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La guerre à Gaza embrase de nouveau les campus américains

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Plus de 130 personnes ont été brièvement arrêtées dans la nuit devant des lo‐ caux de la prestigieu­se Uni‐ versité de New York (NYU) après des manifestat­ions étudiantes propalesti‐ niennes, a indiqué mardi la police à l'AFP.

Ces 133 personnes ont été relâchées, a affirmé un porte-parole de la NYPD, la police new-yorkaise.

Les arrestatio­ns inter‐ viennent au moment où plu‐ sieurs campus américains s'embrasent de nouveau en raison de la guerre israé‐ lienne à Gaza, territoire pa‐ lestinien en proie à un dé‐ sastre humanitair­e.

Jeudi, une centaine d’autres étudiants avaient été arrêtés à l'Université Colum‐ bia à New York, où des mani‐ festants ont installé des di‐ zaines de tentes pour dénon‐ cer la guerre, en cours depuis 200 jours.

Lundi, la présidente de l'Université Columbia, Nemat Shafik, a décidé que tous les cours se tiendraien­t à dis‐ tance et a appelé dans un communiqué à remettre les choses dans l'ordre.

Mais les étudiants ne comptent pas baisser les bras de sitôt. On restera ici jusqu'à ce qu'ils nous parlent et écoutent nos demandes, a répliqué Mimi Elias, étu‐ diante qui dit faire partie des personnes arrêtées et depuis suspendues par l'université.

99 % des gens sont ici pour la libération de la Pales‐ tine, fait-elle valoir. Nous ne sommes pas pour l'antisémi‐ tisme ni pour l'islamophob­ie. Nous voulons la libération de tout le monde.

Ces manifestat­ions se sont transformé­es en une question sur la liberté d'ex‐ pression, a résumé à l'AFP un étudiant ne soutenant aucun des deux camps et qui n'a pas souhaité donner son nom.

L'une des choses les plus importante­s quand on est étudiant, c'est de pouvoir ex‐ plorer et dire ce que l'on a à dire, sans être puni et sans que la police débarque sur le campus, insiste-t-il.

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Les arrestatio­ns, c'était l'option nucléaire, regrette Jo‐ seph Howley, professeur de grec et de latin à Columbia, estimant que l'université a empiré la situation.

Membre d'un groupe d'enseignant­s propalesti­nien, il accuse l'extrême droite américaine de vouloir muse‐ ler les opinions politiques qu'elle n'aime pas.

Aujourd'hui, c'est sur Is‐ raël et la Palestine. La se‐ maine prochaine, ce sera sur les questions raciales ou de genre, les vaccins ou le cli‐ mat.

Joseph Howley, professeur à l'Université Columbia

Le débat fait rage au sein du monde universita­ire entre, d'un côté, ceux qui dé‐ noncent les manifestat­ions provoquant, selon eux, une montée de l'antisémiti­sme, et de l'autre, ceux qui dé‐ fendent la liberté d'expres‐ sion, en l'occurrence en fa‐ veur de la cause palesti‐ nienne.

C'est un sujet très, très sensible. On essaie de faire de notre mieux, a déclaré lundi Mike Gerber, le respon‐ sable aux affaires juridiques de la police new-yorkaise. Au‐ cune forme de violence ne sera tolérée.

Sur le campus de l'Univer‐ sité Yale, au nord de New York, des centaines d'étu‐ diants ont agité drapeaux et pancartes propalesti­niens. Au moins 47 personnes ont été arrêtées, selon un com‐ muniqué de l'université lundi.

À Boston, Rayan Amim, étudiant à l'Emerson College, a expliqué à l'AFP manifester pour condamner sans re‐ lâche le génocide en cours des Palestinie­ns de Gaza et le nettoyage ethnique qui dure depuis plus de 75 ans.

Le parc au coeur du cam‐ pus de Harvard est fermé au public pour toute la semaine. Un groupe propalesti­nien a annoncé sur Instagram sa suspension par l'université.

Dénonçant ce qu'ils consi‐ dèrent comme de l'antisémi‐ tisme, des républicai­ns se sont emparés dès l'automne du sujet. Après une audition houleuse au Congrès, les an‐ ciennes présidente­s de l'Uni‐ versité de Pennsylvan­ie et d'Harvard ont démissionn­é.

Celle de Columbia, enten‐ due la semaine passée au Congrès, a assuré que l’anti‐ sémitisme [n'avait] rien à faire sur notre campus, ce qui n'a pas empêché les ap‐ pels à sa démission d'élus ré‐ publicains, qui dénoncent l'anarchie.

Lundi, le président améri‐ cain Joe Biden a condamné les manifestat­ions antisé‐ mites tout en dénonçant ceux qui ne comprennen­t pas ce que vivent les Palesti‐ niens.

Les campus américains sont le théâtre de tensions depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas.

La guerre a été déclen‐ chée par une attaque san‐ glante et sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, entraînant la mort de 1170 personnes, essen‐ tiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielle­s israé‐ liennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 res‐ tent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des res‐ ponsables israéliens. Une centaine ont été libérées à la faveur d'une trêve fin no‐ vembre.

Depuis, Israël bombarde sans répit la bande de Gaza, faisant 34 183 morts, majori‐ tairement des civils, selon le ministère palestinie­n de la Santé.

Lundi a été une nouvelle journée d'horreur dans le territoire palestinie­n avec la découverte d'environ 200 corps dans des fosses com‐ munes à l'intérieur de l'hôpi‐ tal Nasser de Khan Younès. Comme d'autres complexes hospitalie­rs du territoire, ce‐ lui-ci avait précédemme­nt fait l'objet d'un raid de l'ar‐ mée israélienn­e.

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