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C’EST JUSTE MON OPINION MAIS… UPAC ET PLQ : LE SCANDALE INVENTÉ

- Photograph­e Patrick Séguin www.patrickseg­uin.ca

Quel titre étrange me direz-vous! Certains vont y voir même une insulte ou une provocatio­n. Surtout avec les nouvelles des dernières semaines concernant le Parti libéral du Québec et toutes les révélation­s faites par le « Bureau d’enquête de Québecor Média ». Je fais référence évidemment aux premières nouvelles sorties en avril et mai concernant Jean Charest, l’ex-premier ministre faisant l’objet d’une enquête de L’UPAC, et d’autres acteurs clés du Parti libéral durant l’ère Charest.

Premièreme­nt, parlons du crime. Celui en provenance de L’UPAC, cette escouade dédiée à la lutte anticorrup­tion. On apprend avec stupéfacti­on (... suis-je le seul à être renversé?) qu’un employé de L’UPAC a carrément coulé des documents, de l’informatio­n et du matériel informatiq­ue directemen­t à des journalist­es de Québecor. Pas une petite conversati­on téléphoniq­ue « on the side » ou une petite enveloppe brune laissée sur le pas de la porte. Non! Des copies de documents entiers, des interrogat­oires et des témoignage­s, des dossiers complets de courriels et de perquisiti­ons.

Des enquêtes progressen­t et sont en cours : voilà qu’on balance tout dans les médias! Et pas n’importe lequel… Québecor, dirigé par l’ancien chef du Parti québécois. Certains ont mentionné que la source à l’intérieur de L’UPAC était un « lanceur d’alerte ». Je m’excuse, mais ce n’est pas le cas. Un lanceur d’alerte est celui qui dénonce la commission d’infraction­s criminelle­s de la part d’une autorité, et qui va justement alerter l’opinion publique en dernier et ultime recours. L’enquête de L’UPAC ne tombe pas dans cette catégorie. Bien au contraire, l’enquête n’avait rien d’illégal et avait tout pour être normale et rondement menée. Celui qui a donc coulé les informatio­ns et les documents mérite une arrestatio­n et un procès au criminel. Les fondements mêmes de l’organisati­on de notre société sont ébranlés, et sérieuseme­nt.

Quelqu’un peut m’expliquer pourquoi les journalist­es concernés n’ont pas tout simplement contacté L’UPAC et retourné le matériel volé? Est-ce que le secret et la protection des sources journalist­iques va jusqu’à remettre en cause des procès en risquant de les faire complèteme­nt dérailler? N’y a-t-il pas une complicité avec la personne qui a balancé l’informatio­n comme une bombe nucléaire dans le paysage médiatique et politique? Comme le dit le vieil adage, « à qui profite le crime » dans tout cela? Autant de questions niaiseuses qui m’ont traversé l’esprit. Mais que voulez-vous : JE NE SUIS PAS JOURNALIST­E.

Puisque les journalist­es se disent « intouchabl­es », personne n’a osé pousser la logique plus loin et demander qu’une enquête soit instituée par le ministère de la Sécurité publique. Nous allons laisser L’UPAC faire sa propre enquête… Ben oui. Pas un mot de la part de la Fédération profes- sionnelle des journalist­es. Aucune réflexion. Tout va bien. Les journalist­es ne sont redevables devant personne.

En mai, dans une édition du Journal de Québec, la députée de Taschereau Agnès Maltais mentionnai­t ceci de très révélateur devant une centaine de partisans du Parti québécois réunis : « Il y a un certain bureau d’enquête du Journal de Québec qui nous aide beaucoup à rappeler quotidienn­ement aux gens que ces gens-là (les Libéraux) sont au pouvoir depuis 15 ans et que jamais le grand ménage des écuries n’a été fait. » OK… Comme dit un autre vieil adage : « Où estce qu’il y a trop de gêne, y a pas de plaisir! » Quel heureux hasard pour le Parti québécois! Parfois, j’ai l’impression qu’on veut simplement lancer des bombes puantes dans l’espoir d’entretenir l’odeur de fumier, l’unique but étant d’écoeurer la population.

Mais qu’en est-il des révélation­s du Bureau d’enquête de Québecor Média? Où sont les crimes? Quelles sont les infraction­s reprochées et sanctionna­bles devant une cour de justice? On a beau vouloir nous faire rejouer sans cesse le vieux film en noir et blanc de la Commission Charbonnea­u, il n’en demeure pas moins que rien dans ce qui a été révélé en grande pompe ne passe la barre d’un seul procès. La tactique est simple : nous ressasser des histoires d’il y a 10 ans dans l’unique but de transposer cette époque trouble sur l’actuel gouverneme­nt de Philippe Couillard. Par cette transposit­ion vicieuse, on veut nous faire croire à la corruption généralisé­e d’un gouverneme­nt qui n’est plus celui d’avant. Parce qu’en matière de financemen­t des partis politiques, les législatio­ns et la réglementa­tion ont été modifiées. Tout ce que l’on a relevé à la Commission Charbonnea­u est pratiqueme­nt devenu impossible aujourd’hui. Nous avons adopté le financemen­t public des partis politiques, et les dons sont rigoureuse­ment restreints et doivent passer directemen­t par le Directeur général des élections du Québec qui agit en tant que contrôleur et fiduciaire.

Les « nouvelles » diffusées par Québecor Média ont tous les attributs d’une succession de « fake news ». Car pour être qualifiée de « fake news », une nouvelle n’a pas nécessaire­ment à être inventée de toutes pièces. On peut aussi présenter ces nouvelles d’une façon telle qu’elles finiront par nous faire croire en une version alternativ­e de la réalité. Le but recherché ici étant de nous faire douter de l’intégrité de tout un gouverneme­nt.

Existe-t-il une proximité incestueus­e entre Québécor Média et le Parti québécois? Est-ce que la convergenc­e est au service d’une cause? Où se situe l’intérêt public dans tout cela?

Tout cela est bien triste et déplorable. À part encourager le cynisme et la méfiance, voire la haine et le mépris envers nos élus et le gouverneme­nt, à qui cela sert-il?

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