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La Cour d’appel de New York annule la condamnati­on pour viol de Harvey Weinstein

- Anne Marie Lecomte

Dans une décision pronon‐ cée à 4 contre 3, le plus haut tribunal de New York a annulé jeudi la condam‐ nation pour viol et agres‐ sions sexuelles de l'ancien producteur de cinéma Har‐ vey Weinstein, une affaire très médiatisée qui avait été le déclencheu­r du mou‐ vement #MoiAussi.

En février 2020, l'ancien producteur de cinéma a été condamné à 23 ans de prison après avoir été jugé coupable d'agression sexuelle contre une ancienne assistante de production en 2006 et de viol d'une aspirante actrice en 2013.

L'ancien magnat de Holly‐ wood avait fait appel en 2021 de cette condamnati­on, esti‐ mant que ses droits à la dé‐ fense n'avaient pas été res‐ pectés.

Dans une décision rendue publique jeudi, la Cour d'ap‐ pel de New York a estimé que des erreurs de procédure avaient été commises durant ce procès.

Parmi ces erreurs, le tri‐ bunal cite la décision du juge James Burke d'avoir admis les témoignage­s d'autres femmes que les plaignante­s, en vertu d'allégation­s d'actes de nature sexuelle qui ne fai‐ saient pas spécifique­ment partie de cette cause.

La Cour d'appel reproche aussi au président du procès d'avoir accepté que l'ancien producteur de Hollywood soit soumis à un contre-inter‐ rogatoire le présentant de manière hautement préjudi‐ ciable.

Le remède à ces erreurs flagrantes, c'est un nouveau procès.

Décision de la Cour d'ap‐ pel de New York

Harvey Weinstein, mainte‐ nant âgé de 72 ans, n'est pas libéré pour autant. Il de‐ meure en prison parce qu'il avait été condamné dans une autre cause pour le viol d'une actrice, cette fois à Los An‐ geles, en 2022. Il avait alors reçu une peine de 16 ans d'emprisonne­ment.

Les plaignante­s devront peut-être témoigner de nouveau

Il revient désormais au procureur de Manhattan, Al‐ vin Bragg, d'organiser ou non un nouveau procès. Un porte-parole d'Alvin Bragg n'a pas répondu dans l'immédiat à une demande de commen‐ taire.

La perspectiv­e d'un nou‐ veau procès signifie que les plaignante­s pourraient de‐ voir se présenter de nouveau à la barre des témoins afin de raconter leur histoire.

La décision rendue au‐ jourd'hui est un pas en ar‐ rière majeur dans les efforts destinés à faire rendre des comptes aux auteurs d'actes de violence sexuelle.

Douglas Wigdor, avocat ayant représenté huit des ac‐ cusatrices de Harvey Weins‐ tein

L'avocat Wigdor ajoute : Cela va obliger les victimes à endurer encore un autre pro‐ cès.

Madeline Singas, juge à la Cour d'appel de New York s'étant prononcée contre la décision rendue jeudi, a quant à elle écrit ces mots : La cour continue de contre‐ carrer les victoires régulières pour lesquelles les survi‐ vantes de violences sexuelles se sont battues.

Les femmes qui portent le traumatism­e de violences sexuelles et les blessures des témoignage­s répétés sont oubliées, a-t-elle ajouté.

Parmi les femmes qui ont dénoncé les agissement­s d'Harvey Weinstein, certaines ont affirmé jeudi que l'annu‐ lation de la condamnati­on n'était pas seulement démo‐ ralisante, mais aussi profon‐ dément injuste.

Cette décision n'affecte cependant en rien la réalité de ce que nous avons vécu, ont écrit dans un communi‐ qué les membres du groupe Silence Breakers.

Le monde a changé, ontelles affirmé. Nous conti‐ nuons à être fortes et à dé‐ fendre ce changement. Nous continuero­ns à nous battre pour que justice soit rendue aux survivante­s du monde entier.

Harvey Weinstein pourra donner sa version, affirme l'un des avocats

Nous savions qu'Harvey Weinstein n'avait pas eu droit à un procès équitable, s'est félicité Arthur Aidala, l'un de ses avocats, parlant d'un grand jour pour les ÉtatsUnis, car la décision nous donne foi dans le fait qu'il existe bien un système judi‐ ciaire.

Harvey pourra, en vertu de cette nouvelle décision, se présenter à la barre et don‐ ner sa version de l'histoire en restant fidèle à ce qu'il a tou‐ jours dit, a ajouté Arthur Ai‐ dala.

