Le nouveau programme albertain d’études en sciences sociales est prêt à être testé
Après six ans de débats sur ce que les enfants doivent apprendre en sciences so‐ ciales, le ministère de l'Éducation de l'Alberta a dévoilé, vendredi, la der‐ nière version du nouveau « curriculum » de la mater‐ nelle à la 6e année et invite les conseils scolaire à le tester dès la prochaine ren‐ trée.
Cette dernière version vise à aider les autorités sco‐ laires et les enseignants à se préparer à la mise à l'essai fa‐ cultative en classe, qui débu‐ tera en septembre 2024.
Selon le gouvernement, le curriculum a été ajusté, entre autres, pour : renforcer les opportunités qui encou‐ ragent le développement de la pensée critique, améliorer le développement des com‐ pétences liées au concept de citoyenneté active et engager les élèves dans un apprentis‐ sage qui favorise la compré‐ hension de la diversité à tra‐
vers le Canada et le monde.
Prise en compte des pré‐ occupations des Albertains
Environ 13 000 recom‐ mandations avaient été en‐ voyées au ministère de l'Édu‐ cation depuis le mois d'août l’an dernier. Ces recomman‐ dations, selon le ministère, ont aidé à élaborer la nou‐ velle mouture.
Dans le monde en constante évolution d'aujour‐ d'hui, il est essentiel de mettre à jour le programme d'études de l'Alberta afin de donner aux élèves des bases solides pour réussir leur ave‐ nir, indique le ministre d’édu‐ cation, Demetrios Nicolaides.
M. Nicolaides dit que son ministère a pris en compte les commentaires des Alber‐ tains pour apporter des mo‐ difications.
Certains contenus qui se trouvaient à l'origine en 2e année, comme les impôts, ont été déplacés en 5e an‐ née. La quantité totale de contenu sque l'on trouve dans certaines classes, comme en 4e année, a été réduite pour répondre aux préoccupations concernant la charge de contenu, sou‐ ligne le ministre.
De plus, le contenu et la perspective des Premières Nations, des Inuits et des francophones ont été ajou‐ tés, tout comme des conte‐ nus relatifs au racisme, à l'an‐ tiracisme, à l'antisémitisme et à l'islamophobie.
Le rôle des conseils sco‐ laires
Dans son budget de 2024, le gouvernement a alloué 34 M$ pour soutenir la mise en oeuvre de ce projet pilote et ces fonds seront mis à la dis‐ position des conseils sco‐ laires qui choisissent de me‐ ner un projet pilote.
Le ministère de l'Éduca‐ tion de l'Alberta invite main‐ tenant officiellement tous les conseils scolaires à peaufiner le programme en le testant dans leurs classes en sep‐ tembre cette année. Le pro‐ jet pilote se déroulera de septembre cette année à juin 2025. Le gouvernement af‐ firme que les conseils sco‐ laires disposeront d'une cer‐ taine souplesse pour déter‐ miner la manière dont ils participeront au projet pilote.
Ils peuvent choisir de pilo‐ ter toute ou une partie du curriculum. Ils peuvent déci‐ der du nombre d'enseignants qui participeront au proces‐ sus et du nombre de résul‐ tats d'apprentissage avec les‐ quels ils travailleront, sou‐ ligne le ministre de l’Éduca‐ tion.
Le financement accordé aux autorités scolaires com‐ prend : 800 $ par enseignant pour soutenir l'accès à l'ap‐ prentissage professionnel et 45 $ par élève pour soutenir la prise de décision locale en matière de développement et d'acquisition de res‐ sources.
Opposition au curricu‐ lum
Tout le monde n'est pas d'accord avec le nouveau programme.
Jean Claude Couture est professeur adjoint à l'Univer‐ sité de l'Alberta et enseigne les études sociales aux futurs enseignants de la province. Selon lui, ce programme d'études est lourd en matière de contenus pour les élèves alors que le temps est la grande ressource que pos‐ sèdent les enseignants.
Il affirme que le nouveau programme privera les ensei‐ gnants du peu de temps dont ils disposent pour enseigner.
Comment prétendre avoir le temps d'emmener un élève de sixième année à faire preuve d'esprit critique sur son rôle dans la commu‐ nauté, sa province, le monde en tant que citoyen, lors‐ qu'on lui présente une cen‐ taine de questions sur l'his‐ toire de la démocratie, en re‐ montant à la Grèce et à la Rome antiques, à l'évolution de la Magna carta ?
Amanda Chapman, la dé‐ putée néo-démocrate de Cal‐ gary-Beddington, affirme que le nouveau programme im‐ pose un nouveau fardeau aux enseignants, alors que les classes ont d'autres pro‐ blèmes, tels que la surcapa‐ cité.
Ce qui me préoccupe c'est que les écoles sont surchar‐ gées, manquent de person‐ nel et je crains que les nou‐ veaux curriculums sur‐ chargent le système scolaire, souligne-t-elle.