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Régler l’addition avant même d’aller au restaurant

- Gabriel Paré-Asatoory

Quand des tables réservées au restaurant demeurent vides : des restaurate­urs prennent les grands moyens pour éviter ce qu'ils appellent des « noshows ». Colombe SaintPierr­e, propriétai­re de Chez Saint-Pierre, au Bic, fera payer ses clients avant même qu'ils ne se pré‐ sentent à son restaurant.

La cheffe proposera un menu à l'aveugle qui ne pourra être modifié. Les clients devront régler l'addi‐ tion au moment de réserver leur place.

Dans certaines soirées, qu'une table, deux tables ne se présentent pas après avoir réservé, on ne plus caution‐ ner ça. On ne peut plus fi‐ nancer le fait de perdre des clients parce qu'ils ont ré‐ servé, mais ne se présentent pas à la dernière minute, ex‐ plique Colombe Saint-Pierre.

C'est un peu ce que les restaurant­s sont obligés de faire pour pouvoir s'en sortir. Colombe Saint-Pierre

Les clients qui ont réservé et qui doivent annuler ne pourront être remboursés, peu importe la raison. Ils de‐ vront vendre leur réserva‐ tion. Une façon de faire que la cheffe compare à l'achat d'un billet pour assister à un spectacle.

Martin Picard [du Pied de Cochon] l'a fait dernière‐ ment. Tu achètes des billets et tu as accès à une liste d'at‐ tente de gens qui aimeraient racheter tes billets, indique-telle.

Dans une transactio­n, on est deux. Si moi je ne fournis pas, c'est sûr que je vais te rembourser. Si toi tu ne four‐ nis pas, c'est toi qui payes. Colombe Saint-Pierre Colombe Saint-Pierre a confirmé la semaine dernière la réouvertur­e de son restau‐ rant après une pause d'un an. La pénurie de maind'oeuvre et la hausse du prix des aliments l'avaient forcée à suspendre temporaire­ment ses activités.

Des réservatio­ns non honorées qui coûtent cher

La propriétai­re de Chez Saint-Pierre n'est pas la seule à être confrontée aux réser‐ vations non honorées. Le phénomène s'observe égale‐ ment chez Yin Yan Sushi, à Ri‐ mouski.

Pendant les Fêtes, période cruciale pour les restaura‐ teurs, au moins quatre groupes, certains de 30 per‐ sonnes, lui ont fait faux bond. Résultat : le restaurant s'est privé de plusieurs mil‐ liers de dollars, estime son propriétai­re, Yan Hallé.

Ça nous occasionne des frais parce que la mise en place avait été faite, on doit [annuler] des serveurs, des cuisiniers. Ces employés-là perdent aussi des revenus, rappelle-t-il.

Pour éviter que le scéna‐ rio ne se reproduise, Yan Hallé compte imposer des frais de réservatio­n dans les prochains mois. Il aimerait qu'un montant soit prélevé temporaire­ment sur la carte de crédit du client pour l'inci‐ ter à se présenter à la table qu'il a réservée.

On va perdre des groupes parce qu'on n'a pas de place et les autres personnes ne se présentent pas. C'est sûr qu'on pense à mettre des frais. À Québec, à Montréal, ça a déjà commencé, men‐ tionne-t-il.

Des recours limités

L'Associatio­n Restaurati­on Québec (ARQ) confirme que les « no-show » sont de plus en plus fréquents et pas seulement dans les grands centres. Le Bas-Saint-Laurent n'est pas épargné.

Le phénomène serait dû, en partie, aux plateforme­s de réservatio­n en ligne. La faci‐ lité de faire des réservatio­ns en ligne dans plusieurs res‐ taurants, en choisir un pour la soirée et oublier d'avertir les autres qu'on ne vient pas : ça, c'est un fait qu'on voit de plus en plus, indique Martin Vézina, vice-président aux af‐ faires publiques et gouverne‐ mentales de l'ARQ.

Malheureus­ement pour les restaurate­urs, les recours pour se protéger des réser‐ vations non honorées sont li‐ mités.

La trousse à outils est ex‐ trêmement limitée puisqu'on a un enjeu légal avec la Loi sur la protection du consom‐ mateur qui ne nous permet pas en tant qu'exploitant de pénaliser le consommate­ur. Donc, de lui facturer une pé‐ nalité modeste s'il ne se pré‐ sente pas à sa réservatio­n, rappelle M. Vézina.

Dans les outils qu'on a, il y a prendre en note la carte de crédit pour évaluer le sérieux de la démarche du client. Mais en aucun cas, vous ne pouvez facturer quoi que ce soit. Si vous avez un menu fixe, qu'on voit plus dans la gastronomi­e, il y a un outil qui est plus facile, c'est-à-dire de facturer le repas au mo‐ ment de la réservatio­n. Ça, c'est légal, ajoute-t-il.

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