Les hauts et les bas du théâtre nordontarien
À l’occasion de la Journée mondiale du théâtre, des acteurs du secteur dans le Nord de l’Ontario notent un engouement de jeunes artistes pour les métiers en lien avec le monde du théâtre. Ils doivent toute‐ fois faire face à des quelques défis encore diffi‐ ciles à surmonter, dont le sous-financement du do‐ maine du théâtre.
La directrice artistique du Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO), Marie-Pierre Proulx, affirme que le secteur se porte actuellement beau‐ coup mieux par rapport à la période de la récente pandé‐ mie.
Elle note ces derniers temps un réel engouement chez les jeunes artistes pour le théâtre.
Il y a beaucoup de nou‐ velles voix, beaucoup de jeunes artistes qui ont envie de prendre la parole, de créer leur projet et de le pré‐ senter avec le public. Il y a certainement un appétit pour la création théâtrale, se réjouit-elle.
Joël Beddows, professeur au programme de conserva‐ toire en jeu au département de théâtre de l'Université d'Ottawa, suit de près la si‐ tuation et les activités théâ‐ trales dans le Nord de l’Onta‐ rio.
Il remarque aussi la bonne santé du théâtre dans la région avec le travail du Théâtre du Nouvel-Ontario.
Selon lui, le TNO est resté très actif pendant la pandé‐ mie.
Tandis que certains théâtres n'ont pas été aussi dynamiques que j'aurais sou‐ haité, ce n’était pas le cas pour le TNO. Il y avait des mises en lecture et des activi‐ tés à l'extérieur, explique Joël Beddows, également metteur en scène et conseiller drama‐ turgique.
Il se réjouit que cet orga‐ nisme qui fait rayonner la culture locale par le biais d'oeuvres principalement nord-ontariennes attache une importance particulière aux jeunes artistes.
Je trouve fascinant com‐ ment Marie-Pierre [Proulx] et Antoine [Côté Legault] réus‐ sissent à dénicher des talents très prometteurs avec des projets très excitants, lance-til.
Des défis aussi
Joël Beddows relève néan‐ moins que seules les grandes villes regardent les pièces théâtrales.
Il manque de théâtre dans les plus petits centres. Je sais que Kariane Lachance, qui est une créatrice très dyna‐ mique basée à Hearst, pro‐ pose un théâtre pour enfants qui circule et c'est très bien, mais il en faudrait plus, dé‐ clare-t-il.
Pour lui, un spectacle par an ne suffit pas, mais difficile de faire autrement dans les petites communautés, car la tournée coûte de plus en plus cher alors qu'en ce mo‐ ment on vit une période de coupes budgétaires pour les arts.
Les seules personnes à blâmer sont les gouverne‐ ments qui ne financent pas ce genre d'activités, fait-il re‐ marquer.
Je crains qu’en cette pé‐ riode plus difficile sur le plan économique, on puisse faci‐ lement oublier l'importance de la culture et du théâtre pour une petite commu‐ nauté.
Joël Beddows, professeur au programme de conserva‐ toire en jeux, au départe‐ ment de théâtre de l'univer‐ sité d'Ottawa.
Le conseiller dramatur‐ gique rappelle aussi que la perte du programme en théâtre à l'Université Lauren‐ tienne est un recul important pour la région.
L’artiste France Huot, tout comme M. Beddows, que le théâtre est sous-financé.
Est-ce qu'on a les moyens nécessaires pour réaliser nos projets? Est-ce que les sommes qui nous sont accor‐ dées sont-elles suffisantes avec l'inflation?, se demandet-elle.
Que faire ?
Joël Beddows souhaite voir des compagnies profes‐ sionnelles franco-onta‐ riennes de l’Est et du Sud cir‐ culer davantage dans le Nord-Est.
Il ne faut pas qu’elles partent seulement au Qué‐ bec, mais il faut aller aussi à Kapuskasing, à Hearst, à Sturgeon Falls, à Timmins. Le TNO est dynamique, mais il ne peut pas porter ce flam‐ beau tout seul, suggère-t-il.
Il pense qu'il y a un travail de sensibilisation à faire au‐ près des municipalités qui sont les bailleurs de fonds les plus importants, pour qu’ils s’investissent davantage dans la promotion du théâtre et des arts en général.
Marie-Pierre Proulx aime‐ rait que ceux qui travaillent en arrière-scène, des concep‐ teurs et techniciens par exemple, bénéficient aussi de formations pour un travail de plus de qualité.