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6 des 11 labos de la santé publique de l’Ontario menacés de fermeture

- Jean-François Gérard

Le Syndicat des employés de la fonction publique de l'Ontario (SEFPO) tire la sonnette d'alarme au sujet de la fermeture potentiell­e de six des 11 laboratoir­es de santé publique de la province.

Santé publique de l’Onta‐ rio (SPO) préconise de fermer les laboratoir­es de Timmins, Sault-Sainte-Marie, Orillia, Hamilton, Kingston et Peter‐ borough dans le cadre de son plan de modernisat­ion.

Ces laboratoir­es collectent et traitent chaque jour des milliers d'échantillo­ns d'eau et de tests médicaux urgents.

Nous sommes en pre‐ mière ligne, décrit Casey Mc‐ Guire, une travailleu­se de la‐ boratoire et membre du SEFPO. Nous détectons les contaminat­ions ou les pro‐ blèmes liés à l'eau avant que vous ne la buviez ou que vous ne vous y baigniez.

Appuyés par l’opposition officielle, les travailleu­rs des laboratoir­es estiment que ces fermetures font courir un risque pour la santé pu‐ blique. Bien que le projet re‐ monte à 2017, le gouverne‐ ment provincial réaffirme ne pas encore avoir pris de déci‐ sion.

Un rôle discret pour identifier les contamina‐ tions

La présidente du SEFPO, JP Hornick, reproche au pre‐ mier ministre Doug Ford de créer une crise là où il n’y en a pas.

Si les dernières années nous ont appris quelque chose, c’est que la santé pu‐ blique ne doit jamais être te‐ nue pour acquise.

JP Hornick, présidente du Syndicat des employés de la fonction publique de l'Onta‐ rio

La plupart des gens ne nous connaissen­t pas, pointe Mme McGuire, mais elle in‐ siste sur le rôle discret et pri‐ mordial que jouent ces insti‐ tuts pour la santé de la popu‐ lation ontarienne.

Nous identifion­s une épi‐ démie telle que la rougeole avant qu'elle ne se propage.

Casey McGuire, tra‐ vailleuse en laboratoir­e pu‐ blic

Le syndicat rappelle que lors de la pandémie, ces la‐ boratoires suivaient l'évolu‐ tion du virus, y compris à tra‐ vers les eaux usées.

Si les fermetures sont dé‐ cidées, les échantillo­ns préle‐ vés devront être transporté­s sur des centaines de kilo‐ mètres pour être analysés.

Centralise­r les tests dans une poignée de lieux va aug‐ menter le temps de trajet et compromett­re l’intégrité des échantillo­ns, fustige JP Hor‐ nick.

Un projet de 2017, tou‐ jours d’actualité

L’idée de fermer ces six la‐ boratoires remonte à 2017, lorsque SPO avait présenté un plan conjoint de moderni‐ sation de son offre de santé.

Mais depuis des années, le gouverneme­nt provincial progressis­te-conservate­ur n’y a pas donné suite, malgré une mise à jour en janvier 2023 où ces six mêmes labo‐ ratoires figuraient toujours.

Dans son rapport de dé‐ cembre 2023, la vérificatr­ice générale avait recommandé de mettre à jour et appliquer un plan dans les 12 mois, dans le but d’assurer une prestation plus efficace des services de laboratoir­e de santé publique.

Dès réception de l'appro‐ bation du ministère pour procéder, Santé publique On‐ tario entamera la mise en oeuvre progressiv­e du plan, avait répondu l’organisme public dans ce même rap‐ port.

Cette volonté s’appuie no‐ tamment sur le fait qu’une grande partie des échan‐ tillons prélevés sont ensuite acheminés vers d’autres la‐ boratoires. Cette proportion concerne 80 à 91 % des échantillo­ns à Sudbury, SaultSaint­e-Marie et Peterbo‐ rough.

Mais pour Casey McGuire, cette présentati­on est trom‐ peuse. Beaucoup de nos la‐ boratoires ont des spécifici‐ tés, défend-elle. Si un autre laboratoir­e a des problèmes de personnel ou une conta‐ mination, les autres peuvent prendre le relais.

La salariée des labora‐ toires regrette que l’audit dise ce qui part, mais pas ce qui arrive, en provenance des autres villes.

Elle cite par exemple King‐ ston fait de la virologie pour tout l’est de l’Ontario, en dé‐ tectant des maladies comme la rougeole ou le sida. Autre exemple, le laboratoir­e de Toronto est le seul à centrali‐ ser les analyses de terro‐ risme biologique.

Une pétition remise en chambre

Jamie West, député d’op‐ position NPD de Sudbury, prédit que fermer les labora‐ toires publics va augmenter les inégalités de santé et mettre en danger les com‐ munautés rurales du Nord.

Lors d’une question à l’As‐ semblé législativ­e de l’Onta‐ rio, il a rappelé la tragédie de Walkerton, en 2000, lorsque sept personnes sont mortes après avoir bu de l’eau du ro‐ binet contaminée.

Lire aussi :

La tragédie de Walkerton, 20 ans après : Je n'ai plus ja‐ mais bu l'eau du robinet CO‐ VID-19 : l’Ontario finance un an de plus de surveillan­ce des eaux usées

Personne à l'Assemblée législativ­e ne croit que l'éva‐ luation des eaux est en péril, répond la ministre de la Santé, Sylvia Jones.

Le ministère n’a pris au‐ cune décision concernant le programme de test de dépis‐ tage des eaux de source.

Sylvia Jones, ministre de la Santé de l'Ontario

La ministre a néanmoins refusé de dire si elle ferme‐ rait ou non des laboratoir­es.

Le SEFPO indique avoir re‐ groupé plus de 9000 signa‐ tures dans une pétition, lue en chambre par la députée NPD Monique Taylor mer‐ credi après-midi.

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