C’EST JUSTE MON OPINION MAIS…
DES RADIOS POUBELLES À QUÉBEC? OUI ET NON…
C'EST JUSTE MON OPINION, MAIS…
Depuis le massacre de la Mosquée de Québec, plusieurs ont pointé du doigt les radios de Québec comme ayant été un vecteur important – voire un catalyseur – de la haine dans la région de la Capitale-nationale. Existe-t-il un lien entre le discours véhiculé par des radios de Québec et le geste meurtrier d’alexandre Bissonnette, l’auteur de la tuerie?
Poser la question, c’est y répondre. Bien sûr que non. Mais certaines radios de Québec – et davantage certains animateurs « poubelles » – sont très certainement l’une des causes qui expliquent le climat fétide de haine et de racisme dans lequel baigne la grande région de Québec depuis fort longtemps.
Je m’explique.
Contrairement aux autres régions du Québec, la ville de Québec est pratiquement le seul endroit où l’on est en présence d’une véritable radio parlée de type « talk radio » à l’américaine. À la décharge des radios de Québec, la radio parlée évolue généralement dans un contexte favorisant la « droite politique » et la « droite économique ». Ainsi, les animateurs n’hésiteront pas à critiquer la grosseur des gouvernements, les ingérences dans la vie privée des gens, la taxation et les impôts toujours « trop élevés » de même que la piètre qualité des services publics. C’est le propre du discours de la radio parlée en général. Le négatif est vendeur et demande peu d’investissement intellectuel. Il est beaucoup plus facile de détruire que de construire, de prêcher la haine et la peur de ce qui ne nous ressemble pas, que d’éduquer face à l’ignorance ou la méconnaissance. Prendre le parti de la tolérance et du rassemblement n’est pas susceptible de générer des cotes d’écoute, et par conséquent, des revenus publicitaires intéressants.
Voilà où se logent certaines radios ainsi qu’un bon nombre d’animateurs de radios de Québec : dans la facilité, les préjugés érigés en vérité, et la haine.
À titre d’exemple, il est beaucoup plus intéressant de gueuler sur l’impossibilité d’intégrer nos concitoyens musulmans, de soulever des doutes sur le discours de certains imams lors des prêches du vendredi à la Mosquée, de ridiculiser la femme qui porte le hijab ou d’affirmer que l’accueil des réfugiés n’est qu’un gouffre financier pour l’aide sociale! Les arguments sont faciles, ils sont vendeurs, et c’est ce que le citoyen mal informé va inévitablement croire sans trop se poser de question.
Afin de prouver son point, l’animateur poubelle va nous citer quelques exemples anecdotiques en provenance de l’étranger tout en sachant très bien que l’auditeur moyen ne fera pas la part des choses. Car l’auditeur moyen en transit sur le pont Pierre-laporte n’a pas le temps d’aller vérifier par lui-même. Coincé dans le tourbillon du quotidien, il vit donc ses opinions par procuration en faisant confiance à l’animateur poubelle.
D’autres se serviront de la peur pour extrapoler des nouvelles même en provenance du Québec. Comme la question des signes religieux ou des accommodements raisonnables. L’exemple le plus pathétique est celui du port du niqab qu’on n’hésite pas à généraliser. À un point tel qu’on a l’impression que cette problématique est devenue LA préoccupation du siècle, alors qu’on sait très bien qu’à peine 200 femmes portent le niqab sur l’ensemble du territoire québécois. Mais qu’à cela ne tienne! Deux cents aujourd’hui sera deux millions demain!
Il en va de même pour la haine de l’état. La radio de droite s’amuse à nous citer des exemples rapportés dans le Journal de Québec jour après jour sur L’INCURIE épouvantable de nos fonctionnaires et de nos dirigeants politiques. À entendre certains animateurs poubelles – qui n’ont jamais rien géré d’autre que leurs bobettes Fruit of the Loom –, nous serions dirigés par des POURRIS CORROMPUS. Oui, nos dirigeants ne prennent que de mauvaises décisions. « On se fait fourrer à temps plein », disentils avec le sourire à la commissure des lèvres. Mais une fois l’émission poubelle terminée, ces mêmes animateurs ne sont jamais foutus d’apporter leurs solutions miracles à tous nos problèmes de société. Ils rentrent dans leur banlieue confortable, encaissent leur salaire faramineux, boivent leurs bonnes bouteilles et diffusent parfois – même souvent - leurs émissions en direct de leur condo en Floride sans que l’auditeur – pris dans le trafic quotidien du pont Pierre-laporte – s’en rende compte!
L’animateur poubelle dénonce, gueule et crie sa haine dans le micro et passe à la caisse. Il est contre le Service rapide par bus du maire Labeaume – mais n’a jamais pris le transport en commun. Il n’a jamais géré une municipalité ni la misère humaine. L’animateur poubelle se dit de « droite », mais est incapable de nous citer un penseur de la droite américaine. La véritable droite qui a quand même conservé une compassion pour les plus pauvres, les travailleurs et les démunis. Non.
Qu’on me comprenne bien. Oui, certains animateurs de Québec sont dignes de la poubelle. Ils se comptent peut-être que sur une seule main. Ceux-ci ont contribué au climat fétide qui règne sur les ondes de Québec et finissent par ternir la réputation de la ville, malheureusement. Ces sinistres personnages ont oublié qu’avoir un micro comporte une responsabilité sociale. Oui, les ondes peuvent servir à dénoncer. Dénoncer les injustices et ceux qui sont sans voix. Mais les ondes peuvent aussi servir à prêcher la tolérance et le vivre ensemble. Elles peuvent aussi servir à expliquer et faire un peu de pédagogie. La poubelle l’a oublié – par ignorance crasse et cupidité. C’est malheureux.