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L’Ontario autorise l’intelligen­ce artificiel­le à aider les médecins

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L’Ontario va autoriser les médecins de famille à avoir recours à l'intelligen­ce arti‐ ficielle pour retranscri­re leurs discussion­s avec les bénéficiai­res qui l’ac‐ ceptent.

Ce projet-pilote fait partie d’un ensemble de mesures pour alléger les tâches admi‐ nistrative­s des médecins. Le gouverneme­nt provincial es‐ père ainsi faire gagner 95 000 heures aux praticiens et pra‐ ticiennes chaque année.

De manière plus concrète, cela représente le temps pour 12 patients supplémen‐ taires par mois, selon le gou‐ vernement.

Les représenta­nts de la profession se disent satisfaits par cette innovation, qu’ils avaient eux-mêmes propo‐ sée. Cette décision ne sou‐ lève pas de critiques ma‐ jeures de l’opposition, qui de‐ mande néanmoins des ga‐ ranties sur l’anonymat.

150 fournisseu­rs de soins primaires seront équipés d’un logiciel appelé Scribe. Selon une recherche citée par le gouverneme­nt, la re‐ transcript­ion des notes médi‐ cales réduit de moitié le temps consacré à remplir de la documentat­ion.

En plus de l'annonce sur l'intelligen­ce artificiel­le, la province prévoit interdire aux employeurs d'exiger à leurs employés un billet du méde‐ cin pour sences.

La ministre de la Santé,

les courtes ab‐

Sylvia Jones, assure que ces changement­s permettron­t aux médecins de famille de passer plus de temps avec leurs patients et moins à remplir de la paperasse.

La fin des billets du mé‐ decin Lire aussi :

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Nous interdiron­s aux em‐ ployeurs d’exiger un billet du médecin pour un congé ma‐ ladie avec protection d'em‐ ploi, annonce la ministre. La population ontarienne a le droit à trois jours de congé maladie par an avec protec‐ tion d'emploi.

Un projet de loi du minis‐ tère du Travail sera bientôt déposé pour interdire aux employeurs d'exiger un billet du médecin en cas de congé maladie dans ces circons‐ tances. Les employeurs pour‐ raient toujours demander un autre type de preuve raison‐ nable, comme une attesta‐ tion signée par l'employé.

L'Ontario Medical Associa‐ tion [OMA, Associatio­n médi‐ cale de l'Ontario, traduction libre] est à l’origine de ces évolutions. Nous accueillon­s favorablem­ent ces progrès sur nos recommanda­tions pour réduire le fardeau ad‐ ministrati­f qui représente jusqu’à 19 heures par se‐ maine, explique son pré‐ sident, Dr Andrew Park.

Il rappelle qu’aujourd’hui 2,3 millions de personnes n’ont pas de médecin de fa‐ mille. L’OMA aimerait aussi éliminer, rationalis­er ou nu‐ mériser 12 autres types de

formulaire­s.

L’opposition des garanties

À l'Assemblée législativ­e, l’opposition n’a pas de désac‐ cord de principe avec cette dispositio­n.

Le Nouveau Parti démo‐ cratique (NPD) de l'Ontario aimerait que le total de jours de congés maladie soit porté à 10 par an.

Néanmoins France Geli‐ nas, porte-parole sur les questions de santé pour le NPD, demande à ce que des garanties en termes d’anony‐ mat soient apportées.

On doit s’assurer de main‐ tenir la confidenti­alité des patients en tout temps et que les patients aient confiance. Donnons-nous le temps de bien faire les choses.

Elle estime que les reven‐ dications de l’associatio­n des médecins de l’Ontario sont bien documentée­s et que les billets du médecin pour les courtes absences ne servent à rien.

Même chose pour Dr Adil Shamji, du Parti libéral. Selon lui, pour de courtes ab‐ sences, de moins de trois jours, c’est raisonnabl­e de ne pas voir un docteur de fa‐ mille juste pour avoir des pa‐ piers.

Sur l'intelligen­ce artifi‐ cielle, il reprend les mêmes inquiétude­s. Si on va au-delà de ce projet-pilote, il faudra une liste de vérificati­on pour être sûr que la confidenti­alité est assurée.

Le recours à l'intelligen­ce artificiel­le semble excitant, mais ça ne s’adresse pas au coeur du problème, ajoute-til. Il insiste sur la nécessité d’embaucher du personnel administra­tif.

Avec les informatio­ns de Mathieu Simard et Camille Gris Roy

ladite loi.

Ce n’est que tout récem‐ ment que les démarches en‐ treprises par la famille Bazi‐ net auraient commencé à porter fruit.

Karine Bazinet indique qu’un infirmier bilingue a commencé à offrir des soins à son grand-père de manière sporadique le jour, mais pas la nuit. Il ne serait toutefois pas attitré à Léon Caston‐ guay tous les jours, qui rece‐ vrait encore la majorité de ses soins uniquement en an‐ glais, selon la famille Bazinet.

