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WILL TO POWER : ENTREVUE AVEC LA CHANTEUSE MONTRÉALAI­SE D’ARCH ENEMY

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Par Jean-françois Cyr – Le groupe de death metal mélodique Arch Enemy a proposé cet été un 10e album titré Will To Power. Créée en 1995, cette formation suédoise compte depuis 2014 dans ses rangs la chanteuse montréalai­se Alissa White-gluz. Celle-ci a remplacé Angela Gossow, qui est néanmoins demeurée agente d’arch Enemy. Depuis son arrivée dans le groupe, Alissa White-gluz a participé à plus de 300 spectacles offerts dans de nombreux pays. À ses dires, c’est un rêve qui se concrétise enfin. Entrevue avec l’interprète de 32 ans.

MALGRÉ LES ACTIVITÉS TRÈS PRENANTES D’ARCH ENEMY À L’ÉTRANGER, TU AS TOUJOURS UN PIED-À-TERRE À MONTRÉAL?

Oui, en quelque sorte. Ma famille est à Montréal. J’essaie de passer du temps en ville quand c’est possible. Ce sont souvent des séjours de quelques journées seulement.

MICHAEL AMOTT (AUTEUR-COMPOSITEU­R ET GUITARISTE) EST-IL TOUJOURS LE NOYAU CRÉATIF D’ARCH ENEMY?

Oui. De plus en plus, Daniel (Erlandsson, le batteur) participe à la création. Il a coréalisé l’album, en fait. Il a beaucoup travaillé avec Michael pour écrire les chansons en préproduct­ion. Il faut dire que tous les membres portent plusieurs chapeaux. Par exemple, Sharlee (D’angelo, le bassiste) aide parfois à la structure des pièces. Il s’occupe aussi de concevoir le setlist pour les concerts.

AS-TU D’AUTRES RESPONSABI­LITÉS QUE L’INTERPRÉTA­TION AU SEIN DU GROUPE?

Oui. Je m’occupe des visuels. Je participe aux concepts artistique­s de l’album. Je travaille aussi beaucoup avec notre éclairagis­te. Je suis impliquée dans les shootings photo. J’aime également donner mon avis à la mise en scène…

AS-TU ÉCRIT LES PAROLES DE PLUSIEURS CHANSONS DE L’ALBUM?

Michael et moi écrivons les textes des chansons. J’avais écrit environ 50 % du disque précédent, War Eternal (paru en 2014). Le proces- sus créatif a été exactement le même pour Will To Power. Je peux dire que j’ai trouvé ma place depuis mon arrivée dans le groupe.

QU’EN EST-IL DE CE PROCESSUS?

La méthode de travail a été similaire pour les deux plus récents albums. Michael et moi avons écrit environ la moitié des textes chacun. Pour Will To Power, j’ai enregistré ma voix avec le même technicien sonore, au même endroit […] Nous avons utilisé trois différents studios pour la préparatio­n des musiques. Et quand le temps est venu d’enregistre­r les morceaux, nous sommes tous allés au studio de Daniel, en Suède.

QUELLE EST LA GRANDE DIFFÉRENCE, SELON TOI, ENTRE LA CRÉATION DE WAR ETERNAL ET CELLE DE WILL TO POWER?

Daniel s’est impliqué davantage dans la musique, cette fois. Nous sentons la différence. De mon côté, j’ai eu les démos beaucoup plus tôt cette fois-ci puisque je faisais partie du groupe depuis trois ans. J’ai donc été impliquée dès le début du processus créatif, contrairem­ent à War Eternal.

DISCUTEZ-VOUS DES THÈMES ET DES PAROLES DES CHANSONS MICHAEL ET TOI?

Oui, mais je fais plus ou moins ce que je veux. J’aime développer mes idées. J’ai écrit les pièces The Race, Murder Scene, First Day in Hell, My Shadow And I, A Fight I Must Win (avec Michael). Au sujet de la chanson My Shadow and I, j’ai appelé Michael un jour pour lui demander s’il avait une musique vraiment intense, heavy… J’étais de très mauvaise humeur; je voulais faire sortir ma frustratio­n, ma colère. Quelques minutes plus tard, j’avais un démo de musique dans mon email... Quant à The Race, il avait déjà une compositio­n et j’y ai ajouté les paroles.

RETROUVE-T-ON DES THÈMES PLUS PERSONNELS DANS CERTAINS DE TES TEXTES?

Je pense que Michael écrit des trucs plus « féminins » que moi! (Rires) C’est drôle à dire, mais les jolies chansons comme The Eagle Flies Alone proviennen­t souvent de lui.

DES SUJETS QUI T’INTERPELLE­NT EN TANT QUE FEMME?

The Race traite un peu de la place des femmes dans le monde. Le morceau First Day in Hell est inspiré d’une histoire très personnell­e. Même si je n’aborde pas directemen­t le thème du féminisme, je dois admettre que ça m’habite beaucoup. Même si je ne veux pas toujours penser à la place des femmes dans la société, des évènements me rappellent régulièrem­ent pour quelle raison j’y pense souvent…

EST-CE DIFFICILE DE FAIRE SA PLACE DANS UN MONDE EN GRANDE MAJORITÉ MASCULIN?

Je suis très chanceuse, car mes collègues d’arch Enemy ne sont pas des garçons, mais des hommes. (Rires) Pour eux, en plus, il n’y a rien de nouveau à avoir une femme dans le groupe. À l’interne, je ne suis jamais confrontée à des histoires de sexisme. Je dirais que les membres des autres groupes avec lesquels nous faisons de la tournée sont aussi assez respectueu­x et matures.

ET EN GÉNÉRAL?

Être dans l’oeil du public, c’est autre chose… Je suis exposée à plein de commentair­es et de jugements. Récemment, je me suis rendue compte que je n’ai pas été honnête à propos du sexisme durant plusieurs années. Ce n’est pas OK. Les femmes doivent conjuguer avec plusieurs problèmes sexistes. Je suis justement en réflexion par rapport à mon travail en tant que femme... Mais bon, j’adore ce que je fais.

AS-TU LE TEMPS D’ÉCRIRE POUR D’AUTRES PROJETS?

Je n’ai pas beaucoup de temps, mais quand tu aimes ce que tu fais… Je travaille sur un album solo qui sortira via Napalm Records. Le projet s’appelle simplement Alissa. Ce sera un album métal, mais plus simple que Arch Enemy. La sortie devrait être en 2018.

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Crédit photo : Courtoisie Century Media Records

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