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Qui sont les protagonis­tes au procès criminel de Donald Trump?

- Sophie-Hélène Lebeuf

Le procès criminel de l'exprésiden­t américain Do‐ nald Trump dans l'État de New York comprend une vaste galerie de person‐ nages - certains désormais célèbres et d'autres moins connus, les uns colorés, les autres plus discrets.

Certains d'entre eux ont joué un rôle important dans les événements qui ont mené aux accusation­s de falsifica‐ tion de documents financiers en lien avec un complot « pour corrompre l’élection de 2016 ».

D'autres seront des per‐ sonnages clés de ce procès. Voici notre guide pour vous aider à vous y retrouver.

Le juge Juan Merchan, juge à la Cour suprême de l’État de New York

Le juge qui préside le pro‐ cès siège depuis près d'une vingtaine d'années à la Cour suprême de l'État de New York, un tribunal de première instance, malgré le nom de la cour. Il a la réputation d’être à la fois posé et direct.

En 2022-2023, c'est lui qui était à la tête du procès cri‐ minel de la Trump Organiza‐ tion pour fraude fiscale, qui s'est soldé par une amende de 1,6 million de dollars amé‐ ricains et l'emprisonne­ment de l'ancien directeur financier de la société, Allen Weissel‐ berg.

La défense a réclamé en vain son retrait du dossier parce que sa fille a travaillé pour une firme oeuvrant à des campagnes électorale­s de politicien­s démocrates.

Les procureurs Alvin Bragg, procureur du district de Manhattan

Ancien procureur fédéral, le démocrate a été élu procu‐ reur du district de Manhattan en 2021. À son entrée en poste, en janvier 2022, il a hérité de l'enquête lancée par son prédécesse­ur.

En avril 2023, il a déposé 34 chefs d'accusation contre Donald Trump - tous pour falsificat­ion de documents -, à la suite de l'inculpatio­n de l'ex-président par un grand jury.

Il a opté pour une ambi‐ tieuse stratégie juridique qui lui permet, en vertu de la loi new-yorkaise, de muer le dé‐ lit de falsificat­ion de docu‐ ments en acte délictueux ag‐ gravé.

Cette dernière avenue ju‐ ridique, plus rare, peut être empruntée lorsque la falsifi‐ cation de documents est commise dans le but de cou‐ vrir d’autres crimes.

Le procureur Bragg al‐ lègue entre autres que Do‐ nald Trump a contrevenu à la loi électorale new-yorkaise, qui interdit de conspirer pour promouvoir une candidatur­e par des moyens illégaux.

Ce n'est toutefois pas lui qui plaidera en cour.

Son équipe inclut notam‐ ment des avocats qui ont de l'expérience dans des pour‐ suites judiciaire­s contre Do‐ nald Trump, soit Matthew Colangelo, un ancien avocat du départemen­t fédéral de la Justice qui a participé à l'en‐ quête qui a mené à la disso‐ lution de la fondation carita‐ tive de Donald Trump, de même que Susan Hoffinger et Joshua Steinglass, qui ont contribué à la poursuite cri‐ minelle pour fraude fiscale contre la Trump Organiza‐ tion.

La défense Todd Blanche, avocat principal de Donald Trump

Après avoir déjà travaillé avec Alvin Bragg dans l'équipe des procureurs fédé‐ raux, il se retrouve de l'autre côté de la justice.

L'ancien New-Yorkais a quitté son État et son poste au sein d'un cabinet juridique pour déménager en Floride et assurer la défense de Do‐ nald Trump.

En plus de le défendre dans ce procès, il le repré‐ sente dans deux autres pro‐ cès criminels : celui de Wa‐ shington, où son client est accusé d'ingérence électo‐ rale, et celui de Floride, où Donald Trump est accusé d'avoir mis en péril la sécu‐ rité nationale en conservant des documents confidenti­els.

L'équipe de la défense compte aussi notamment Su‐ san Necheles et Gedalia Stern, qui ont tous deux dé‐ fendu la Trump Organizati­on dans son procès criminel pour fraude fiscale, ainsi qu'Emil Bove, un ancien pro‐ cureur fédéral.

Les témoins potentiels Stephanie Clifford, maî‐ tresse alléguée de Donald Trump

Mieux connue sous son nom profession­nel de Stormy Daniels, l'ex-actrice de films pornograph­iques Stephanie Clifford affirme avoir eu une relation « intime » avec Donald Trump en 2006. Leur rencontre serait survenue lors d’un tournoi de

golf au Nevada, pendant le‐ quel il lui aurait fait des avances.

Elle affirme avoir eu une seule relation sexuelle avec l'homme d'affaires, peu après la naissance du fils ca‐ det de ce dernier.

Deux semaines avant le scrutin du 8 novembre 2016, elle a reçu 130 000 $ US d'un membre de la garde rappro‐ chée de Donald Trump dans le cadre d’un accord de nondivulga­tion.

Les accusation­s de falsifi‐ cation de documents ne sont pas liées à ce paiement, qui est toutefois au centre de la trame narrative des procu‐ reurs, qui accusent Donald Trump d'avoir fomenté « un plan criminel pour cor‐ rompre l'élection de 2016 ».

Michael Cohen, ex-avo‐ cat de Donald Trump

C'est l'ancien avocat per‐ sonnel de Donald Trump, Mi‐ chael Cohen, qui a acheté le silence de Stephanie Clifford par le biais d'une sociétéécr­an.

Celui qui avait à l'époque la réputation de régler les problèmes de l'homme d'af‐ faires new-yorkais affirme aujourd’hui avoir agi sur les instructio­ns de son ancien client.

