LE PÈRE FOUETTARD
Toujours dans l’optique de combiner la clarté et l’obscurité en une seule et même célébration, la légende du bon Saint Nicolas, protecteur des enfants, s’est rapidement vue attribuée celle faisant intervenir son âme damnée : le père Fouettard. Vêtu d’une houppelande noire et de bottes tout aussi noires, ce sinistre personnage dissimulait ses cheveux hirsutes sous une capuche. Il se trimballait avec un martinet, une sorte de fouet composé de branches de noyer, et une grosse besace dans laquelle il emportait les enfants turbulents. On raconte que le père Fouettard était autrefois un boucher. Un soir, il ouvrit sa porte à trois enfants égarés et les égorgea promptement. Il les découpa en morceaux, qu’il mit au saloir. Sept ans plus tard, Saint Nicolas s’arrêta chez le boucher et demanda le gîte. L’hôte lui proposa plusieurs mets que le voyageur refusa systématiquement, insistant pour goûter de cette viande salée qu’il avait préparée sept ans plus tôt. Voyant son immonde secret éventé, le boucher prit ses jambes à son cou, tandis que Saint Nicolas ressuscitait les trois malheureux enfants. Le boucher fut finalement obligé de se soumettre au pouvoir du saint homme et contraint de l’accompagner dans sa tournée annuelle en guise de châtiment éternel.
Ce personnage folklorique ressemble à s’y méprendre au Belsnickel allemand ou au Lustukru français, qui, dans leurs moutures les plus sombres, emportaient les garnements dans leur sac au plus profond de la forêt où ils étaient châtiés et, pour la plupart, perdus à jamais…