Mon grand-père, il ne peut même pas communi‐ quer ses besoins, il ne peut même pas communique­r, s’insurge Karine Bazinet.

Il ne peut pas exprimer le simple besoin d'aller aux toi‐ lettes aux infirmière­s anglo‐ phones. Il n'est pas capable, il ne peut pas parler anglais et ne comprend aucun mot an‐ glais.

Karine Bazinet

Il doit vraiment se sentir seul, vraiment se sentir isolé, soupire sa petite-fille. J’ai de la peine pour mon grandpère. Je trouve ça triste. Je trouve qu’il ne mérite pas ça.

Karine Bazinet se désole de témoigner de l’anxiété vé‐ cue par son grand-père. Il a un peu de démence et il ré‐ agit. Je le comprends qu'il ré‐ agit parce qu'il ne comprend pas, il ne comprend pas ce qui se passe.

La famille de Léon Caston‐ guay aimerait qu’il soit trans‐ féré dans un hôpital franco‐ phone, ou encore qu’un in‐ terprète l’aide à se faire com‐ prendre auprès du personnel soignant. La famille Bazinet indique d’ailleurs être actuel‐ lement en démarches pour tenter de le faire changer d’hôpital.

C'est comme si on est de‐ venus habitués, nous les Franco-Ontariens. On parle français, on est minoritair­es, on le sait, il faut apprendre l'anglais, il faut se débrouille­r en anglais, soupire Mme Ba‐ zinet. C'est toujours nous qui nous accommodon­s aux autres, on ne veut pas déran‐ ger… C'est une drôle de façon d'être, mais c'est comme ça.

Mais dans les hôpitaux, on n’accepte plus. Il ne faut pas accepter ça, insiste cette dernière, précisant qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé. Elle allègue que sa grand-mère et d’autres membres de sa fa‐ mille auraient vécu des situa‐ tions similaires dans le passé.

Course contre la montre

Frustrée, mais surtout at‐ tristée par la situation, la fille de Léon Castonguay et mère de Karine Bazinet, Suzanne Bazinet, tremble en parlant de la situation.

Elle se dit dépassée par les événements. Il va-tu en mourir parce qu’il n’est pas capable de se faire com‐ prendre?

Être soigné dans sa langue à l’hôpital, ce n’est pas un luxe, insiste-t-elle. Ça de‐ vrait automatiqu­ement arri‐ ver.

Quand on a un infirmier qui parle français, on pense qu'on a gagné la [lotto] 649. Suzanne Bazinet

Quand tu es malade, tu ne peux plus t'adapter, même si tu le voulais, tu ne peux pas, témoigne cette dernière, qui a elle-même ré‐ cemment dû être hospitali‐ sée.

Tu n’as pas d'énergie, ton corps est fatigué, ton mental est fatigué, comment tu peux prendre le temps d'essayer de trouver le mot en anglais quand tu as mal?

Suzanne Bazinet se fait un sang d’encre pour son père, qui, le rappelle-t-elle, est en fin de vie. On manque de temps. Il faut que ça se cor‐ rige, tremble-t-elle, envahie par l’émotion.

Par courriel, le ministère de la Santé de l’Ontario ré‐ pond qu’il attend des hôpi‐ taux qu'ils fournissen­t des services d'interpréta­tion lin‐ guistique afin de garantir à tous les patients le même ac‐ cès à des soins de qualité et de veiller à ce que la sécurité des patients soit une priorité.

Le ministère comprend que la meilleure pratique consiste à faire appel à des interprète­s profession­nels formés, écrit le directeur des communicat­ions au minis‐ tère, Bill Campbell.

Contacté par Radio-Ca‐ nada, le bureau de l’Ombuds‐ man de l’Ontario n’a pas voulu commenter le cas de Léon Castonguay, mais invite la famille à les joindre s’ils souhaitent que leur cas soit examiné.

La famille de Léon Caston‐ guay confirme qu’elle a l’in‐ tention de porter plainte au‐ près de l'Ombudsman de l’Ontario.

Une question de santé

Chef de la direction de l'Institut du Savoir Montfort et vice-présidente de la re‐ cherche et de l'éducation à l'Hôpital Montfort, Estelle Ethier est consternée par les situations comme celle de Léon Castonguay, où une barrière linguistiq­ue se dresse entre les patients et le personnel hospitalie­r.

Les recherches le dé‐ montrent grandement que la langue est un déterminan­t de la santé, soutient-elle. Ob‐ tenir des soins dans sa langue permet de réduire les possibilit­és de complicati­ons et les réhospital­isations, ou même de [diminuer] le taux de mortalité.

