La pollution sonore nuit au développement des oeufs et des oisillons
Une exposition à des ni‐ veaux modérés de bruit de circulation automobile nuit au développement des em‐ bryons dans les oeufs et à la condition physique à long terme des oisillons, montrent les travaux de chercheuses françaises as‐ sociées à l’Université Dea‐ kin en Australie.
Plusieurs études menées à ce jour ont montré que la pollution sonore nuit à la communication acoustique, modifie le comportement et mène à des troubles de la re‐ production et du développe‐ ment chez plusieurs espèces animales terrestres et ma‐ rines.
Dans les études avant la nôtre, les parents et leur pro‐ géniture étaient exposés au bruit. On ne savait pas si le bruit lui-même pouvait direc‐ tement affecter un orga‐ nisme qui se développe, ex‐ plique Alizee Meillere, l’une des auteures principales, avec Mylene Mariette, des travaux publiés dans la revue Science (en anglais).
On ne savait donc pas si le bruit anthropique - c’est-àdire d’origine humaine - était intrinsèquement nocif pour les jeunes en développement ou s’il dérangeait unique‐ ment les parents.
Pour trancher la question, les chercheuses et leurs col‐ lègues ont manipulé la pro‐ géniture d’oiseaux, des dia‐ mants mandarins (Taeniopy‐ gia guttata), une espèce ré‐ pandue en Australie.
Le fait que les embryons se développent dans des oeufs à l'extérieur de leur mère, contrairement aux mammifères, nous a permis de les récupérer et de les pla‐ cer quatre heures par jour dans des incubateurs où on pouvait directement les sou‐ mettre à différents types d’environnement sonore.
Alizée Meillere, Université Deakin
Dans l’expérience, des oeufs sur le point d'éclore et des oisillons ont été soumis à trois environnements acous‐ tiques :
des enregistrements de bruits de circulation de 65 décibels, un niveau sonore modéré courant dans un en‐ vironnement urbain; des en‐ registrements de chants d’oi‐ seaux de la même espèce; le silence.
Ainsi, la nuit, les cher‐ cheuses récupéraient cer‐ tains des oeufs et des pous‐ sins qu'ils plaçaient dans une pièce où ils étaient exposés aux différents environne‐ ments sans que leurs parents le soient pendant quatre heures.
L’expérience a permis d’étudier les oeufs et les oi‐ sillons dans les mêmes conditions, selon l’environne‐ ment, sans que les parents soient exposés au bruit, mais en s’assurant qu'ils reçoivent des soins parentaux nor‐ maux.
Des résultats clairs
Les chercheurs ont été surpris par l'ampleur des ef‐ fets associés aux bruits de la circulation qu’ils ont consta‐ tée.
Nos résultats laissent à penser que les effets de la pollution sonore sont beau‐ coup plus importants qu'on ne le pensait.
Alizee Meillere, Université Deakin
Nous avons montré que la seule exposition au bruit avant et après la naissance a des conséquences sur la condition physique à long terme, mais aussi qu’elle peut provoquer la mort em‐ bryonnaire pendant l'exposi‐ tion, explique Alizee Meillere.
Les oeufs exposés au bruit automobile pendant les cinq derniers jours de l'incubation avaient des taux de survie plus faibles d’environ 20 % que ceux soumis aux sons des chants.
De plus, les poussins ex‐ posés au bruit grandissaient beaucoup moins vite et pré‐ sentaient des dommages cel‐ lulaires plus importants à tous les stades de la vie, ajoute la chercheuse.
Le déficit de croissance s’est toutefois estompé avec le temps.
Ils ont été capables de compenser et de grandir un peu plus vite, et finalement, ils avaient les mêmes tailles que les oiseaux qui n'avaient jamais été exposés au bruit, note Alizee Meillere.
Mais cela pose quand même un problème. L’accélé‐ ration de leur croissance [pour regagner le retard] a eu un impact physiologique négatif sur leurs télomères.
