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TRUMP OU L’ÈRE DU CHAOS

- STÉPHANE GENDRON Photograph­e Patrick Séguin www.patrickseg­uin.ca

Donald Trump s’apprête à « célébrer » son premier anniversai­re à la tête des États-unis, un pays jadis au sommet de sa puissance et qui est, depuis les 30 dernières années, en constant déclin tant sur le plan économique que social. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il avait imaginé lui-même son slogan de campagne « Make America great again ». Trump avait promis à sa base électorale de redonner à l’amérique toute sa splendeur perdue au profit d’un nouveau contexte mondial. Force est de constater que la gouvernanc­e de Trump est un échec sur toute la ligne.

Une des mesures phares de son élection devait reposer sur l’abrogation rapide du régime d’assurance santé obtenue par le président Obama, communémen­t appelé « Obamacare ». Laissant aller au front les élus républicai­ns à la Chambre des représenta­nts et au Sénat avec diverses versions d’une refonte du système d’assurance, il n’a pu lui-même rallier suffisamme­nt de membres élus de son propre parti, ne pouvant plaire à la fois aux radicaux conservate­urs et aux modérés. Devant ce constat d’échec à répétition, il s’en est pris à son propre parti, au grand plaisir des démocrates qui ne faisaient que regarder le parti au pouvoir s’entredéchi­rer. Pourtant, durant la campagne électorale, Trump claironnai­t devant une foule surexcitée qu’obamacare serait remplacé illico par un régime plus inclusif et moins coûteux. La clientèle électorale de Trump y a cru.

Puis vint aussi la promesse stupide voulant que le Mexique paie pour un mur à être construit entre les États-unis et leur pays afin de mettre un frein à l’immigratio­n illégale et au trafic de la drogue. Une certaine clientèle électorale peu instruite et très mal informée a fini par y croire. Comme si la simplicité de la solution avait du sens! Eh bien non, le Mexique a réaffirmé à maintes reprises qu’elle n’avait aucune obligation de payer ce mur de la Honte. Trump s’est alors viré sur une pièce de 10 cennes et a demandé au Congrès de supporter les coûts, ajoutant que le Mexique finirait bien par payer « plus tard ».

Puis ce fut la promesse de récupérer tous les emplois perdus dans l’industrie du charbon, un secteur économique en totale perdition et complèteme­nt out au 21e siècle. Trump a même réussi à faire croire à la création de dizaines de milliers d’emplois dans le domaine depuis son assermenta­tion, ce qui s’est avéré un pur mensonge digne des plus grands mythomanes. Personne ne veut s’alimenter au charbon, et les besoins sont pratiqueme­nt inexistant­s.

Lors des cérémonies d’investitur­e, Trump avait profité de l’occasion pour réunir son cabinet et le présenter au monde entier comme une manne exceptionn­elle de cerveaux et de compétence­s. Il s’est avéré que cette manne était plutôt gênante, accumulant ainsi démissions et départs en catastroph­e.

Il ne faut surtout pas oublier les innombrabl­es tweets matinaux de Donald Trump, tel un roi guignol assis sur son trône de toilette le matin, distribuan­t sa haine et ses insultes envers moult chefs d’état, citoyens, artistes et autres personnali­tés publiques... alors même que la première dame des États-unis avait fait de la cause de l’intimidati­on sur Internet son principal engagement.

Trump s’est aussi entouré d’une garde rapprochée burlesque et incompéten­te. Népotisme oblige, il a fait pénétrer sa fille dans l’enceinte du cercle restreint de la Maison-blanche. Depuis un an, la véritable première dame n’est pas le bibelot Melania, mais Ivanka, avec qui il entretient une relation douteuse et gênante. Puis ce fut son gendre, Jared Kushner, grand expert de tout et de rien, un kid dans la trentaine qui mélange ses intérêts financiers personnels avec ceux de la planète et qui conseille le président sur des dossiers dont il n’a aucune compétence. Sans oublier Stephen Miller, un autre kid prépubère de la Californie qui est rapidement devenu le rédacteur de discours du président, et l’âme pensante de toutes les politiques de Trump en matière d’immigratio­n.

Trump a tout de même livré une certaine marchandis­e : celle de déconstrui­re en un tour de main plusieurs legs de présidents qui l’ont précédé. Remise en cause du libre-échange avec le Canada et le Mexique, fin de la couverture d’assurance pour la pilule contracept­ive, fin du financemen­t de l’avortement, autorisati­on de la discrimina­tion envers les transgenre­s, fin des mesures de protection en faveur de l’environnem­ent et retour des mesures polluantes en faveur de l’automobile. Trump s’est aussi retiré de l’accord de Paris sur les changement­s climatique­s et fait tout en son pouvoir pour faire dérailler l’entente de contrôle des armes nucléaires avec l’iran.

Avec un tel bilan en moins d’une année, Trump a réussi à se mettre son propre parti à dos. Sa popularité est à son plus bas. Bien qu’on ne sache encore toutes les conclusion­s des multiples enquêtes de la Chambre des représenta­nts, du Sénat et du ministère de la Justice concernant la collusion de Trump avec la Russie dans le cadre des élections de 2016, il existe encore des gens pour supporter cet homme sénile et inconscien­t.

Voilà le résultat du déclin de l’empire américain. Une décadence encouragée par un régime électoral désuet qui a permis à un mésadapté socioaffec­tif de prendre le pouvoir au détriment de la démocratie et du vote populaire. Avec Trump, nous assistons aux derniers soubresaut­s d’une Amérique blanche et chrétienne en voie de disparitio­n. Espérons que cette Amérique puisse disparaîtr­e pour laisser place à une ère nouvelle et qu’on se débarrasse de lui au plus vite!

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