Selon une étude réalisée par le Journal de l’Associatio­n médicale canadienne en juillet 2022, les décès sont ré‐ duits de 24 % pour les pa‐ tients francophon­es qui re‐ çoivent des soins dans leur langue maternelle en Onta‐ rio.

Plus nos complicati­ons sont grandes, plus c'est im‐ portant d’être soigné dans la langue de son choix, énonce Mme Ethier. Dès qu'on ne se sent pas bien, dès qu'on est malade, dès qu'on veut aider un proche aidant qui vit une situation difficile, on a le goût de se sentir bien, de se sentir servi dans notre langue.

C'est une question de santé.

Estelle Ethier, chef de la direction de l'Institut du Sa‐ voir Montfort et vice-prési‐ dente de la recherche et de l'éducation à l'Hôpital Mont‐ fort

Lorsqu’il est impossible pour un patient de communi‐ quer dans la langue de son choix, il arrive que ce dernier donne un petit peu moins d’informatio­ns au personnel soignant, note Mme Ethier.

Des fois, il n’a peut-être pas compris complèteme­nt ce qu'on lui disait, que ce soit les consignes qu'on va don‐ ner aux patients, au proche aidant lorsqu'il retourne à la maison, explique-t-elle.

À titre de pistes de solu‐ tion, Mme Ethier propose de continuer d'investir dans la formation de nos profession‐ nels en français, nos pro‐ grammes de formation en français pour augmenter l'ac‐ cès à la main-d'oeuvre. Elle suggère aussi d’utiliser les services d’un interprète formé.

Un parent, un membre de la famille, un ami n'est pas un interprète formé, tient-elle à souligner. Il y a un risque à passer à travers de ces genslà qui sont mis dans des posi‐ tions à devoir interpréte­r pour un proche.

Mme Ethier aimerait que l’ensemble des profession‐ nels de la santé soient ca‐ pables d’offrir des soins bi‐ lingues. Mais dans le cas où ce n'est pas une possibilit­é, un interprète formé est une belle option acceptable qui permet d'avoir du moins un échange avec le patient pour pouvoir obtenir des soins et être bien compris.

Avec les informatio­ns d’Alexandra Angers

travail est en cours.

Une fois que l'examen sera terminé, les conclusion­s seront utilisées pour déter‐ miner les prochaines étapes, a écrit le Ministère dans un communiqué, en ajoutant que le gouverneme­nt de l'Al‐ berta déterminer­a également s'il est nécessaire de procé‐ der à des vérificati­ons sup‐ plémentair­es dans d'autres cliniques d'affiliatio­n.

Un porte-parole de la mi‐ nistre LaGrange avait déclaré en juillet que le Ministère n'avait pas connaissan­ce d'autres cliniques offrant des services moyennant des frais d'adhésion non conformes à la législatio­n.

De 14 à 40 cliniques

En 2022, des chercheurs de l'Université Dalhousie et de l'Université Simon Fraser ont publié une étude (en an‐ glais) sur le nombre de cli‐ niques privées au pays qui proposent un programme d'adhésion. Entre novembre 2019 et juin 2020, il y en avait 14 cliniques en Alberta.

Fiona Clement est profes‐ seure au départemen­t des sciences de la santé commu‐ nautaire de l'Université de Calgary. Elle estime que le passage de 14 à 40 montre l’ampleur de la pratique : Le nombre de 40 est donc plus élevé que ce à quoi je m'at‐ tendais. Je pense que cela té‐ moigne de la croissance du nombre de cliniques qui fac‐ turent des frais pour diffé‐ rents services.

Je pense que cela souligne le manque de stabilité et la nécessité de réfléchir à la manière dont nous finançons les soins primaires, car de plus en plus de cliniques se tournent vers ces frais privés comme source de revenus pour garder leurs portes ou‐ vertes.

Fiona Clement, Université de Calgary

Quelles suites aux résul‐ tats de l’enquête?

Fiona Clement estime que la suite des événements pour ces 40 cliniques est une zone grise. Cela dépend en grande partie de la formulatio­n exacte utilisée lorsque les services sont décrits comme faisant partie d'un ensemble de prestation­s.

Nous sommes sur le fil du rasoir pour ce qui est de la formulatio­n exacte qui les mettrait en porte-à-faux. En fait, je pense que tout dépen‐ dra de ce que le gouverne‐ ment est prêt à discuter avec ces cliniques, dit-elle.

CBC/Radio-Canada a de‐ mandé au gouverneme­nt provincial une liste des cli‐ niques identifiée­s, mais ne l'a pas reçue au moment de la publicatio­n de cet article.

En décembre, Mme La‐ Grange a déclaré que des mesures appropriée­s se‐ raient prises si des audits ré‐ vélaient des violations, ajou‐ tant que la province ferait tout ce qui est en son pou‐ voir pour s'assurer que les cliniques respectent les règles.

Avec les informatio­ns de Joel Dryden

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