Alizée Meillere, Université Deakin
Les télomères sont des séquences d’ADN qui se trouvent au bout des chro‐ mosomes. Ils assurent l’inté‐ grité du génome durant la di‐ vision cellulaire. Ils raccour‐ cissent toutefois à chaque di‐ vision cellulaire, jusqu’à ce qu’ils deviennent trop courts pour remplir leur fonction de protection. Ce raccourcisse‐ ment est associé au vieillisse‐ ment, mais aussi à des mala‐ dies telles que le cancer et la démence.
En outre, l'exposition au bruit au début de la vie, par‐ ticulièrement pendant la pé‐ riode prénatale, a aussi mené à une diminution du nombre de bébés tout au long de l'âge adulte.
Une fois adultes, on les a laissés se reproduire libre‐ ment. On leur donnait des choix entre plusieurs parte‐ naires, on les laissait se re‐ produire à leur rythme.
Alizée Meillere, Université Deakin
L'impact est vraiment très important. Ceux qui ont été exposés au bruit avaient un
succès reproducteur forte‐ ment diminué. Ils produi‐ saient deux fois moins de bé‐ bés que ceux qui n'avaient ja‐ mais été exposés au bruit, re‐ marque la chercheuse.
D’autres données néces‐ saires
Si le bruit du trafic routier a clairement des effets né‐ fastes sur les oisillons, plu‐ sieurs questions restent en suspens.
Qu'est-ce qui fait que ce bruit a un impact aussi diffé‐ rent que les sons naturels des oiseaux? Quelles sont les propriétés physiques de ce type d'onde qui mènent à ces effets?
Alizée Meillere, Université Deakin
L’équipe aimerait donc mieux cerner les méca‐ nismes physiques qui rendent certains sons si dommageables, alors que d’autres ne le sont pas.
Elle aimerait mener des expériences où les oiseaux seraient exposés à différents types de bruit pour détermi‐ ner quelles sont les proprié‐ tés acoustiques qui ont un effet néfaste.
C’est un nouveau do‐ maine de recherche. Ce n’est que récemment que la com‐ munauté scientifique a com‐ mencé à se rendre compte que le son pouvait avoir des effets très importants qu'on ignorait complètement avant.
Alizée Meillere, Université Deakin
Et les humains
La chercheuse espère que ces résultats - si embryon‐ naires soient-ils - mènent à une prise de conscience.
Il faut peut-être que les gens commencent à faire plus attention à la menace posée par le bruit anthro‐ pique qui est souvent relé‐ guée derrière d’autres formes de pollution, telles que la pollution chimique, observe-t-elle.
Dans un article de pers‐ pective qui accompagne l’étude, le professeur d’acous‐ tique Hans Slabbekoorn de l’Université Leiden aux PaysBas écrit que des résultats si‐ milaires à ceux obtenus chez le mandarin pourraient cer‐ tainement l’être avec d’autres espèces, y compris l'humain.
Les résultats suggèrent que l'environnement acous‐ tique des oiseaux nicheurs dans les villes et le long des autoroutes devrait être mieux géré, et que le confort acoustique dans les environ‐ nements hospitaliers pour les mères enceintes et les bé‐ bés devrait faire l'objet d'une attention particulière, sou‐ ligne le professeur.
texte servant de base aux discussions, qui représente un peu l’accord idéal si toutes les positions étaient alignées, soit dilué et engraissé de multiples propositions au fil des discussions. C’est à ça que servent les négociations.
Mais ce qu’on a vu à Nai‐ robi, c’est une généreuse dose de mauvaise foi.
Résultat : la rencontre s’est conclue sans qu’on puisse s’entendre sur un pre‐ mier projet de texte du traité, ce qui aurait permis à la conférence d’Ottawa de dé‐ marrer sur des bases solides.
Un barrage diplomatique qui a jeté une ombre sur les négociations, et qui a fait naître une dynamique d’op‐ position. C’est dans ce contexte que se déroule la conférence d’Ottawa.
Quel rôle jouent les ÉtatsUnis dans cette joute? Après tout, ce sont les plus grands producteurs de pétrole et les plus grands générateurs de déchets de plastique de la planète. Ils pourraient faire bouger les choses et convaincre les pays récalci‐ trants de monter dans le train de la lutte contre la pol‐ lution par le plastique.