Il y avait tant de pression, parce que Harvey était le vi‐ sage de ce mouvement, a-t-il déploré, faisant allusion au mouvement #MoiAussi.

L'affaire Weinstein, un électrocho­c à Hollywood

Cette annulation rouvre un chapitre douloureux dans une histoire qui avait servi d'électrocho­c non seulement à la communauté de Holly‐ wood, mais à l'ensemble de la société civile nord-améri‐ caine.

En effet, à partir du mo‐ ment où, en 2017, les alléga‐ tions avaient commencé à déferler contre Harvey Weinstein, une prise de conscience et une vague de dénonciati­ons s'étaient amorcées au sujet de com‐ portements sexuels abusifs perpétrés par des personnes détentrice­s de pouvoir dans diverses sphères de la so‐ ciété.

L'annulation de la condamnati­on de l'ex-pro‐ ducteur de cinéma constitue un deuxième revers majeur pour le mouvement #MoiAussi en un peu plus de deux ans.

Le premier avait été le re‐ fus, par la Cour suprême des États-Unis, d'entendre l'appel visant à infirmer une décision de la Cour de la Pennsylva‐ nie, décision qui avait eu pour effet de rendre la li‐ berté au comédien Bill Cosby dans une affaire de viol.

Mais il est peu probable que la décision rendue à New York ait un quelconque im‐ pact sur l'affaire de Los An‐ geles, a souligné à l'AFP Aya Gruber, professeur­e de droit pénal.

Les règles de procédure qui ont abouti à la décision d'annulation à New York sont très différente­s de celles ap‐ pliquées en Californie, a-telle expliqué.

Des femmes qui ont longtemps gardé le silence

Les films produits par Harvey Weinstein avaient re‐ çu de très nombreuses nomi‐ nations et récompense­s aux Oscars. L'ascendant exercé par le producteur sur le mi‐ lieu du cinéma ainsi que sa célébrité étaient tels que ses victimes gardaient le silence, par peur de répercussi­ons sur leur carrière.

Depuis 2017, des dizaines de femmes, dont Angelina Jo‐ lie et Gwyneth Paltrow, ont accusé Harvey Weinstein de harcèlemen­t, d'agressions sexuelles ou de viols. Mais le délai de prescripti­on a été dépassé dans nombre de ces affaires.

L'actrice Alyssa Milano avait aidé à faire exploser le mouvement #MeToo, motclic créé 11 ans avant l'affaire Weinstein par la militante afro-américaine Tarana Burke.

Le système judiciaire n'a jamais bénéficié aux survi‐

vantes dans ce pays, a fustigé jeudi devant la presse Tarana

Burke.

Parce que ces femmes courageuse­s dans cette af‐ faire ont brisé le silence, des millions et des millions d'autres ont trouvé la force de s'exprimer, a-t-elle rap‐ pelé. Ce sera pour toujours une victoire.

Harvey Weinstein n'a ja‐ mais reconnu publiqueme­nt autre chose que des relations

consenties.

Trump après avoir discuté avec Michael Cohen : J'ai parlé à Michael. Karen est une fille bien. Est-ce que c'est vrai qu'un groupe mexicain cherche à acheter l'histoire pour 8 millions de dollars?

David Pecker lui aurait ré‐ pondu qu'il ne le croyait pas, après quoi Donald Trump lui aurait demandé ce qu'il de‐ vait faire. Je pense que tu de‐ vrais acheter l'histoire et la retirer du marché, lui aurait-il répliqué.

Je croyais que [les affirma‐ tions de Karen McDougal] étaient vraies.

David Pecker, ancien PDG d'AMI

Mme McDougal soutient avoir entretenu pendant 10 mois, entre 2006 et 2007, une relation avec Donald Trump avant l'entrée en poli‐ tique de ce dernier.

En janvier 2017, quelques semaines après la victoire électorale de Donald Trump, David Pecker a, selon son té‐ moignage, été invité à la Trump Tower et présenté à des membres de la future ad‐ ministrati­on Trump, dont le patron du FBI de l'époque, James Comey, et celui qui al‐ lait devenir le directeur de la

CIA, Mike Pompeo.

Donald Trump l'aurait re‐ mercié pour son aide et lui aurait aussi demandé : Com‐ ment va notre fille?

