L’Alberta continue d’investir dans le secteur privé pour diminuer les délais chirurgicaux
Par un investissement de 313 millions de dollars sur trois ans dans un pro‐ gramme nommé Initiative chirurgicale Alberta, la mi‐ nistre de la Santé, Adriana LaGrange, veut réduire les délais d'attente pour les chirurgies dans la province.
Annoncée en 2019, Initia‐ tive chirurgicale Alberta (ASI) a introduit une expansion des soins de santé dans des cliniques chirurgicales pri‐ vées, donc à but lucratif.
Dans le budget 2023, les investissements s'élevaient à 237 millions de dollars sur trois ans pour l’ASI. Le plus récent budget représente donc une augmentation de 76 millions de dollars qui iront dans ce programme.
La province n'a pas voulu préciser quelle proportion des investissements à l’ASI ira spécifiquement aux cliniques chirurgicales privées.
Les 313 millions de dollars sont entièrement destinés aux établissements publics, y compris les établissements chirurgicaux agréés, a ré‐ pondu Andrea Smith, l'atta‐ chée de presse du ministère de la Santé.
Or, ces établissements chirurgicaux agréés sont des cliniques privées auxquelles Services de santé Alberta (AHS) octroie des contrats de chirurgie depuis l'introduc‐ tion de l'Initiative chirurgicale Alberta. C’est la province qui prend la facture, le patient n’a rien à payer.
Nous sommes mainte‐ nant en bonne voie pour réa‐ liser environ 305 000 inter‐ ventions chirurgicales au cours de cet exercice fiscal, explique le président-direc‐ teur général par intérim de Services de santé Alberta, Sean Chilton.
De ce nombre, il précise que 60 000 chirurgies sont effectuées dans des cliniques privées.
Un risque de détourner du personnel des établisse‐ ments publics
L’argument principal pour utiliser ces cliniques à but lu‐ cratif est que cela décharge les salles d'opération d’hôpi‐ taux pour des chirurgies plus complexes, explique la mi‐ nistre de la Santé.
Un argument que réfute le chercheur en politiques de santé à l'Université Simon Fraser Andrew Longhurst. En effectuant plusieurs de‐ mandes d’accès à l’informa‐ tion, il a publié une étude (en anglais) sur les délais d'at‐ tente pour les chirurgies en Alberta depuis la mise en place de l’ASI.
Il explique que sa re‐ cherche montre qu'en trans‐ férant les ressources finan‐ cières et humaines des hôpi‐ taux publics vers des établis‐ sements à but lucratif, il est devenu plus difficile pour les hôpitaux publics de pratiquer le même nombre d'interven‐ tions chirurgicales qu'aupara‐ vant et il leur a été impos‐ sible d'augmenter le nombre d'interventions.
Il ajoute que ce pro‐ gramme détourne du per‐ sonnel des hôpitaux publics.
Il n'y a pas de maind'oeuvre distincte qui n'at‐ tend que de travailler dans les établissements privés à but lucratif. Ils doivent venir de quelque part.
Andrew Longhurst, cher‐ cheur en politique de santé à l'Université Simon Fraser
De son côté, le présidentdirecteur général de Services de santé Alberta, M. Chilton, soutient que les délais d'at‐ tente ont diminué cette an‐ née.
Il y a 4400 cas en moins cette année qui attendent au-delà des délais clinique‐ ment recommandés.
Il ajoute qu’en comparai‐ son avec l'an dernier, il y au‐ rait une augmentation de 5 % du nombre de chirurgies.
Andrew Longhurst appelle à la prudence avec ses chiffres.
Je dirais qu'il est très diffi‐ cile de spéculer sans connaître le type de procé‐ dures.
Il explique que les chirur‐ gies, pour les cataractes, par exemple, sont des procé‐ dures tellement rapides que c'est comme une ligne d'usine.
Les provinces où le sec‐ teur privé à but lucratif est le plus présent - l'Alberta, la Co‐ lombie-Britannique, la Sas‐ katchewan, le Québec - sont en fait les provinces qui ont les temps d'attente les plus longs, soutient M. Longhurst.
Investissement en gion
Infrastructure Alberta tra‐ vaille actuellement sur 20 projets dans 11 communau‐ tés différentes, et pas seule‐ ment dans nos grandes villes, a annoncé le ministre des In‐ frastructures, Pete Guthrie.
Parmi ces projets, certains sont déjà en cours, notam‐ ment à Lethbridge, où deux salles d'opération sont en train d’être modernisées.
Une annonce qui réjouit le secrétaire parlementaire pour la santé rurale, Martin Long. Les investissements profiteront aux communau‐ tés rurales comme celle que je suis fier d'appeler ma mai‐ son.
Martin Long est député du Parti conservateur uni pour la circonscription élec‐ torale Yellowhead-Ouest, si‐ tuée dans l'ouest de la pro‐ vince. Elle comprend les villes d'Edson, Hinton et Jasper.