Mais ils se font pourtant très discrets dans ces négo‐ ciations. Ils ne s’opposent pas officiellement à la réduction de la production, mais ne font pas non plus partie de la coalition de haute ambition 65 pays, dont le Canada - qui défend cette position. Les élections à venir, qui captent beaucoup de leur attention, auront lieu quelques se‐ maines à peine avant la der‐ nière ronde de négociations, qui doit se dérouler en Corée du Sud en décembre.
En coulisse, par contre, poussés un peu par le puis‐ sant lobby pétrolier améri‐ cain, les Américains s’agitent et ne veulent pas de traité ju‐ ridiquement contraignant pour réduire la production de plastique. Ils prônent des mesures volontaires.
C’est dommage, parce que s’il y a un joueur qui pourrait faire changer la dynamique des pourparlers, c’est bien notre voisin du Sud.
Un traité contraignant est possible
Les 175 pays représentés ont tous accepté le mandat proposé par les Nations unies en 2022 : négocier pour en venir à la signature d’un traité juridiquement contraignant sur la pollution par le plastique.
Le mot contraignant en effraie quelques-uns. Il veut dire que si l’entente entre en vigueur un jour, les pays se‐ ront obligés d’en respecter les règles, sous peine de sanctions.
Le plus important accord environnemental en fonc‐ tion, l’Accord de Paris sur les changements climatiques, n’est pas contraignant. Cer‐ tains le déplorent. Mais cet accord, qui est la première entente universelle sur le cli‐ mat de l’histoire (tout le monde l’a signée), n’aurait ja‐ mais vu le jour s’il avait été question de le rendre contraignant. Les Chinois et les Américains l’auraient re‐ jeté.
Il y a un exemple d’accord qui a fait ses preuves et dont peuvent s’inspirer les négo‐ ciateurs : le Protocole de Montréal sur la protection de la couche d’ozone, signé en 1987 dans la métropole qué‐ bécoise.
Cette entente, souvent considérée comme un des traités environnementaux les plus efficaces de l’histoire, est en partie contraignante. Elle vise à éliminer les gaz re‐ froidissants qui détruisent la couche d’ozone. Peu après son entrée en vigueur, les pays ont banni les sub‐ stances nuisibles et l’indus‐ trie les a remplacées par des produits moins domma‐ geables.
Résultat : la couche d’ozone est en voie de re‐ constitution.
On a éliminé les gaz qui posaient problème grâce à un traité contraignant, et malgré tout, nos frigos et nos airs climatisés fonctionnent toujours, signale Inger An‐ dersen.
Bref, l’industrie s’est adap‐ tée grâce aux interdictions mises en place.
Mme Andersen défend l’idée qu’il faut penser le traité sur le plastique de la même façon que le Protocole de Montréal : certains pro‐ duits devront disparaître, et grâce aux lois qui seront mises en place par les signa‐ taires d’un traité contrai‐ gnant, l’industrie trouvera d’autres solutions.
Certains emplois seront perdus, de nouveaux sec‐ teurs verront le jour et de nouveaux emplois seront créés, affirme-t-elle.
La pollution par le plas‐ tique est l’une des crises en‐ vironnementales majeures de notre temps. Elle est peutêtre aussi la moins complexe à contenir de toutes, car les solutions pour la réduire ne commandent pas nécessaire‐ ment une transformation majeure de nos vies. Elles sont en bonne partie techno‐ logiques : une meilleure conception des produits, un meilleur design, une meilleure chimie des maté‐ riaux, une interdiction des plastiques à usage unique…
On ne bannira cependant pas tous les plastiques. À court terme, il en faudra pour alléger les avions et les voitures électriques, dans les éoliennes et les panneaux photovoltaïques, ou dans le domaine de la construction.
La pollution par le plas‐ tique touche tous les pays, sans exception, producteurs de pétrole ou non.
