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MONSIEUR SMITH VA EN PRISON

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Jeff Smith, un ancien professeur de politique qui a passé neuf mois en prison pour violations de la loi électorale fédérale et qui a été relâché en 2010, le sait lui. À sa sortie, il a fait le compte-rendu de son expérience dans le livre Mr. Smith Goes to Prison: What My Year Behind Bars Taught Me About America’s Prison Crisis (Monsieur Smith va en prison : Ce que mon année derrière les barreaux m’a appris sur la crise carcérale américaine). Dans une entrevue avec le site Vice, il raconte notamment : « Je me suis vu poser des gestes criminels en prison. Je volais à l’entrepôt. Je me battais. Bref, je me comportais comme jamais je ne l’avais fait en dehors. Et je n’ai même pas été là un an. Alors, imaginez comment quelqu’un qui réside en prison pendant plus longtemps doit apprendre à s’adapter à cet environnem­ent. À un monde dans lequel il ne doit démontrer aucune émotion, ne peut exposer sa vulnérabil­ité, dans lequel il doit être dur à tout moment. Vous ne pouvez faire preuve de la moindre faiblesse, car c’est ce que d’autres détenus attendent pour prendre le dessus sur vous. Vous pensez que cela n’a pas d’effets sur les gens? Malgré toute la bonne volonté du monde, malgré le désir de marcher dans le droit chemin, il y aura toujours des éléments nocifs en prison qui en feront un lieu criminogèn­e. »

Smith confirme également que les difficulté­s rencontrée­s par les ex-détenus se poursuiven­t une fois dehors : « J’avais un putain de doctorat, pas moins de 300 lettres attestant ma bonne conduite de personnes haut placées comme le procureur général, le lieutenant-gouverneur, le maire de Saint-louis, des juges, des membres du Sénat, et j’ai tout de même eu du mal à trouver un emploi quand je suis sorti. Imaginez comment ce doit être difficile pour quelqu’un qui n’a pas un sou devant lui, qui n’a pas de soutien de la communauté, qui n’a pas d’études, de moyen de transport ou d’endroit où se loger en sortant de prison. Rendu là, on ne se demande pas pourquoi à 66 %, le taux de récidive est aussi haut, mais pourquoi il est aussi bas. »

L’ex-détenu réalise donc très vite que sortir de prison est une chose, mais que réintégrer la société en est une autre. Au bout de la ligne, avoir des antécédent­s criminels et ne pas disposer d’assez d’argent pour combler ses besoins de base est la combinaiso­n parfaite pour récidiver.

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