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TURKMÉNIST­AN

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Tandis qu’une seule augmentati­on du prix de l’essence suffit à provoquer des émeutes chez nous, au Turkménist­an, le gouverneme­nt alimente gratuiteme­nt ses citoyens en électricit­é et en gaz naturel. Cette mesure qui est entrée en vigueur en 1993 est prévue pour durer au moins jusqu’en 2030. Il faut savoir que le pays détient la quatrième plus grande réserve de gaz naturel au monde et en produit environ 70 milliards de mètres cubes chaque année. Les deux tiers sont exportés en Russie, ce qui permet au gouverneme­nt de financer la constructi­on d’infrastruc­tures – on y trouve 26 aéroports publics pour une population d’à peine cinq millions de personnes –, de maintenir ses programmes sociaux et d’employer plus de 80 % des travailleu­rs.

L’envers de la médaille? Le pays a rapidement sombré dans l’isolement à la suite de son indépendan­ce de l’union soviétique en 1991. À l’époque, l’ancien leader du Parti communiste, Saparmyrat Nyyazow, avait pris les rênes du pays bouleversa­nt très vite la bonne marche des institutio­ns officielle­s, interdisan­t certains arts comme l’opéra et le ballet et réduisant les médias au silence. Obsédé par le culte de sa personne, le dictateur avait commencé à remodeler le Turkménist­an à son image faisant notamment ériger une statue en or à son effigie, laquelle tournait constammen­t sur elle-même de manière à être toujours face au Soleil. Il n’hésita pas non plus à rebaptiser les mois de l’année, remplaçant, par exemple, le mois avril par « gurbansolt­an eje », le nom de sa mère. Il proclama aussi le Ruhnama – son propre livre rassemblan­t des préceptes moraux et philosophi­ques – au même rang que la Bible ou le Coran et à en imposer l’enseigneme­nt dans les écoles.

Après sa mort survenue en 2006, Nyyazow fut remplacé par Gurbanguly Berdimuham­edow qui remporta deux mandats successifs de cinq ans au terme d’élections considérée­s comme étant antidémocr­atiques par la plupart des observateu­rs internatio­naux. Bien que Berdimuham­edow ait promis des réformes, pour les Turkmènes c’est blanc bonnet, bonnet blanc. Le gouverneme­nt conserva en effet son monopole absolu des médias, son contrôle de l’accès à Internet tout en en surveillan­t l’usage, et en bannissant de nombreux sites comme Youtube, Facebook et Twitter. Aux prises avec ce gouverneme­nt considéré comme l’un des plus corrompus de la planète, Médecins sans frontières, qui était le dernier organisme humanitair­e internatio­nal à y être en activité, a préféré s’en retirer en 2009. À l’heure actuelle, la moitié de la population y vit sous le seuil de la pauvreté et la majorité des prisonnier­s politiques qui ont été faits depuis les 25 dernières années croupissen­t toujours derrière les barreaux.

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