RIEN NE SE PERD, RIEN NE SE CRÉE
Membre de l’académie des sciences depuis 1768, ce n’est qu’au moment où il est nommé régisseur à l’administration royale des poudres en 1775 que le chimiste français Antoine Lavoisier obtient enfin un laboratoire à sa mesure. À l’époque, la chimie est terriblement en retard sur l’astronomie postgaliléenne et la physique postnewtonienne. En l’espace d’une quinzaine d’années, Lavoisier va lui faire faire un bond de géant. D’une part en formulant la loi de conservation de la masse; le fameux « rien ne se perd, rien ne se crée ». D’autre part en participant avec les chimistes Claude Louis Berthollet, Antoinefrançois Fourcroy et Louis-bernard Guyton-morveau à l’établissement de la Méthode de nomenclature chimique, laquelle va devenir la pierre d’assise du tableau périodique des éléments. Et, surtout, en publiant son Traité élémentaire de chimie qui va poser les fondements de la chimie moderne. Malheureusement pour l’illustre chimiste, ces découvertes se font à l’aube de la Révolution française et, lorsque la chasse aux ennemis de la République dégénère, il est condamné à la guillotine pour avoir fait partie des Fermiers généraux, symboles de l’ancien Régime monarchique. Bien que ses partisans fassent valoir les nombreux services que l’illustre chimiste a rendus à la patrie, on leur répond : « La République n’a pas besoin de savants. » Quand le couperet s’abat sur Lavoisier, âgé d’à peine 50 ans, le mathématicien Joseph Louis Lagrange résume le drame en ces mots : « Il ne leur a fallu qu’un moment pour faire tomber cette tête et cent années peut-être ne suffiront pas pour en reproduire une semblable. »