LE LIVERE LE PLUS MYSTERIEUX DU MONDE
BIZARRE… VOUS AVEZ DIT « BIZARRE »?
De retour aux États-unis, le mystère s’épaissit. Tous les érudits confirment ce que Voynich suspectait depuis le début : le manuscrit est écrit dans un alphabet inconnu et les nombreux dessins qui l’agrémentent – les plantes, les systèmes solaires et les racines – ne correspondent pour la plupart à rien de connu.
Si Wilfrid Voynich l’a redécouvert à la Villa Mondragone, le manuscrit n’en est pas pour autant à sa première « sortie publique ». En consultant des archives, des chercheurs découvrent que ce singulier ouvrage a été mentionné dans plusieurs correspondances datant du 17e siècle. D’après ces échanges, le manuscrit aurait même appartenu à Rondolphe II, l’empereur du Saint-empire. Apparemment, tous ces correspondants se questionnaient sur sa véritable nature. Vers 1666, on perd de nouveau sa trace… jusqu’à ce que Voynich le retrouve à Frascati. Après la mort de Voynich, en 1930, le manuscrit passe de main en main, puis, en 1969, le dernier en lice, Hans P. Kraus, un autre marchand de livres, en fait don à la bibliothèque Beinecke de l’université Yale (Connecticut) où il est depuis conservé dans la collection des livres rares et manuscrits anciens (cote MS 408). Il est la pièce de résistance de toute la collection.
UN AUTEUR INSAISISSABLE
Depuis sa découverte par Wilfrid Voynich, le manuscrit a été étudié par les plus grands cryptographes du monde, mais sans succès. Même les experts des services du renseignement américain – ceux-là mêmes qui avaient réussi à briser les codes de la machine Enigma du IIIE Reich – s’y sont brisé les dents. La seule certitude acquise est que son auteur a visiblement respecté des règles d’orthographe et de syntaxe dans sa rédaction (même si l’alphabet est inconnu). L’ensemble du document laisse croire à un livre médicinal. Là s’arrête toute certitude. L’élaboration d’un codex comme le Manuscrit de Voynich tient du génie… ou de la démence. Qui a bien pu s’astreindre à un tel travail? Et pourquoi? Pourrait-il s’agir d’une simple imposture, comme le pensent plusieurs historiens? À moins qu’il ne s’agisse d’un recueil de recettes alchimiques que l’auteur voulait protéger à tout prix. Comment le savoir? Les experts en textes anciens ont longtemps pensé que les seuls érudits capables de réaliser un ouvrage semblable étaient Roger Bacon, un savant alchimiste du 8e siècle, et Léonard de Vinci, qui a vécu dans la seconde moitié du 15e siècle. Malheureusement, en 2011, une datation au carbone 14 – réalisée sur un échantillon de la couverture – prouve que le manuscrit a été réalisé entre 1404 et 1438, donc trop jeune pour avoir été fait par Roger Bacon et trop vieux pour être l’oeuvre de Léonard de Vinci.