Radio-Canada Info

Les chiens d’assistance pour santé mentale moins bien accueillis que les chiens Mira

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Amélie Simard-Blouin, Linda Corbo compagnent les personnes atteintes de problèmes de santé mentale.

Les bénéficiai­res de chiens d'assistance psycholo‐ gique, qui souffrent par exemple d’anxiété ou d’ago‐ raphobie, rencontren­t de nombreuses difficulté­s et voient plusieurs portes se fermer devant eux.

C’est le cas de Roxanne Raymond, bénéficiai­re de l’or‐ ganisme L’Espoir canin. Cette femme a reçu des diagnos‐ tics du trouble de la person‐ nalité limite et d’un syn‐ drome de stress post-trau‐ matique et elle souffre de dé‐ pression.

Elle est actuelleme­nt en arrêt de travail et a bien be‐ soin de son chien, Heidi, qui l'aide à apaiser ses crises de panique. Après l’avoir alertée d’un rythme cardiaque trop élevé, Heidi fait de la presso‐ thérapie sur sa maîtresse, c’est-à-dire qu’elle se couche de tout son long sur Roxanne, le temps qu’elle re‐ couvre son calme.

En plus de lui rappeler de prendre ses médicament­s,

Heidi la tient à l'oeil même la nuit. Quand je fais des cau‐ chemars, elle me réveille. Elle est là pour le réconfort, ex‐ plique Mme Raymond.

La bénéficiai­re espérait bientôt reprendre le travail avec sa fidèle compagne à quatre pattes, mais son em‐ ployeur a refusé sa de‐ mande. Comme elle travaille dans une usine, elle est consciente que son chien ne pourrait pas être près d’elle en tout temps. C’est pour‐ quoi elle avait proposé à son employeur de laisser Heidi dans une cage, à l’intérieur d’une salle de repos, pour seulement aller la voir durant ses pauses ou lorsque l’an‐ xiété aurait grimpe en flèche. Encore une fois, la réponse a été négative.

Mme Raymond projette donc de se trouver un nouvel emploi qui lui permettra d’avoir sa chienne à ses cô‐ tés, mais elle s’inquiète de ne pas trouver un employeur qui les accepterai­t toutes les deux. Ils ne me diront pas

qu'ils refusent à cause que j'ai un chien, mais la difficulté est là, assure-t-elle.

Refus aussi à l'école

Caroline Isabelle est dans une situation similaire. Son chien Summer est d’une grande aide pour sa fille âgée de 16 ans, qui souffre d'an‐ xiété et d’agoraphobi­e. Or, la direction de l’école refuse de permettre à sa fille d’être ac‐ compagnée de son chien. Ils nous disent que ça va partir une mode, que tout le monde va vouloir apporter leur chien à l'école, raconte Mme Isabelle.

Cette mère de famille est déçue des raisons pour les‐ quelles Summer n’aura pas accès aux classes de sa fille. Les problèmes d’allergies po‐ tentiels en font partie. Mme Isabelle assure pourtant que son adolescent­e en a grande‐ ment besoin, elle qui doit al‐ ler chercher sa fille environ trois fois par semaine à l’école à cause de crises de panique.

J’ai réalisé que tant et aussi longtemps qu’on n’en a pas un à la maison ou qu’on n’en côtoie pas, on ne peut pas comprendre l’utilité [d'un chien d'assistance], renchérit Mme Isabelle.

Le propriétai­re de L’Espoir canin, Cédrick Gauthier, qui entraîne Heidi et Summer, se dit outré des nombreux refus qu'essuient ces deux femmes. Il ajoute que ce ne sont pas des cas isolés. Il s’agit, selon lui, de discrimi‐ nation envers les bénéfi‐ ciaires.

Même si les chiens guides et les chiens d'assistance sont reconnus comme un moyen de pallier un handi‐ cap, selon la Commission des droits de la personne, Roxanne Raymond croit qu'il y encore beaucoup de sensi‐ bilisation à faire. Moi, mon chien, c’est comme si quel‐ qu’un avait une jambe cassée et avait des béquilles. T’en as besoin. J’ai besoin de mon chien pour fonctionne­r, in‐ siste Mme Raymond.

Un spectacle-bénéfice qui mettra en vedette Rita Baga sera présenté à Baie-duFebvre le 26 avril pour amas‐ ser des fonds afin d'aider à payer les formations aux bé‐ néficiaire­s qui en ont moins les moyens. Il faut savoir que ces formations coûtent envi‐ ron 7000 $. La soirée servira aussi à sensibilis­er le public à la différence.

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