Pelleter le problème dans la cour de nos enfants ne fera que l’empirer.
conflit racial, la guerre civile raciale qui le menaçait pen‐ dant très longtemps, c'est peut-être l'accomplissement le plus important de Nelson Mandela.
Des inégalités qui per‐ sistent
Si Dan O’Meara reconnaît les révolutions qu’a menées Nelson Mandela au sein de son pays, le professeur es‐ time que l’aspect le plus im‐ portant de son gouverne‐ ment, soit le démantèlement des héritages socioécono‐ miques de l’apartheid, a tout simplement été un échec, et que l’Afrique du Sud en subit encore les effets.
Il n'était qu'un homme, donc il a commis des erreurs. Son héritage est très, très im‐ portant. Le pays vit dans une certaine paix grâce à lui, mais les problèmes demeurent as‐ sez graves dans mon pays.
Dan O’Meara, ancien mili‐ tant antiapartheid et profes‐ seur de sciences politiques à l’Université du Québec à Montréal
C'est la tragédie de l'Afrique du Sud. Oui, on a ga‐ gné la bataille contre la forme politique et sociale de l'apartheid. [Mais] on a tota‐ lement perdu la lutte contre la discrimination écono‐ mique qui persiste. Les cli‐ vages économiques en Afrique du Sud aujourd'hui sont encore largement basés sur la race.
Cela étant dit, Dan O’Meara et Mamoudou Ga‐ zibo soulignent tous deux que de s’attendre à ce que Nelson Mandela puisse à lui seul résoudre tous les pro‐ blèmes de l’Afrique du Sud aurait été irréaliste.
Quand on a eu 100 ans de discrimination, on ne résout pas ça en un mandat, lance ainsi Mamoudou Gazibo.
Un héritage qui s'effrite
Le 29 mai 2024 se tien‐ dront des élections générales en Afrique du Sud. Le pré‐ sident sortant, Cyril Rama‐ phosa, est à nouveau candi‐ dat.
Le pays, où la majorité noire continue à vivre dans la pauvreté, est aux prises avec une aggravation des inégali‐ tés. Le taux de chômage, es‐ timé à plus de 32 %, est le plus élevé au monde.
Pour la première fois de‐ puis l'arrivée au pouvoir de l'ANC en 1994, les sondages indiquent que le parti pour‐ rait obtenir moins de 50 % des voix au niveau national, ce qui lui ferait perdre le pou‐ voir, à moins qu'il ne par‐ vienne à former une coalition avec de plus petites forma‐ tions.
Pour certains jeunes élec‐ teurs, la nostalgie n'a pas d'écho, et l’héritage de Man‐ dela s’effrite au fil de ses suc‐ cesseurs.
J'ai eu l'occasion de voter en 2019 et aux élections lo‐ cales de 2021, mais je ne l'ai pas fait, parce qu'aucun de ces vieux partis ne m'a suffi‐ samment persuadé des rai‐ sons pour lesquelles je de‐ vais voter, a ainsi déclaré Do‐ nald Mkhwanazi, 24 ans.
Je n'ai pas vu la nécessité de voter, en raison de ce qui s'est passé au cours des 30 dernières années. Nous par‐ lons de liberté, mais sommes-nous libérés de la criminalité, de la pauvreté? De quelle liberté parlonsnous?
Dan O’Meara a constaté que l’héritage de Mandela devient contesté, une ten‐ dance qu’il regrette et qu’il note particulièrement chez les jeunes noirs. Le profes‐ seur dénonce ainsi l’utilisa‐ tion de termes très, très durs, comme traître ou vendu, afin de qualifier l’ancien pré‐ sident.
Je crois que c'est totale‐ ment faux. Il a fait ce qu'il fal‐ lait faire, il a fait ce qu'il était possible étant donné les rap‐ ports de force à l'époque, il ne pouvait pas aller plus loin.
Dan O’Meara, ancien mili‐ tant antiapartheid et profes‐ seur de sciences politiques à l’Université du Québec à Montréal
Mais alors, que retiennent les Sud-Africains de la prési‐ dence de Nelson Mandela?
