Centre de tri de Saguenay : l’explosion des coûts et des délais se poursuit
Les coûts du futur centre de tri de Saguenay conti‐ nuent d’exploser et les dé‐ lais s’accumulent. La fac‐ ture doit atteindre entre 50 et 60 millions de dollars et la fin du chantier est pré‐ vue en novembre, selon les estimations de la Ville de Saguenay. Le dossier sera confié au service juridique de la municipalité.
La facture du projet pour‐ rait ainsi atteindre près de trois fois le montant qui avait été prévu initialement.
La construction du nou‐ veau centre de tri des ma‐ tières recyclables avait été évaluée à 20 millions de dol‐ lars, sans les équipements. Le projet a ensuite été révisé en 2021 à 38 millions de dol‐ lars, avant de bondir à 47 millions de dollars en sep‐ tembre 2022.
La facture a continué d’augmenter depuis ce mo‐ ment pour le projet qui est le plus important chantier mené par Saguenay depuis plusieurs années.
Le président de la Com‐ mission des finances, Michel Potvin, s’attend maintenant à ce que les coûts finaux du projet se situent entre 50 et 60 millions de dollars. Le bâ‐ timent devrait être livré cet automne, soit au moins deux ans après l’échéancier initia‐ lement fixé.
C’est certain que c’est un dossier qui a pris beaucoup de temps, reconnaît-il. Il de‐ vait être ouvert en 2021, maximum 2022. Là, il va être ouvert en théorie en no‐ vembre 2024.
Un dossier qui sera étu‐ dié par les services juri‐ diques
Ce sont deux entreprises de la région qui mènent le chantier de construction et qui ont réalisé l’ingénierie du bâtiment, en plus de la pré‐ sence d’autres sous-contrac‐ tants sur le terrain.
Le nouveau centre de tri est construit sur la rue Adé‐ lard-Plourde, à proximité de l’ancien centre, qui est tou‐ jours en opération.
Michel Potvin refuse tou‐ tefois de s’avancer sur les rai‐ sons qui expliquent cette ex‐ plosion des coûts.
C’est multifactoriel, écou‐ tez, il y a eu toutes sortes d’éléments dans lesquels on ne veut pas trop s’avancer. On attend que ce soit vrai‐ ment ouvert, puis après ça, nos services juridiques vont statuer là-dessus.
Michel Potvin, président de la Commission des fi‐ nances de Saguenay
Radio-Canada a demandé à la Ville de Saguenay de visi‐ ter le chantier, mais il a été précisé que les visites ne se‐ raient pas possibles avant la fin des travaux. Des ententes de confidentialité lient égale‐ ment les entrepreneurs sur le chantier à la municipalité.
Des plaintes déposées à la CNESST
Selon les informations re‐ cueillies par Radio-Canada, le climat de travail aurait no‐ tamment eu un impact sur la gestion du chantier.
Des plaintes pour harcèle‐ ment et intimidation auraient été déposées à la Commis‐ sion des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).
La CNESST confirme de son côté être intervenue ré‐ gulièrement sur le chantier du centre de tri de Saguenay, depuis le début des travaux en 2021.
L’organisme ne pouvait toutefois préciser la nature des plaintes vendredi, pour des raisons de confidentia‐ lité.
Une facture payée majo‐ ritairement par Québec
Les coûts du projet doivent toujours être assu‐ més en majorité par Québec. Michel Potvin estime que le gouvernement pourrait cou‐ vrir 90 ou 92 % de la facture. Un montant annuel devrait être versé, une fois que les travaux seront terminés.
Il s’inquiète toutefois que la Ville de Saguenay perde un soutien de plusieurs millions de dollars dans ce dossier, si la construction du centre n’est pas terminée en no‐ vembre.
Aucune aide financière n’a été versée par Québec jus‐ qu’à maintenant pour le pro‐ jet, a-t-on confirmé du côté du ministère de l’Environne‐ ment, de la Lutte contre les changements climatiques de la Faune et des Parcs. Le mi‐ nistère a également fait des vérifications auprès du minis‐ tère des Affaires municipales et de l’Habitation.
Il n’a pas été possible de savoir si la portion assumée par Québec s'élèverait tou‐ jours à environ 90 %, dans le contexte de l’explosion des coûts.
Un ancien centre désuet
Le président de la Com‐ mission du développement durable et de l’environne‐ ment, le conseiller municipal Jimmy Bouchard, rappelle que la construction d’un nou‐ veau centre de tri était néces‐ saire en raison de la vétusté des installations actuelles.
On est arrivé avec le centre de tri actuel un peu à la limite de sa durée de vie, quoique toujours opération‐ nel, toujours correct, mais il faut savoir que plus on va produire de la matière de qualité dans nos centres de tri, plus ça va être facile de la revendre, plus ça va être fa‐ cile de la mettre sur les mar‐ chés et d’avoir des bons prix, explique-t-il.
Le taux de valorisation des matières reçues est d’en‐ viron 85 % actuellement et il pourrait augmenter grâce aux nouveaux équipements.
Il y a aussi une question de capacité, une question de gestion de l’organisation. Donc, il fallait s’agrandir un petit peu, améliorer nos pro‐ cessus, indique-t-il.
Le centre de tri de Sague‐ nay assure aussi la valorisa‐ tion des matières recyclables de la MRC du Fjord-du-Sa‐ guenay.