Allaitement : un médicament controversé pour la lactation
L'Ordre des médecins et chirurgiens de l'Ontario émet un avertissement au sujet de la dompéridone, un médicament conçu pour les problèmes d'estomac, mais qui est souvent utilisé pour accroître la produc‐ tion de lait maternel.
En réaction à une plainte contre le Dr Jack Newman, spécialiste en allaitement à Toronto, l'Ordre note que le recours à ce médicament doit être supervisé étroite‐ ment, y compris le sevrage.
Plusieurs femmes ont fait état de problèmes psycholo‐ giques lors du sevrage.
La plaignante Joanna Mc‐ Cabe affirme qu'elle a souf‐ fert de crises d'anxiété et avait des pensées suicidaires, lorsqu'elle a cessé de prendre de la dompéridone.
Je m'imaginais que j'allais tuer mes enfants. C'était ter‐ rifiant. Je me sentais comme un monstre.
Joanna McCabe, gnante
Elle avait même dit à son conjoint : Ne me laisse pas seule avec les enfants.
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Troubles psychiatriques
Mme McCabe, une infir‐ mière de profession, avait consulté initialement le Dr Newman en octobre 2019 au sujet de douleurs et d'une in‐ fection liée à l'allaitement de sa fille. Ce dernier lui a alors prescrit 90 mg de dompéri‐ done par jour, alors que le dosage maximum recom‐ mandé par Santé Canada pour l'estomac est de 30 mg.
Un autre docteur de la cli‐ nique a plus tard augmenté le dosage de Mme McCable à 120 mg par jour.
Elle a cessé d'utiliser le médicament au printemps de 2020. Lorsqu'elle a revu le Dr Newman en mai 2020 à la suite de ses troubles psycho‐ logiques, il lui a dit qu'elle au‐ rait dû réduire le dosage petit à petit.
Mme McCabe soutient que le spécialiste ne l'avait ja‐ mais informée auparavant des risques liés au sevrage. Elle ajoute qu'un autre méde‐ cin lui a prescrit des antidé‐ presseurs et des benzodiazé‐ pines pour ses problèmes psychiatriques, à l'égard des‐ quels elle a ensuite déve‐ loppé une dépendance.
Or, selon l'évaluation faite par l'Ordre des médecins, la mère produisait suffisam‐ ment de lait en 2019 et n'avait pas besoin de la dom‐ péridone. Le Dr Newman a accepté de suivre une forma‐ tion supplémentaire sur le médicament et d'en faire état dans quatre mois.
Une étude de Santé Ca‐ nada publiée en 2023 attire l'attention sur le risque pos‐ sible lié à la cessation sou‐ daine de l'utilisation de la dompéridone chez la mère.
Pour sa part, Mme Mc‐ Cabe en appelle de la déci‐ sion de l'Ordre des médecins, qui ne va pas assez loin, se‐ lon elle. Elle affirme qu'elle n'aurait jamais pris de la dompéridone si elle avait su qu'il s'agissait d'un antipsy‐ chotique.
Toutes ces douleurs et ces souffrances pour ma famille et moi pour un médicament dont je n'avais même pas be‐ soin, c'est ce qui est le diffi‐ cile, lance-t-elle.
D'après des renseigne‐ ments fournis par Tara Car‐ man, de CBC News
moyens financiers passe‐ raient tout en haut de la liste. Le chirurgien Étienne Belzile n'est pas mal à l'aise avec cette situation, invoquant le tourisme médical.
La personne qui a plus de sous peut aller se faire opé‐ rer partout dans le monde, mais cette personne n'aura pas le traitement d'un chirur‐ gien d’ici. Pour nous, le contrôle qualité a de l'impor‐ tance parce que ces gens re‐ viennent dans le réseau pu‐ blic et c'est nous qui allons s'en occuper, évoque le Dr Belzile.
Pour la chercheuse Maude Laberge, professeure d’économie de la santé à l’Université Laval, la situation de la clinique Verdi devrait être analysée plus largement.
Quand on ouvre la porte [au privé en santé], il y a des enjeux à ce que les médecins [veuillent] travailler moins dans le public et finalement diminuer leur engagement dans le secteur public.
Maude Laberge, profes‐ seure d’économie de la santé à l’Université Laval
À cette affirmation, le Dr Étienne Belzile répond qu’un chirurgien orthopédique de‐ meure attaché à son centre hospitalier puisque la majo‐ rité des procédures de‐ mandent un lit d’hôpital, ce qui rend pratiquement inévi‐ table la dépendance d’un or‐ thopédiste à l’hôpital.
Maude Laberge souligne également qu’un médecin n'opère pas seul. Ils vont chercher des ressources, des infirmières et du personnel qui sont dans le public, ditelle.
Je comprends qu'il y a un effet vase communicant avec le personnel hospitalier et c'est important de ne pas vi‐ der nos hôpitaux, mais je ne pense pas que le ministère doit craindre un mouvement dramatique des forces en or‐ thopédie vers le privé pour l’ouverture d’un seul centre, insiste le Dr Belzile.
À ceci, son collègue le Dr Martin Bédard ajoute qu'il est logique de penser que plus un chirurgien opère de patients dans une année, que ce soit au public ou au privé, moins il y en a qui vont attendre.
Selon les données du mi‐ nistère, près de 4000 pa‐ tients figurent sur la liste d'attente de chirurgie en or‐ thopédie dans la Capitale-Na‐ tionale. De ce nombre, 135 patients attendent depuis plus d'un an.