On retient de Nelson Mandela l'humanisme. Je pense que c’est ça, le maître mot : l'humanisme, le sens du pardon, une vision. Quel‐ qu'un qui a toujours milité pour contre les inégalités, pour l'inclusion, pour la jus‐ tice, estime Mamoudou Ga‐ zibo.
Dan O’Meara, pour sa part, a une approche un peu plus nuancée.
C'est quoi, le vrai héri‐ tage? Il n'y a pas d'unanimité là-dessus.
Avec les informations d’Audrey Neveu et de l’Asso‐ ciated Press
spécificités existent. Elle per‐ met aussi de lever le voile sur des problèmes méconnus.
Morses Caoagas Flores se souvient d’avoir été très cho‐ qué quand il a appris les cas de disparitions et d’assassi‐ nats de femmes autochtones au Canada. Nous avions de tels cas dans d’autres régions du monde, mais d’entendre cela, considérant le Canada comme un pays modèle à bien des égards, notamment en matière de droits de la personne, c’est assez cho‐ quant!
En résumé, le forum est un endroit incroyable pour apprendre et désapprendre!
Morses Caoagas Flores
Toutes les voix enten‐ dues?
Pour pouvoir se faire en‐ tendre, encore faut-il pouvoir se rendre à ce forum. C’est très difficile logistiquement, substantiellement et admi‐ nistrativement, résume-t-il.
D’abord, il faut pouvoir avoir un visa pour entrer aux États-Unis. Près de 90 % des bénéficiaires du Fonds de contributions volontaires des Nations unies, qui offre un soutien financier sous la forme de subventions pour aider les représentants des communautés et organisa‐ tions autochtones à partici‐ per aux mécanismes onu‐ siens, auraient besoin d’un visa. Leur plus grand défi est même d’avoir un rendez-vous pour l’obtenir, explique-t-il, à cause des arriérés de de‐ mandes découlant de la pan‐ démie.
Dans son programme de bourses autochtones cette année, une seule personne sur les 32 sélectionnées n’a pas pu obtenir de visa. L’an dernier, six n’ont pas pu ve‐ nir, ils venaient tous d’Afrique. Nous n’avions pas un seul boursier d’Afrique l’an dernier, c’est triste!
Ensuite, il faut avoir les ressources financières et New York n’est pas la ville la moins chère du monde, rap‐ pelle-t-il. Certains doivent payer leur logement d’avance, ce qui coûterait entre 2000 et 3000 dollars. Or, c’est le salaire annuel de certaines personnes. C’est impossible!
Une carte de crédit est né‐ cessaire, mais tout le monde n’en détient pas une. Je viens donc au secours de per‐ sonnes presque tous les jours parce qu’elles ne peuvent payer que sur une base journalière et c’est le plus gros mal de tête que j’ai depuis mon arrivée!
De plus, la langue est un défi de taille. L’ONU a six langues officielles et les inter‐ prètes sont disponibles pour les réunions officielles, mais pas pour les nombreux évé‐ nements parallèles qui sont très courus par les partici‐ pants. Sans compter que s’y retrouver dans la bâtisse de l’ONU comme dans New York n’est pas aisé. Un vrai laby‐ rinthe.
Enfin, la technicité du fonctionnement reste un défi. Il faut avoir une certaine compréhension des droits de la personne, du mécanisme de l’ONU, des prises de déci‐ sions.
Apprendre pour parler sur le même pied d’égalité
Parfois je pleure, parce que j’espère que le monde écoute, raconte-t-il. Pour être honnêtes, nous n’avons pas besoin d’aller à Genève, à New York, on devrait pouvoir plaider depuis notre maison. Pourquoi devons-nous venir ici pour en parler? puis il en‐ chaîne : Mais le monde fonc‐ tionne ainsi et nous devons le suivre, sinon il bougera sans nous.
Alors Morses s’est donné pour mission de former la prochaine génération de lea‐ ders, de leur donner les clés de la diplomatie et de la poli‐ tique internationale pour avancer comme tout le monde et s’assurer d’être sur un pied d’égalité.