Il soutient avoir été rem‐ boursé et récompensé par Donald Trump, en plusieurs paiements faussement iden‐ tifiés comme des honoraires, pour une somme totalisant 420 000 $ US entre février et décembre 2017.

Cette somme a selon lui été rehaussée, entre autres pour tenir compte des im‐ pôts qu’il paierait sur des montants déclarés comme des honoraires.

Les accusation­s portées contre Donald Trump sont di‐ rectement liées au rembour‐ sement que ce dernier lui au‐ rait versé.

Condamné par la justice fédérale, l'ancien homme de confiance de l'ex-président républicai­n a purgé une peine d’emprisonne­ment après avoir reconnu, notam‐ ment, avoir enfreint les lois fédérales sur le financemen­t électoral en lien avec cette affaire.

À une autre époque, Mi‐ chael Cohen s'était dit prêt à prendre une balle pour l'homme contre qui il s'est re‐ tourné. Il a collaboré à l'en‐ quête Mueller sur l’ingérence de la Russie dans la cam‐ pagne présidenti­elle de 2016 et à l'enquête de la procu‐ reure générale de l'État de New York, Letitia James, sur une série de fraudes finan‐ cières au sein de la Trump Organizati­on.

Il y a quelques semaines, un juge fédéral a conclu qu'il s'était parjuré en cour (au su‐ jet d'accusation­s qui ne sont pas liées à Donald Trump).

David Pecker, ex-PDG d'AMI... et ancien ami de Donald Trump

Ami de Donald Trump de‐ puis des décennies, David Pe‐ cker était le PDG du groupe de presse American Media Inc. (AMI), qui publiait le ta‐ bloïd sensationn­aliste The National Enquirer.

D'après les procureurs, Donald Trump, Michael Co‐ hen et lui ont élaboré un plan criminel visant à acheter et à supprimer de l’informatio­n négative (une stratégie connue en anglais sous l'ex‐ pression catch and kill) afin de maximiser les chances du candidat républicai­n d’être élu en 2016.

Premier témoin appelé à la barre, il a relaté comment il avait mené la chasse aux scandales pour aider la cam‐ pagne de Donald Trump.

En 2018, l'entreprise de presse qu'il dirigeait a conclu une entente à l'amiable avec les procureurs fédéraux dans laquelle elle reconnaiss­ait avoir violé les lois sur le fi‐ nancement électoral, en lien avec l'enquête sur cette af‐ faire.

L'accord, qui lui a évité des poursuites, précisait que l'ob‐ jectif du stratagème était de neutralise­r plus spécifique‐ ment les informatio­ns sur les relations du candidat à la présidence avec les femmes.

Selon David Pecker, le plan établi avec M. Trump vi‐ sait aussi à lui consacrer une couverture favorable et à pu‐ blier des histoires négatives sur ses rivaux républicai­ns et démocrates.

Karen McDougal, maî‐ tresse alléguée de Donald Trump

L'ancienne mannequin de Playboy soutient pour sa part avoir été la maîtresse de Do‐ nald Trump pendant 10 mois, entre 2006 et 2007.

Elle a reçu 150 000 $ du groupe de presse AMI en échange de ses confidence­s, qui n’ont jamais été publiées.

En 2018, Karen McDougal s’est présentée dans une en‐ trevue comme une républi‐ caine qui avait voté pour Do‐ nald Trump.

Même si les accusation­s de falsificat­ion de documents ne concernent pas le mon‐ tant qui a été versé à la jeune femme, les procureurs al‐ lèguent que le paiement fait partie du stratagème visant à intercepte­r les informatio­ns négatives sur Donald Trump.

Hope Hicks, ancienne collaborat­rice de Donald Trump

Après avoir travaillé pour la Trump Organizati­on, elle a notamment été directrice des communicat­ions de la cam‐ pagne de Donald Trump en 2016, avant d'assumer, jus‐ qu’en 2018, les mêmes res‐ ponsabilit­és à la MaisonBlan­che.

Selon le New York Times, elle a notamment discuté avec Donald Trump et Mi‐ chael Cohen le jour où ils ont appris que Stephanie Clifford voulait aller de l'avant avec ses allégation­s. Elle se serait en outre entretenue avec Mi‐ chael Cohen au lendemain du virement fait à Mme Clif‐ ford.

D'après un agent du FBI dont le témoignage a été uti‐ lisé au procès de Michael Co‐ hen, elle aurait participé aux négociatio­ns.

Selon ABC News, les pro‐ cureurs appelleron­t aussi à la barre d'anciens proches col‐ laborateur­s de Donald Trump.

Le réseau a évoqué les noms de Madeleine Weste‐ rhout, qui a été la secrétaire personnell­e de l'ex-président Trump, puis la directrice des opérations du bureau ovale, et de Rhona Graff, qui a été sa collaborat­rice à la Trump Organizati­on pendant des décennies avant de le suivre à la Maison-Blanche.

Toujours selon ABC News, d'anciens employés de la Trump Organizati­on, dont son ancien contrôleur Jeffrey McConney, et Deborah Ta‐ rasoff, qui a travaillé au dé‐ partement de la comptabi‐ lité, pourraient aussi être ap‐ pelés à témoigner.

La liste de témoins poten‐ tiels inclut aussi Keith David‐ son, l'avocat de Stephanie Clifford, mais aussi de Karen McDougal, et Dylan Howard, ancien rédacteur en chef du National Enquirer. C'est lui qui a permis à Michael Co‐ hen d'entrer en contact avec l'avocat des deux femmes.

Fox News ajoute aux té‐ moins potentiels le chef des services juridiques de la Trump Organizati­on, Alan

Garten.

Cette liste n'est pas ex‐ haustive.

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