l'Hôpital et au CLSC de Sept-Îles, selon le site Index Santé. Un risque « certain » pour les usa‐ gers, selon des experts.

Un tel taux engendre des risques plus grands pour la sécurité des patients, admet le directeur des services pro‐ fessionnel­s de l’enseigne‐ ment universita­ire du CISSS de la Côte-Nord, le Dr JeanFranço­is Labelle.

Selon ses observatio­ns, ce taux est nettement plus élevé que la moyenne, qui se situe régulièrem­ent à 150 %.

Le surachalan­dage des lits, ça nous fouette de plein fouet.

Dr Jean-François Labelle, directeur des services profes‐ sionnels de l'enseigneme­nt universita­ire

Il explique cette hausse par trois facteurs : le nombre limité de civières à l’urgence, une montée des virus respi‐ ratoires et de nombreux pa‐ tients qui attendent une place en CHSLD. Ces trois fac‐ teurs ont été montrés du doigt à plusieurs reprises, alors que les urgences dé‐ bordaient en décembre et en janvier derniers.

Il faut trouver des milieux de vie pour nos personnes âgées, il faut être créatifs pour trouver des endroits, et le faire rapidement, lance Jean-François Labelle.

Il manquerait 400 places dans les résidences privées pour personnes âgées sur la Côte-Nord, selon des calculs fondés sur un rapport du vé‐ rificateur général de 20212022. Et ce besoin ne fera qu'augmenter, alors que la population vieillit et diminue.

Selon le président du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet, il faudrait miser sur les soins à domicile pour les personnes âgées. Tant qu’on n'enverra pas des médecins chez elles, on va continuer de parler de la crise dans les urgences, lance-t-il.

La livraison de la Maison des aînés à Baie-Comeau, prévue pour le printemps 2024, ajoutera 48 places au réseau, ce qui permettra de relâcher la pression dans les urgences, selon le CISSS.

Où est le personnel?

Jean-François Labelle es‐ time que les services offerts aux patients deviendrai­ent plus fonctionne­ls si des mé‐ decins et autres profession‐ nels de la santé étaient enga‐ gés pour soutenir l'équipe médicale et offrir des ser‐ vices à la population.

Cependant, même s'il ad‐ met qu'un deuxième urgen‐ tologue serait plus que né‐ cessaire, il ne considère pas qu'il s'agisse d'une bonne so‐ lution à court terme.

Actuelleme­nt, le ministère n’a pas assez de médecins dépanneurs pour répondre à

tous les besoins au Québec. Donc, engager [un deuxième urgentolog­ue] engendrera­it des ruptures de services dans d’autres salles d’ur‐ gence, argumente-t-il.

De son côté, la présidente du Syndicat des interve‐ nantes et intervenan­ts de la santé du Nord-Est québécois, Karine Ouellet-Moreau, es‐ time que ses membres, les infirmière­s, infirmière­s auxi‐ liaires et inhalothér­apeutes, subissent les impacts de ces débordemen­ts. Ça leur ap‐ porte une surcharge de tra‐ vail. C’est plus difficile de donner des soins sécuri‐ taires, de qualité.

Le président du Conseil pour la protection des ma‐ lades en a assez d'entendre que la pénurie d'employés justifie de piètres services pour les patients.

La pénurie a le dos large. Certains CISSS ont moins de manques que d’autres, on a plus le goût d'y travailler, ré‐ torque Paul Brunet, qui dé‐ plore que le CISSS mette en jeu la santé et l'intégrité des patients.

Des travaux plus qu'at‐ tendus

Le CISSS de la Côte-Nord estime que les travaux d’agrandisse­ment de l’Hôpital de Sept-Îles vont notamment contribuer à diminuer l’at‐ tente à l’urgence régionale.

On doit avoir une salle d’attente qui répond à nos besoins réels. On espère que le projet verra le jour le plus rapidement possible, ex‐ prime le Dr Labelle.

En effet, en plus de mo‐ derniser l'urgence, ces réno‐ vations majeures feront pas‐ ser sa capacité de 10 à 14 ci‐ vières, divisées par des murs et non plus par des rideaux.

Ces travaux devraient améliorer les conditions de vie du personnel, mais égale‐ ment des usagers. Il y a plus de deux ans, le ministre de la Santé et des Services so‐ ciaux, Christian Dubé, avait qualifié les conditions de tra‐ vail à l’hôpital de déplorable­s.

D'après les informatio­ns de Charles-Étienne Drouin

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