Bien. Elle garde le silence. Aucun problème, aurait ré‐ pondu M. Pecker. Il n'est pas clair si les autres hommes présents à la rencontre ont entendu leur conversati­on.

Contentieu­x autour du paiement

David Pecker a exprimé à plusieurs occasions ses in‐ quiétudes devant la possibi‐ lité de voir son groupe mé‐ diatique devoir absorber luimême la prise en charge du paiement à Mme McDougal.

Le patron va s'en occuper, lui aurait initialeme­nt assuré Michael Cohen après avoir donné à M. Pecker le feu vert pour acheter le récit de la jeune femme.

À l'issue des négociatio­ns avec l'avocat de Mme Mc‐ Dougal, le grand patron d'AMI a convenu de lui verser 150 000 $ US, mais il a initia‐ lement résisté à la demande de M. Cohen d'avancer la somme.

Il a rendu compte de sa conversati­on avec l'exhomme de confiance du pré‐ sident : Michael, pourquoi devrais-je payer? Je viens de payer 30 000 $ US pour l'his‐ toire du portier. Maintenant, vous me demandez de payer 150 000 $ US pour l'histoire de Karen.

Mardi, il avait indiqué avoir payé un ancien portier de la Trump Tower qui affir‐ mait que M. Trump avait un enfant illégitime, même si ses affirmatio­ns avaient été ju‐ gées mensongère­s.

Signe de l'importance ac‐ cordée à ces témoignage­s, il avait spécifié plus tôt cette semaine que son groupe mé‐ diatique payait habituelle‐ ment ses sources entre 250 $ US et 2500 $ US, parfois 5000 $ US dans le cas de révéla‐ tions sur de grandes célébri‐ tés.

M. Pecker a également avoué que son entreprise avait faussement conclu un contrat de collaborat­ion avec Mme McDougal pour ne pas donner l'impression d'en‐ freindre les lois sur le finan‐ cement électoral.

Pour légitimer une somme aussi importante, la jeune femme serait officielle‐ ment rémunérée pour écrire des chroniques sur la forme physique (qu'elle n'écrirait pas elle-même) et pour faire la couverture du National En‐ quirer.

M. Pecker a ajouté avoir signé un accord pour être remboursé par une sociétéécr­an créée par Michael Co‐ hen.

Il a dit avoir changé d'idée après avoir consulté son avo‐ cat et l'avoir signifié à Mi‐ chael Cohen, par crainte des répercussi­ons juridiques.

Michael Cohen se serait alors fâché contre lui et au‐ rait crié : Le patron va être très en colère contre vous.

M. Pecker, qui n'a jamais été remboursé et n'a pas fait état du paiement aux autori‐ tés, a reconnu devant les ju‐ rés avoir violé les lois sur le financemen­t électoral, puisque les dépenses de campagne faites en coordi‐ nation avec l'équipe d'un can‐ didat doivent être déclarées.

Il a d'ailleurs indiqué avoir conclu une entente avec le bureau du procureur du dis‐ trict de Manhattan, qui a dé‐ posé les accusation­s contre Donald Trump. L'entente lui a permis d'éviter des pour‐ suites.

On savait qu'il avait conclu une entente similaire avec les procureurs fédéraux en 2018.

Vers la fin de l'interroga‐ toire des procureurs, M. Pe‐ cker a dit toujours considérer

Donald Trump comme un ami, même si les deux hommes ne se sont pas parlé depuis 2019.

Début du contre-interro‐ gatoire

Les avocats de Donald Trump ont eu l'occasion d'amorcer brièvement leur contre-interrogat­oire, pen‐ dant lequel ils ont tenté d'ou‐ vrir leurs premières brèches dans la thèse des procureurs.

M. Pecker a entre autres indiqué avoir prévenu M. Trump de la publicatio­n d'ar‐ ticles négatifs bien avant qu'il ne se lance en politique.

L'avocat Emil Bove a aussi tenté de normaliser la pra‐ tique d'intercepti­on et de suppressio­n d'informatio­ns négatives pratiquée par le groupe AMI.

David Pecker a ainsi indi‐ qué avoir déjà tué dans l'oeuf des histoires visant l'ex-gou‐ verneur de Californie Arnold Schwarzene­gger, l'ex-maire de Chicago Rahm Emanuel, un démocrate aujourd'hui ambassadeu­r des États-Unis au Japon ou encore le golfeur Tiger Woods.

Le témoignage de M. Pe‐ cker se poursuivra vendredi.

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