Afin de favoriser cela, chaque année, une trentaine d’Autochtones du monde en‐ tier sont sélectionnés comme boursiers du programme de formation aux droits de la personne, créé par le HautCommissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Depuis son lancement en 1997, plus de 300 Autoch‐ tones y ont participé, dont Morses en 2005.
Clarisse Taulewali Da Silva, présidente de la Jeunesse au‐ tochtone de Guyane, est l’une des bénéficiaires cette année. À l’entrée du bâtiment des Nations unies, non loin de la statue de Nelson Man‐ dela, elle salue une per‐ sonne, interpelle une autre et regarde le défilé de per‐ sonnes qui passent. Si elle a déjà participé au mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones à Ge‐ nève en juillet 2023, c’est sa première fois à ce forum.
C’est un peu une safe place [un espace sécuritaire] parce qu’il y a plein de repré‐ sentants de peuples autoch‐ tones. Du coup, une connexion est déjà faite. C’est très actif, réconfortant! lance celle qui appartient au peuple Kali’na Tileweyu en Guyane française.
Armée de sa formation à Genève, où elle a notamment appris le droit international et le mécanisme onusien, elle est venue défendre les droits de la jeunesse autochtone des six nations de Guyane. Lors de ses trois prises de parole, elle a notamment parlé de l’impact du change‐ ment climatique en Guyane, dénoncé l’inaction du gouver‐ nement français pour l'em‐ poisonnement au mercure à cause de l’orpaillage illégal, mais aussi dans le dossier des pensionnats pour Au‐ tochtones.
Elle a demandé aux membres du forum perma‐ nent de faire pression sur la France pour la création d’une commission Vérité et réconci‐ liation pour les huit homes indiens, ces pensionnats pour Autochtones. Entre 1930 et 2023, plus de 2000 enfants autochtones y ont été envoyés de force.
Ils y ont tous baigné dans le même système d’assimila‐ tion, de francisation, d’évan‐ gélisation, de diabolisation de leurs cultures et de leurs langues, de maltraitance ali‐ mentaire, de violences phy‐ siques et morales, voire sexuelles, souligne la jeune femme.
Morses regarde de loin Clarisse derrière son micro. Il rêve que bientôt cette relève soit à sa place. Si on est ca‐ pables de le faire, nous au‐ rons apporté une contribu‐ tion. Si nous ne sommes pas en mesure de former la re‐ lève, nous les abandonnons.
D'autant qu’il est bien conscient que si dans cer‐ taines régions du monde des progrès ont été constatés pour les peuples autoch‐ tones, avec notamment leur reconnaissance par les gou‐ vernements, dans d’autres, il y a recul, aggravation de la si‐ tuation.
À New York, il a bien l'es‐ poir que la plupart des voix des Autochtones seront en‐ tendues, mais Morses ne se fait pas d’illusion. L’un des as‐ pects les plus difficiles du fait d’être à l’ONU est d’être vi‐ sible, mais il existe un risque de représailles.
L’enjeu de la sécurité en prenant la parole au forum permanent des Nations unies sur les questions autoch‐ tones sera l’objet d’un second article.
Plus de 476 millions de personnes autochtones vivent dans 90 pays du monde, ce qui représente 6,2 % de la population mondiale.
dans les discussions de corri‐ dor, oui, a-t-elle répondu.
Elle a aussi reconnu que son patron ne communiquait jamais par courriel. Il s'agit pour les procureurs d'une fa‐ çon d'expliquer aux jurés pourquoi l'accusé n'a pas laissé de traces écrites confir‐ mant leurs allégations d'ingé‐ rence électorale.
Me Necheles a ensuite précisé que les procureurs avaient assigné Mme Graff à comparaître. Vous ne voulez pas être ici?, lui a-t-elle de‐ mandé. La fidèle alliée de Do‐ nald Trump a acquiescé : exact, a-t-elle dit.
