Initiations : des étudiants espèrent un changement de culture plutôt qu’une interdiction
Une enquête de Radio-Ca‐ nada publiée mardi sur des initiations qui auraient mal
tourné au département de biologie de l’Université de Sherbrooke (UdeS)
l'au‐ tomne dernier a fait réagir la ministre de l’Enseigne‐ ment supérieur Pascale Déry. Questionnée sur l’éventualité d’interdire les initiations universitaires, elle a répondu que « la question se pose ». Cette question était aussi un su‐ jet de discussion chez des étudiants de divers pro‐ grammes croisés mercredi sur le campus de l’UdeS, qui estiment qu’annuler les initiations ne serait pas souhaitable.
Certains d’entre eux ont mentionné qu’il faudrait viser un changement de culture dans certains programmes plutôt qu’une interdiction globale des initiations.
L’étudiante Marianne Tou‐ signant garde notamment de bons souvenirs de ses activi‐ tés d’intégration. Nous, ils ont été vraiment gentils. Ils ne nous forçaient à rien. [...] Peut-être plus le faire dans le respect, comme nous, sans l’obligation de faire n’importe quoi, a-t-elle suggéré.
Il faudrait qu’il y ait des personnes qui s’occupent de la sécurité dans les intégra‐ tions. Sinon, je ne pense pas qu’ils devraient les interdire, a ajouté Jonathan Gagnon, un autre étudiant.
Si les règlements sont bien établis et bien suivis, les intégrations, c’est une super belle expérience, et il ne de‐ vrait pas y avoir de pro‐ blèmes.
Chloé Duchesne, étu‐ diante à l’Université de Sher‐ brooke
Des membres du per‐ sonnel du département de biologie ébranlés
Les révélations dévoilées mardi ont également fait beaucoup réagir au sein du personnel du département de biologie. Son directeur de‐ vait donner une entrevue à Radio-Canada mercredi, mais la direction de l’Université de Sherbrooke a refusé que cette entrevue soit réalisée.
Dans un bref entretien té‐ léphonique, le directeur a toutefois indiqué que lui et ses collègues ont été particu‐ lièrement troublés d’ap‐ prendre ce qui se serait dé‐ roulé lors des intégrations de l’automne dernier.
Les professeurs de biolo‐ gie se sont d’ailleurs rencon‐ trés dans une assemblée professorale exceptionnelle mardi après-midi pour discu‐ ter de la situation, et ils en sont venus à une résolution pour condamner fermement les comportements allégués dans le reportage.
Des élus réagissent
Mercredi, la députée de Sherbrooke Christine Labrie a aussi réagi à l’enquête, en indiquant qu’elle a eu de la difficulté à terminer sa lec‐ ture de l’article.
Je ne pense pas que ça re‐ lève des élus de décider d’in‐ terdire ou pas des initiations, mais une chose est certaine : ce que j’ai lu là-dedans ne ressemble pas du tout à ce que devrait être une activité d’intégration, martèle-t-elle.
Ce n’était pas une activité officielle organisée, donc on ne pourra pas empêcher les gens qui ont de mauvaises idées de les mettre en place si elles en ont, concède-t-elle toutefois.
Le conseiller municipal du district de l’Université, Paul Gingues, a aussi qualifié les faits allégués d’inacceptables, et souhaite voir des change‐ ments.
Je me souviens encore de mon initiation à l’université et ce n’était pas le fun. [...] Je ne comprends pas qu’encore, en 2024, il y a des initiations.
Paul Gingues, conseiller municipal du district de l’Uni‐ versité à Sherbrooke
Rappelons qu’une en‐ quête interne a été ouverte par l’Université de Sher‐ brooke pour faire la lumière sur la situation et pour déter‐ miner les sanctions qui pour‐ raient s’appliquer en lien avec ce dossier.