Mme Graff, qui a quitté la Trump Organization en 2021 alors qu'elle avait le titre de vice-présidente, a indiqué que l'entreprise assumait ses frais d'avocats. Cette pra‐ tique n'est cependant pas in‐ habituelle quand des em‐ ployés sont impliqués dans des litiges liés à leur emploi.
Les sociétés-écrans créées par Michael Cohen à l'avant-plan
À la fin de la journée, les procureurs ont appelé à la barre leur troisième témoin, Gary Farro, un ancien ban‐ quier au service de First Re‐ public, une banque améri‐ caine ayant pour clients des particuliers fortunés.
Les procureurs utilisent son témoignage, qui se pour‐ suivra la semaine prochaine, pour authentifier des docu‐ ments présentés devant la cour.
M. Farro a fait état des communications entourant les démarches de Michael Cohen pour ouvrir des comptes pour deux sociétés à responsabilité limitée (SARL), c'est-à-dire des socié‐ tés-écrans.
Selon les procureurs, ces sociétés avaient pour but de procéder à des paiements se‐ crets liés au silence des deux présumées maîtresses.
Le premier appel télépho‐ nique de M. Cohen au sujet d'une première sociétéécran, Resolution Consul‐ tants LLC, a été fait le 11 oc‐ tobre 2016, a dit M. Farro. Se‐ lon les procureurs, la SARL a spécifiquement été ouverte pour que Michael Cohen puisse acheter au groupe AMI les droits exclusifs sur l'histoire de Karen McDougal pour Donald Trump.
La transaction a cepen‐ dant été annulée à la de‐ mande du PDG d'AMI, David Pecker, par crainte de réper‐ cussions juridiques, d'après les déclarations que ce der‐ nier a faites en cour cette se‐ maine.
Le 26 octobre, Michael Co‐ hen a informé M. Farro du fait qu'il ne voulait plus de la première SARL, mais qu'il voulait plutôt ouvrir un nou‐ veau compte pour une com‐ pagnie appelée Essential Consultants LLC. D'après les procureurs, c'est par cette so‐ ciété qu'a transité le paie‐ ment de 130 000 $ versé à Stormy Daniels.
Chaque fois que Michael Cohen m'a parlé, il m'a donné l'impression d'être animé par un sentiment d'ur‐ gence et ça a été le cas cette fois aussi.
Gary Farro, un ancien banquier de First Republic
Michael Cohen, qui de‐ vrait témoigner pendant le procès, affirme avoir agi sur les instructions de Donald Trump.
Il soutient avoir été rem‐ boursé et récompensé par Donald Trump, en plusieurs paiements faussement décla‐ rés comme des honoraires, pour une somme totalisant 420 000 $ US entre février et décembre 2017.
Fin du témoignage de l'ex-grand patron du Natio‐ nal Enquirer
La majeure partie de la journée a toutefois été consacrée au premier té‐ moin, l'ex-PDG du groupe de presse American Media Inc. (AMI) David Pecker, un ami de longue date de Donald Trump.
Lors de sa deuxième jour‐ née de contre-interrogatoire, la défense a soulevé cer‐ taines contradictions dans les réponses données aux procureurs par M. Pecker, mettant en doute sa crédibi‐ lité ou à tout le moins sa mé‐ moire.
L'avocat de Donald Trump Emil Bove est notamment re‐ venu sur les propos tenus la veille par le témoin au sujet d'une réunion à la Trump To‐ wer en janvier 2017, après la victoire du républicain.
Jeudi, après avoir admis avoir acheté le silence de la « playmate » Karen McDougal, il a dit aux procureurs que Donald Trump l'avait remer‐ cié pour son aide au cours de cette rencontre.
Or, a souligné l'avocat vendredi, un résumé que le FBI avait fait, en 2018, d'une rencontre avec David Pecker stipulait plutôt que Donald Trump n'avait exprimé au‐ cune gratitude à Pecker ou [au groupe] AMI lors de cette réunion.
David Pecker a laissé sup‐ poser qu'il y avait une erreur dans le document du FBI.
Je sais que ce que j'ai dit hier est arrivé. Je sais où est la vérité.
David Pecker, ancien PDG d'AMI
Plus tôt cette semaine, M. Pecker avait détaillé le strata‐ gème visant à aider Donald Trump à se faire élire en 2016. Selon lui, le plan éla‐ boré avec M. Trump avait pour but de rémunérer des sources détenant des infor‐ mations qui lui étaient défa‐ vorables afin qu'elles ne pu‐ blient pas leurs histoires.
Jeudi, la défense avait par ailleurs tenté de normaliser la pratique d'achat d'informa‐ tions que le magnat de la presse a expliquée au cours des derniers jours. M. Pecker a ainsi indiqué qu'il avait tué dans l'oeuf des histoires com‐ promettantes visant d'autres célébrités ou politiciens en payant des sources.
Lors du réinterrogatoire, l'étape qui permet aux procu‐ reurs de revenir sur certaines questions soulevées par la défense, David Pecker a ce‐ pendant précisé vendredi qu'il n'avait jamais versé une somme avoisinant les 150 000 $ pour supprimer une histoire.
Il a aussi convenu que la publication de son témoi‐ gnage aurait constitué pour le tabloïd une affaire en or qui aurait fait exploser ses ventes. Il a répété que cela aurait nui aux chances de Donald Trump d'être élu.
Sa comparution aura duré une dizaine d'heures répar‐ ties sur quatre jours.
Nouveau Parti démocratique.
Dans une lettre achemi‐ née mardi notamment à M. Trudeau, à sa ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et au premier ministre du Québec, François Legault, les membres de la délégation canado-québécoise les im‐ ploraient de faire le néces‐ saire pour les protéger.
Évitant la question, M. Trudeau a réitéré, comme il le fait depuis des mois, que le Canada plaide pour un ces‐ sez-le-feu, et que, d'autre part, le Hamas doit déposer les armes et libérer les otages.
On a besoin de créer les conditions pour avoir la paix, la stabilité et une solution à deux États avec un État d'Is‐ raël "sécure" et un État pales‐ tinien "sécure" pour l'avenir.
Justin Trudeau, premier ministre du Canada
Ce sont de belles paroles, a renchéri M. Roy-Valdebe‐ nito, mais elles n'apportent rien de concret, sans comp‐ ter que le premier ministre continue de présenter la si‐ tuation comme une guerre alors que c'est une situation d'occupation militaire qui est en train de procéder à des massacres, qui est en train de détruire des infrastruc‐ tures importantes, qui fait des déplacements massifs de population.
La ministre Joly avait indi‐ qué mercredi dans une en‐ trevue à une station régio‐ nale de Radio-Canada qu'elle ferait un suivi avec les organi‐ sateurs de la flottille, mais ces derniers disent qu'ils at‐ tendent toujours le coup de fil.
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Mme Machouf a affirmé qu'une autre lettre a été transmise vendredi à la mi‐ nistre pour solliciter une ren‐ contre.
Au début, on lui deman‐ dait la protection du Canada, mais maintenant, ce qu'on va lui demander, c'est de carré‐ ment accompagner la mis‐ sion parce que c'est vraiment en ligne avec la politique ca‐ nadienne et de faire pression sur Israël pour arrêter de mettre des bâtons au niveau de ce genre de mission, a-telle dit.
Sur le front diplomatique, l'Égypte dit avoir envoyé ven‐ dredi une délégation en Is‐ raël dans l'espoir de négocier un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Le Caire a aussi averti qu'une éven‐ tuelle offensive israélienne concentrée sur la ville de Ra‐ fah, à Gaza, pourrait avoir des conséquences catastro‐ phiques pour la stabilité ré‐ gionale.
Plus de 34 000 Palesti‐ niens ont été tués, selon le ministère de la Santé de la bande de Gaza dirigée par le Hamas, dont environ les deux tiers sont des enfants et des femmes.
Israël a déclenché une opération militaire à la suite d'un raid du Hamas au début octobre au cours duquel des militants de l'organisation ont tué environ 1200 per‐ sonnes, pour la plupart des civils, et fait quelque 250 otages.